Le sénateur Jean-Noël Guérini (ex-PS) sera jugé pour « prise illégale d’intérêts »
Ancien homme fort du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, le sénateur Jean-Noël Guérini, est renvoyé après dix ans d'enquête...

Le sénateur Jean-Noël Guérini (ex-PS) sera jugé pour « prise illégale d’intérêts »

Ancien homme fort du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, le sénateur Jean-Noël Guérini, est renvoyé après dix ans d'enquête...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Ancien homme fort du Parti socialiste des Bouches-du-Rhône, le sénateur Jean-Noël Guérini, est renvoyé après dix ans d'enquête devant le tribunal correctionnel pour "prise illégale d’intérêts" concernant l'exploitation d'une décharge par son frère.

Dans cette affaire tentaculaire, il est reproché à l’ancien président du Conseil général des Bouches-du-Rhône et à onze autres prévenus "un dévoiement généralisé de la chose publique au service d'intérêts économiques privés", écrit le juge d'instruction dans son ordonnance consultée lundi par l'AFP.

Jean-Noël Guérini (ex-PS), dont les avocats avaient sollicité un non-lieu total, devra s’expliquer pour son vote, en juin 2006 en commission permanente, autorisant la cession d’un terrain situé sur la commune de La Ciotat (est de Marseille) à la communauté d'agglomération "alors qu’il savait que cette cession allait profiter à son frère Alexandre Guérini", selon l'ordonnance.

Ce dernier dirigeait la société, SMA Environnement, attributaire d'un marché public portant sur l’aménagement et l'exploitation de ce terrain utilisé comme centre d'enfouissement des déchets ménagers.

Les autres personnes - parmi lesquelles le frère de l’élu Alexandre Guérini – et une entreprise dirigée par ce dernier seront également jugées dans cette affaire qui mêle des soupçons de trafic d’influence, d’infractions sur les marchés publics, d’abus de confiance et d’abus de biens sociaux.

Le magistrat a prononcé un non-lieu pour les trois autres infractions pour lesquelles Jean-Noël Guérini avait été mis en examen, notamment la participation à une association de malfaiteurs, conformément aux réquisitions du parquet.

Outre le "dévoiement généralisé de la chose publique" reproché aux 12 prévenus, le juge Fabrice Naudé qui a bouclé cette instruction le 17 janvier, souligne "une confusion permanente dans la définition des priorités devant présider au fonctionnement des collectivités publiques et des entreprises privées".

Cette affaire, qui avait provoqué un séisme au sein du paysage politique marseillais, a concerné une trentaine de volets distincts dont bon nombre n'avaient pas abouti à des mises en cause.

- Nombreux non-lieux -

Sur les vingt-cinq personnes physiques initialement mises en examen, quatorze bénéficient d’un non-lieu tout comme la société Vebolia Propreté --en tant que personne morale-- qui avait été mise en examen pour recel de trafic d’influence.

Au total, note le juge Naudé, "ce sont 99 interrogatoires et dix confrontations qui ont été conduits", dont une trentaine concernant Alexandre Guérini, personnage central du dossier. Quelque 13 millions d’euros ont été saisis sur des comptes en France, au Luxembourg et en Suisse.

Le juge a signé un non-lieu général concernant l’infraction de participation à une association de malfaiteurs.

Aucun fait matériel préparatoire n’a pu être identifié, indique-t-il.

Il précise cependant que "des comportements ou des méthodes présentant les caractéristiques de procédés de type mafieux (...) ont pu être ponctuellement mis en évidence, qu’il s'agisse du recours à des actes de soumission, d’intimidation, voire à une forme d’omerta, aux fins d’acquérir directement ou indirectement la gestion ou le contrôle d’activités économiques ou de marchés publics, de réaliser des profits indus ou encore de fausser le jeu d’élections en s’assurant des votes futurs".

Près de onze ans après la mise en examen de M. Guérini, un procès pourrait se tenir en fin d’année.

"Après avoir subi dix ans d'instruction, la levée de son immunité parlementaire, le discrédit politique et social par une mise en examen pour association de malfaiteurs (...) il est renvoyé simplement pour avoir présidé une assemblée dans le cadre de ses fonctions de président du Conseil général. A certains égards, c'est inquiétant pour le fonctionnement de l'institution judiciaire", a réagi l'un de ses avocats Dominique Mattéi auprès de l'AFP.

M. Guérini, qui a perdu la présidence du conseil départemental en 2015 après la victoire de la droite, s'était mis en retrait du PS après ses ennuis judiciaires et avait devancé son exclusion en avril 2014 en démissionnant du parti pour fonder son mouvement politique, "la force du 13". Il siège au Sénat au sein du Rassemblement démocratique et social européen.

Sollicité par l'AFP, il n'a pas souhaité réagir.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Le sénateur Jean-Noël Guérini (ex-PS) sera jugé pour « prise illégale d’intérêts »
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le