Abstention record aux dernières élections, fiasco de l’organisation du premier tour des municipales, et épidémie de coronavirus qui n’en finit pas… Autant de raisons qui poussent les sénateurs à esquisser l’idée de réintroduire en France le vote par correspondance. Ce mardi 18 novembre, la commission des lois du Palais du Luxembourg annonce dans un communiqué la création d’une mission d’information pour « évaluer la faisabilité du vote par correspondance ».
Objectif : « S’interroger sur les conditions matérielles d’organisation du vote par correspondance, afin de déterminer dans quelle mesure le secret du vote et la sincérité du scrutin peuvent être pleinement assurés : vérification de l’identité des électeurs, acheminement et suivi des plis jusqu’au bureau de vote, organisation du dépouillement, coûts engendrés, etc. »
Pour ce faire, la mission auditionnera « les services ministériels et des universitaires, ainsi que des acteurs de terrain, à commencer par les opérateurs du service postal. Elle examinera également le fonctionnement du vote par correspondance dans les pays étrangers comme les États-Unis, l’Allemagne ou la Suisse. » Ce dispositif n’existe plus dans l’Hexagone depuis une loi de 1975 visant à lutter contre la fraude électorale, mais joue un rôle prépondérant outre-Atlantique, comme en témoigne la dernière présidentielle américaine.
Neuf sénateurs représentants l’ensemble des groupes politiques du Sénat composeront cette mission, dont le rapporteur sera François-Noël Buffet (Les Républicains), actuel président de la commission des lois. « La gravité de la crise sanitaire nous oblige à examiner toutes les mesures permettant à chaque citoyen de voter en sécurité, tout en assurant la sincérité du vote », écrit-il. La mission d’information doit rendre ses conclusions « avant la fin de l’année 2020 ».
Ces dernières semaines, les initiatives autour du vote par correspondance se sont multipliées au Sénat. Le sénateur socialiste, Éric Kerrouche s’apprêtait la semaine dernière à déposer une nouvelle proposition de loi visant à introduire la possibilité d’un vote par correspondance pour les prochaines élections départementales et régionales. Le sénateur LREM, Xavier Iacovelli a fait de même il y a deux semaines. Le mois dernier, lors de l’examen du projet de loi sur la prorogation de l’état d’urgence sanitaire, un amendement d’Éric Kerrouche en faveur du vote par voie postale avait été adopté avec le soutien du rapporteur LR Philippe Bas. Déjà entre les deux tours des municipales, une proposition de loi d’Éric Kerrouche avait été déposée, sans succès. Le gouvernement avait alors préféré la possibilité du double vote par procuration.