Le Sénat s’oppose au gouvernement sur le secret des algorithmes

Le Sénat s’oppose au gouvernement sur le secret des algorithmes

Dans le cadre du projet de loi sur la protection des données personnelles, le Sénat se livre à un véritable bras de fer avec le gouvernement. En effet, les parlementaires de tous bords ont déposé une série d’amendements visant à rendre public les algorithmes utilisés, voir à provoquer la nullité de la décision administrative en guise de sanction.
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Calcul de l’Impôt ou des allocations familiales, gestions des dossiers Pôle emploi, ou plus évidemment orientation post-bac avec Parcoursup, les algorithmes sont aujourd’hui présents dans tous les aspects de la vie publique et de la relation entre l’administration et le citoyen. En ce sens, le Sénat souhaite renforcer la transparence relative à leur utilisation. Une position que le gouvernement est loin de partager.

Un risque de nullité de la décision

Comme relevé par le site spécialisé Next Impact, la commission des lois du Sénat a adopté, mercredi 14 mars, un amendement en forme d’avertissement au gouvernement. En vertu de la loi numérique de 2016, les administrations doivent faire mention explicite de l’utilisation d’un algorithme dans une décision les concernant. Problème, de nombreuses administrations ne sont pas en conformité et la mention en question reste introuvable.

Avec cet amendement déposé par la rapporteure UDI du texte, Sophie Joissains, et adopté en commission, le Sénat entend rendre nulle toute décision prise par une administration qui n’aurait pas affiché la fameuse mention explicite. Rien de moins ! En outre, il s’agit aussi de laisser l’opportunité au citoyen de faire la demande des caractéristiques de l’algorithme mis en oeuvre.

Une mesure disproportionnée pour le gouvernement

Sans surprise, le gouvernement n’est pas de l’avis du Sénat. En déposant un amendement de suppression, l'exécutif entend dénoncer une mesure disproportionnée « Si le gouvernement partage pleinement l’objectif du Sénat, il n’est pas favorable à ce que l’absence de mention dans la décision conduise immédiatement à la nullité de cette dernière, ce qui serait disproportionné. »

En outre, preuve que le sujet est transpartisan, les sénateurs socialistes ont eux aussi déposé un amendement, qui sera examiné en séance, visant à rendre consultable à tout moment l’ensemble des algorithmes, et non  plus uniquement sur demande.

Parcoursup : le Sénat demande la levée du secret des algorithmes
00:58

Le cas de Parcoursup

Autre aspect visé par cet amendement de Sophie Joissains, la plateforme d’orientation Parcoursup. En effet, la sénatrice dénonce une plateforme publique faisant figure d’exception, avec une grande opacité sur les critères de sélections qui font loi dans l’orientation des lycéens. « Le problème avec Parcoursup, c’est que sous couvert de secret des délibérations, les étudiants ne pourront avoir accès aux critères qui ont permis de déterminer s’ils pouvaient rentrer dans tel ou tel établissement supérieur. Nous, nous disons que les étudiants ont besoin de transparence. Il y a en outre une vertu pédagogique à connaître les raisons d’un refus. »

Le secrétaire d’État au numérique, Mounir Mahjoubi, lui, se défend de tout manque de transparence sur le fonctionnement de Parcoursup : « Sur les algorithmes, il a toujours été dit qu’il y aurait une transparence. Par  contre, il y a une décision qui est faite à partir des recommandations de l’algorithme et d’un jury souverain, et la règle absolue, c’est la souveraineté des décisions de jury. Parcoursup ce n’est pas que des algorithmes, ce sont aussi des humains, qui vont prendre des décisions. »


 

Mounir Mahjoubi « Parcoursup ce n’est pas que des algorithmes, ce sont aussi des humains, qui vont prendre des décisions.
00:50

Dans la même thématique

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le