Le sénateur Guillaume Gontard saisit Jean Castex sur le projet d’une église intégriste en Isère

Le sénateur Guillaume Gontard saisit Jean Castex sur le projet d’une église intégriste en Isère

Le président du groupe écologiste au Sénat apporte son soutien à un maire de l’agglomération grenobloise, qui bataille contre le projet de construction controversé d’une église porté par la Fraternité Saint Pie X, une organisation traditionaliste proche de l’extrême droite.
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Quelques semaines à peine ont passé depuis la polémique du projet d’école privée musulmane à Albertville (Savoie), portée par une organisation turque. Voilà qu’un autre dossier confessionnel dans les Alpes prend de l’ampleur. A Meylan, dans la périphérie de Grenoble (Isère), un maire tente de s’opposer au projet de construction d’une église intégriste. Dans cette commune de 17 000 habitants, la Fraternité sacerdotale Saint Pie X, une congrégation catholique traditionaliste, souhaite s’étendre à côté de son école hors contrat et édifier un lieu de culte pouvant accueillir 300 personnes.

Le maire (divers gauche) Philippe Cardin redoute cette implantation, qui provoquerait selon lui des rassemblements susceptibles d’exacerber les tensions, voire des « violences ». L’édile affirme que la congrégation est liée à l’extrême droite, notamment à travers le mouvement Civitas. Il lui reproche notamment l’organisation, il y a trois ans, d’une conférence « Les droits de l’Homme. Pourquoi et comment les combattre ? », où avait été lancé un appel aux dons pour l’église. Une association de gauche, proche du maire actuel, avait déposé en 2008 un recours contre le permis de construire, signé sous la mandature précédente. Le tribunal administratif l’a débouté en avril, ne voyant rien à redire sur le plan des règles d’urbanisme.

« Ils se positionnent contre la laïcité, contre la République », s’inquiète Guillaume Gontard

Parallèlement, le maire de la ville a fait part de ses inquiétudes auprès de la préfecture et du ministère de l’Intérieur, sans succès. L’élu local se tourne désormais vers les parlementaires de son département. L’un d’entre eux, le sénateur Guillaume Gontard, lui a fait part de son soutien. Le président du groupe écologiste a alerté Jean Castex, dans un courrier adressé le 3 mai. « Il est difficile de croire qu’un projet réunissant un lieu de culte, une école hors contrat et potentiellement un lieu de formation politique puisse voir le jour dans un cadre légal », a notamment fait remarquer le sénateur, qui appelle le chef du gouvernement à la « vigilance » sur ce projet de 650 mètres carrés. Selon le sénateur, Civitas « assure l’interface » entre la Fraternité Saint Pie X et les « mouvances néofascistes, nationalistes et plus largement les droites identitaires anti-avortement, anti-mariage pour tous et anti-immigrés ».

« Ils se positionnent contre la laïcité, contre la République. Il est nécessaire de faire une enquête un peu poussée […] Ce n’est pas qu’une église, c’est aussi une école, on voit bien que c’est un lieu qui va servir à proférer des idées nauséabondes », s’exclame Guillaume Gontard. Il regrette que la préfecture n’ait pas pris au sérieux ce maire et s’étonne surtout de l’absence du gouvernement. Ce silence passe d’autant moins pour le sénateur que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était montré réactif sur l’affaire du projet d’école musulmane à Albertville.

Les débats sur le projet de loi contre les séparatismes en toile de fond

Lors de la discussion sur le projet de loi « confortant le respect des principes de la République et de lutte contre le séparatisme », il avait fait adopter par le Sénat un amendement qui donnera la possibilité à la préfecture de s’opposer à ce type de projet caractérisé par une « ingérence étrangère » (relire notre article). « Quel que soit le type de culte, si on sort des clous, qu’on n’est plus dans l’esprit de la République, on doit s’en préoccuper », exige le sénateur Guillaume Gontard.

Le projet de loi, dont l’examen s’est achevé au Sénat le mois dernier, fait toujours l’objet d’une navette parlementaire. Une commission mixte paritaire, entre députés et sénateurs, doit se réunir prochainement pour examiner les différences entre les deux assemblées. Pour le sénateur Guillaume Gontard, l’attitude de l’Etat sur l’église de Meylan contredit les ambitions du gouvernement dans ce texte, où il était question selon lui de mieux encadrer les maires qui feraient preuve de « carence républicaine ». « On ne peut pas laisser le maire d’une commune tout seul face à ce type de projet », s’étonne le sénateur.

Pendant les débats au Sénat sur le projet de loi, Gérald Darmanin avait d’ailleurs confié qu’il souhaitait initialement déposséder les maires de l’attribution des permis de construire sur les lieux cultuels, au profit des préfets. Après un dialogue avec l’Association des maires de France (AMF), le ministre s’était finalement rétracté au nom de la règle de la libre administration des collectivités. Le Sénat, où un projet d’amendement similaire avait aussi germé, a introduit par amendement le principe d’un simple avis du préfet, avant la délivrance du permis par le maire.

D’ici à ce que les débats parlementaires fassent éventuellement écho à ce projet controversé d’église, Guillaume Gontard affirme que la mobilisation en faveur du maire de Meylan grossit. « Depuis que j’ai fait ce courrier, beaucoup de maires disent vouloir signer une motion pour soutenir ce maire », affirme-t-il, ajoutant que des députés La République en marche de l’Isère ont également alerté le ministère de l’Intérieur. « Je suis étonné qu’il faille autant de mobilisation et de temps pour qu’un maire puisse être entendu et accompagné sur un sujet aussi important », a-t-il d’ailleurs fait remarquer dans sa missive transmise à Matignon.

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