Le Sénat conditionne les aides pour favoriser des data centers moins polluants
Dans le cadre de l’examen du budget, les sénateurs ont conditionné les aides en faveur des data centers à des pratiques moins consommatrices en eau, ou à la valorisation de la chaleur produite.

Le Sénat conditionne les aides pour favoriser des data centers moins polluants

Dans le cadre de l’examen du budget, les sénateurs ont conditionné les aides en faveur des data centers à des pratiques moins consommatrices en eau, ou à la valorisation de la chaleur produite.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Des data centers un peu plus verts. Dans le cadre de l’examen du budget 2021, les sénateurs ont adopté un amendement du rapporteur LR Jean-François Husson et de la centriste Anne-Catherine Loisier visant à mettre en place « une écoconditionnalité effective » pour « l’incitation fiscale à l’implantation de data centers en France ». A l’Assemblée, les députés avaient déjà adopté en novembre un amendement imposant des conditions pour bénéficier du tarif réduit sur la taxe sur la consommation d’électricité, principe voté en 2019.

« Les data centers sont émetteurs de 2 % des émissions de CO2 à l’échelle de la planète »

Mais pour la majorité sénatoriale, ces conditions ne vont pas assez loin. Les sénateurs veulent les renforcer. Soit les data centers devront comporter « un système de valorisation de la chaleur fatale », celle produite par les centres, soit limiter leur niveau de PUE (Power Usage Effectiveness), c’est-à-dire l’efficacité énergétique. Si le niveau de PUE est élevé, il entraîne « le recours à des systèmes de refroidissement utilisant des millions de litres d’eau potable, polluant cette dernière définitivement », souligne Anne-Catherine Loisier. L’amendement prévoit donc un critère de limitation de l’utilisation des ressources en eau.

« Les data centers sont énormément consommateurs d’énergie, sont émetteurs de 2 % des émissions de CO2 à l’échelle de la planète. Ce n’est pas une petite affaire » rappelle Jean-François Husson. Il ajoute :

On touche là un sujet très important en termes d’empreinte carbone.

Avis cependant défavorable sur l’amendement de la part de la secrétaire d’Etat à l’Economie solidaire, Olivia Grégoire. Selon la membre du gouvernement, le dispositif voté par les députés « est le fruit d’un équilibre entre la transition écologique et ses impératifs, et la défense de notre attractivité et, in fine, la préservation de son indépendance numérique ». « Nos amendements ne sont pas contraires à l’attractivité de la France » répond Anne-Catherine Loisier, qui y voit plutôt « une incitation, du gagnant-gagnant ». « Je me demande où est la priorité, à la vue des réponses du gouvernement » s’étonne la sénatrice PS Angèle Préville, « nous devons être proactifs pour l’écologie. C’est partout et tout le temps ». Les sénateurs connaissent le sujet pour avoir déjà planché sur l’empreinte carbone du numérique, lors d’une mission d’information (lire ici).

Mesure pour lutter contre l’artificialisation des sols et défendre la biodiversité

Toujours sur le plan environnemental, les sénateurs ont adopté plus tôt dans la journée, contre l’avis du rapporteur et du gouvernement, trois amendements identiques LR (Guillaume Chevrolier), du groupe écologiste (Joël Labbé) et PS (Angèle Préville) qui visent à supprimer l’abattement de 50 % de la taxe d’aménagement dont bénéficient les locaux à usage industriel, les entrepôts ou hangars. Une manière de lutter contre l’artificialisation des sols et ainsi défendre la biodiversité.

« Aujourd’hui, cet abattement profite surtout à la grande distribution, aux entrepôts, aux surfaces logistiques » souligne Jérôme Chevrolier, qui entend aussi, par cet amendement, « rééquilibrer les choses au profit du petit commerce ». Il ajoute que cet abattement se fait au détriment du financement de la biodiversité, déjà « sous financée actuellement ».

« Plus ça va et moins ça va dans la politique du en même temps. On ne peut pas préserver la biodiversité et continuer un développement économique à tous crins » dénonce l’écologiste Joël Labbé. « Nous connaissons une baisse drastique en espèces et en nombre de la biodiversité, et nous n’avons pas vraiment commencé à endiguer ce phénomène. L’artificialisation des sols et une des grandes causes de ce recul en France » alerte la socialiste Angèle Préville, qui appelle au « courage pour vraiment changer les choses, faire des efforts », alors qu’il ne s’agit, au final, que d’« une petite mesure… »

Partager cet article

Dans la même thématique

Le Sénat conditionne les aides pour favoriser des data centers moins polluants
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Le Sénat conditionne les aides pour favoriser des data centers moins polluants
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le