« Navigation à vue », « précipitation », « génération d’élèves cobayes »… Le rapport du Sénat sur le bilan du quinquennat en matière d’éducation n’est pas tendre avec le ministre Jean-Michel Blanquer. Présenté mercredi, ce document d’une centaine de pages passe au crible les différentes réformes conduites par le locataire de la rue de Grenelle, notamment l’abaissement de la scolarisation à 3 ans, le développement de l’école inclusive, le dédoublement des classes de la grande section au CE1, ou encore la réforme du lycée et du baccalauréat, pour pointer des « résultats en demi-teinte », selon le mot du rapporteur LR Max Brisson. « Je conteste beaucoup ce rapport », a réagi Jean-Michel Blanquer vendredi.
Le ministre était invité d’« Extra Local » sur Public Sénat, il a dénoncé « un rapport très politique, réalisé par certains sénateurs… », en l’occurrence - outre le LR Max Brisson - les centristes Laurent Lafon et Annick Billon, et la socialiste Marie-Pierre Monier, tous membres de la commission sénatoriale de la culture, de l’éducation et de la communication. Selon le ministre, ce rapport arrive inopinément en fin de quinquennat, en pleine campagne électorale, « alors que les relations avec le Sénat ont été assez bonnes pendant ces cinq années et que l’on a fait des choses constructives, comme le statut de directeur d’école », estime Jean-Michel Blanquer. « J’ai été surpris de voir arriver ce rapport un peu à la dernière minute, sur lequel beaucoup de points sont contestables, mais qui salue aussi certaines évolutions, par exemple sur l’école inclusive », souligne le ministre.
« Au bout de cinq ans, je suis là »
« Personne ne peut affirmer que l’on peut arriver à plaire à tout le monde dès lors que l’on fait des réformes profondes », explique celui qui détient désormais le record de longévité au portefeuille de l’Education nationale sous la Cinquième République. « Quand je suis arrivé, et que l’on a vu que j’avais une volonté réformatrice, les questions qui se posaient étaient : va-t-il rester longtemps ? Aura-t-il le courage de ses réformes ? », se rappelle Jean-Michel Blanquer.
« J’ai fait les deux. Au bout de cinq ans, je suis là », se félicite cet ancien maître de conférences en droit public. « Ça n’a pas été facile, il a fallu traverser deux crises sociales avec les Gilets Jaunes et la réforme des retraites, une crise sanitaire et maintenant une situation de guerre [avec la crise ukrainienne] », énumère Jean-Michel Blanquer. « Nous avons creusé des sillons et j’ai été tout à fait fidèle aux priorités qui ont été fixées dès le début du quinquennat », en l’occurrence la priorité sur les savoirs fondamentaux, lire, écrire et compter, et le dédoublement des classes en début de scolarité « pour 350 000 élèves par an, ce qui est désormais une réalité ». Et de conclure, pour balayer les critiques de ses détracteurs : « J’assume une part de difficultés et d’impopularité. C’est inévitable. »