C’est une page qui se tourne pour Jean-Noël Guérini, Marseille et le Parti socialiste.
Des dizaines de perquisitions, des centaines d’heures d’écoutes téléphoniques, 31 gardes à vue, 99 interrogatoires, 58 tomes, 40 000 pages… au terme d’une procédure gigantesque de 12 ans, entre la France, la Suisse et le Luxembourg, l’actuel sénateur des Bouches-du-Rhône qui siège au groupe RDSE, et ancien président socialiste du département, vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de la cité phocéenne à trois ans d’emprisonnement, dont 18 mois ferme.
Jean-Noël Guérini écope également d’une amende de 30 000 euros et de cinq ans de privation des droits civiques et civils, ce qui l’obligera en conséquence à quitter ses fonctions de sénateur et de conseiller départemental, s’il décidait de ne pas faire appel de cette décision.
Une détention à domicile
Une peine qu’il effectuera « en détention à domicile sous forme de surveillance électronique », contrairement à son frère cadet Alexandre, condamné pour sa part à six ans de prison ferme avec un mandat de dépôt à exécution différée, c’est-à-dire qu’il se présentera lui-même à la prison où il sera détenu dans les prochaines semaines.
Sept autres prévenus sont condamnés également dans cette vaste affaire de marchés publics présumés truqués, mais pas Philippe Rapezzi, collaborateur d’Alexandre Guérini qui est relaxé.
« J’ai toujours séparé les intérêts privés de mon frère et l’intérêt général »
La justice reprochait notamment à Jean-Noël Guérini d’avoir préempté un terrain à La Ciotat sous le prétexte d’y sauvegarder une plante rare, le liseron duveteux, puis de l’avoir revendu à la communauté d’agglomération Garlaban Huveaune Sainte-Baume (GHB) pour favoriser son frère, entrepreneur dans la gestion des déchets, qui en avait besoin pour l’extension d’une décharge.
« J’ai toujours séparé les intérêts privés de mon frère et l’intérêt général, je n’ai jamais mélangé les genres », avait soutenu l’ex patron du conseil général marseillais lors de cette première semaine de procès.
« Ils ont fait du clientélisme un mode de gouvernance » avait quant à lui fustigé le procureur en dénonçant « la communauté d’intérêts » des frères Guérini destinée à « servir les intérêts politiques » de l’un et à « engranger des profits considérables » pour l’autre.
Le Parti socialiste ébranlé
Dès 2011, l’affaire avait fait trembler la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône, que Jean-Noël Guérini dirigeait à l’époque en tant que premier secrétaire. Sous la pression de son parti au niveau national, l’ex-homme fort du département avait fini par rendre sa carte en 2014, et fondé son propre mouvement politique, la Force du 13.