Le Sénat taxe les géants du numérique

Le Sénat taxe les géants du numérique

Le Sénat a adopté un amendement pour taxer plus facilement les géants du numérique et lutter contre l’optimisation fiscale des multinationales.
Alexandre Poussart

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

« Il y a longtemps que je ne suis plus révolutionnaire (...) mais est-il juste que certaines personnes échappent à l’impôt ? Non, évidemment », s’est indigné Roger Karoutchi, sénateur (Les Républicains) des Hauts-de-Seine, lundi 11 décembre durant l’examen du budget 2018. Les sénateurs, de gauche comme de droite, ont adopté un amendement qui permet de taxer plus facilement les grandes multinationales et notamment les géants du numérique, baptisés GAFA pour Google, Amazon, Facebook et Apple.

L’échec du redressement fiscal de Google en France

Cet amendement a été voté alors que multinationales du Net sont pointées du doigt pour ne pas déclarer leurs profits réalisés dans certains pays européens, comme la France. Le fisc français avait ainsi effectué un redressement fiscal d’1,115 milliard d’euros auprès de la société Google, qui réalise des bénéfices en France mais qui enregistre la majorité de ses revenus en Irlande ou est basé son siège. Cependant, en juillet dernier, le tribunal administratif a annulé ce redressement fiscal.

La notion d’établissement stable au coeur de la bataille

Selon le tribunal administratif, les activités de Google en France dépendent de sa société irlandaise et pas d’un établissement stable en France. Un établissement stable dans un pays (en l'occurrence en France) est une société qui dispose d'une autonomie juridique face à une société sœur basée dans un pays étranger (en Irlande).  

Les sénateurs ont souhaité élargir la définition de l’établissement stable en prenant comme critère le chiffre d’affaires. Toute société, même si elle est basée légalement à l’étranger, sera taxée sur son chiffre d’affaires réalisé en France, s’il est supérieur à 10 millions d’euros.

L’exemple britannique

Le Sénat français taxe les géants du numérique, comme en Grande-Bretagne
00:52

Les sénateurs français ont souhaité suivre l’exemple britannique. La Grande-Bretagne a mis en place en 2015 une « taxe abus » qui est une taxation d’office d’une société, à partir d’un certain niveau de chiffre d’affaires réalisé sur le territoire britannique, sans avoir une implantation stable en Grande-Bretagne. « Le critère retenu est celui choisi par la loi britannique de finances pour 2015, afin d’entamer une convergence juridique entre plusieurs pays de l’OCDE », a précisé Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice (PS), l’une des auteurs de l’amendement.  

Une solution au niveau européen

L’enjeu de cette lutte contre l’optimisation fiscale se situe en effet au niveau européen. En octobre dernier, la Commission européenne a traduit en justice l’Etat irlandais pour qu’il récupère 13 milliards d’euros auprès d’Apple pour avantage fiscal illégal.

En septembre, lors du sommet de Tallinn en Estonie, Bruno Le Maire, ministre français de l’Economie s’est mis d’accord avec l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne sur l’idée de taxer les géants du numérique sur leur activité réelle. Il reste encore à convaincre les 23 autres membres de l’Union européenne pour harmoniser la fiscalité européenne.  

Dans la même thématique

France Britain Brexit
4min

Politique

Gouvernement : Michel Barnier engage « la consultation de la dernière chance »

Après avoir reçu ce matin les présidents des Assemblées, Yaël Braun Pivet et Gérard Larcher, puis les présidents de groupes LR, Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, le premier ministre réunit à 15 heures les autres formations consultées en vue de la « formation rapide » d’un gouvernement. Mais la prudence est de mise. Alors qu’Emmanuel Macron a refusé une première ébauche, cette fois, ce sera « à prendre ou à laisser », soutient-on chez les LR.

Le

Le Sénat taxe les géants du numérique
4min

Politique

Budget : « La pression fiscale pourrait être un peu plus équitablement répartie », estime Jean-Noël Barrot

Ce jeudi, Jean-Noël Barrot, ministre délégué démissionnaire chargé de l’Europe et vice-président du MoDem était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il a notamment évoqué les rumeurs d’une augmentation des impôts dans le projet de loi de finances pour 2025, ainsi que de la non-transmission de documents budgétaires par le gouvernement au Parlement.

Le

Paris : Handover Ceremony for new Prime Minister Attal and Barnier
9min

Politique

Composition du gouvernement : la tension avec les macronistes peut-elle conduire à « l’échec » de Michel Barnier ?

La composition du gouvernement de Michel Barnier se fait attendre et la question d’une éventuelle hausse d’impôt, comme le casting, cristallisent les tensions. Le premier ministre a annulé au dernier moment une rencontre avec Gabriel Attal. Au sein de Renaissance, on met en garde Michel Barnier sur la tentation d’une politique trop éloignée du bloc central.

Le

Paris : Handover Ceremony for new Prime Minister Attal and Barnier
3min

Politique

Michel Barnier alerte sur la situation budgétaire « très grave » et reporte sa réunion avec Gabriel Attal

Michel Barnier juge la situation budgétaire « très grave » et demande « les éléments pour en apprécier l’exacte réalité », déclare le premier ministre. Quelques minutes avant, Matignon annonçait qu’une réunion avec Gabriel Attal était « décalée ». La cause officieuse : Gabriel Attal aurait imposé « une délégation de huit personnes », dont Elisabeth Borne et Gérald Darmanin, alors que la « règle » est de venir à trois maximum. « Sur les modalités, ils nous ont mis un peu devant le fait accompli », grince l’entourage de Michel Barnier

Le