Le sénateur Olivier Henno plaide pour une transmission obligatoire du rapport du Giec aux élus locaux
Le sénateur centriste Olivier Henno a déposé une proposition de loi pour systématiser la distribution auprès des élus locaux d’un résumé des travaux des scientifiques internationaux sur le réchauffement climatique.

Le sénateur Olivier Henno plaide pour une transmission obligatoire du rapport du Giec aux élus locaux

Le sénateur centriste Olivier Henno a déposé une proposition de loi pour systématiser la distribution auprès des élus locaux d’un résumé des travaux des scientifiques internationaux sur le réchauffement climatique.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le rapport du groupe II du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, sur les conséquences du réchauffement climatique est passé au second plan. Publié le 28 février, cette nouvelle publication scientifique a été éclipsée par la guerre en Ukraine, qui a éclaté quatre jours plus tôt. « Il ne faudrait pas que la lutte contre le réchauffement climatique soit une victime collatérale », s’est inquiété ce 16 mars le sénateur (Union centriste) Olivier Henno.

Le sénateur du Nord a déposé le 6 décembre une proposition de loi pour améliorer la sensibilisation autour des enjeux du réchauffement climatique. L’objectif est double. Il s’agit, premièrement, de mettre à jour la charte de l’élu local, qui figure dans le Code des collectivités territoriales. Les 520 000 élus locaux de France devraient, en plus de leurs obligations actuelles, exercer leur mandat « en connaissance des enjeux climatiques et des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 », que la France s’est engagée à respecter.

Plus symbolique, la proposition de loi prévoit que le résumé du rapport du Giec, à destination des décideurs, soit remis aux élus locaux, lors de la première réunion du conseil municipal, départemental ou régional. « La lutte contre le réchauffement climatique ne doit pas être la seule affaire des États », insiste Olivier Henno. L’ancien maire de Saint-André-lez-Lille y voit une manière d’accélérer la prise de conscience. « La solennité et la gravité sont parfois indispensables sur le plan institutionnel ».

« Les élus vont pouvoir s’en saisir comme un outil de réflexion », selon le climatologue Hervé Le Treut

Le cabinet de communication et de conseil Koncilio, spécialisé dans la formation sur les questions d’écologie locale, a travaillé étroitement avec le sénateur. Il porte cette idée depuis un an. En novembre, le cofondateur de cette agence avait mené sa propre enquête auprès des élus locaux, au moment du 103e Congrès des maires, à Paris. « 10 à 15 % d’entre eux ont lu le rapport du Giec. » Ce rapport, très détaillé, comporte environ 4 000 pages, contre 40 pour la version destinée aux décideurs publics.

D’où l’idée de mettre en place la remise d’une version synthétisée et vulgarisée. Pour ses propres activités, le cabinet a conçu son propre résumé des travaux du Giec, avec les contributions du climatologue Hervé Le Treut et du spécialiste de la biodiversité Gilles Bœuf. « Les élus vont pouvoir s’en saisir comme un outil de réflexion », espère le climatologue Hervé Le Treut, lui-même ancien membre du Giec.

« Cette proposition de loi enverrait un message fort sur la responsabilité des élus locaux », approuve également Léonore Moncond’huy, maire EELV de Poitiers. L’élue a participé à la COP 26 de Glasgow en novembre, au nom de Cités Unies France, une association qui représente les collectivités françaises engagées à l’international. L’écologiste estime que les collectivités territoriales sont « en première ligne » dans la lutte contre le réchauffement climatique. Celles-ci réalisent l’essentiel de l’investissement public civil, mais sont également mobilisées lors des catastrophes, comme les inondations ou les feux de forêts.

Présent aux côtés du sénateur Olivier Henno, le Suisse Guillermo Fernandez espère que cette initiative sera poussée « le plus vite possible » par les parlementaires français. Ce père de trois enfants, résidant à Fribourg, avait mené pendant 39 jours une grève de la faim à l’automne dernier sur la place Fédérale à Berne, pour faire pression sur les autorités fédérales helvétiques sur l’urgence climatique. Son geste a payé, puisque le 2 mai, les parlementaires suisses bénéficieront d’une formation sur les enjeux climatiques par les auteurs du rapport du Giec.

L’initiative portée au Sénat a également reçu le soutien du député non-inscrit Matthieu Orphelin (ex-LREM). Le 28 février, le député avait demandé, en vain, l’organisation d’un débat dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale sur les conclusions à tirer de l’alerte du Giec.

Soutenu par une quarantaine de collègues de la majorité sénatoriale de droite et du centre, Olivier Henno espère que sa proposition fera l’objet d’un consensus plus large et pourra devenir force de loi d’ici quelques mois. Dans l’attente des législatives, le Parlement a pour le moment suspendu ses travaux en hémicycle.

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Le sénateur Olivier Henno plaide pour une transmission obligatoire du rapport du Giec aux élus locaux
3min

Politique

Brice Teinturier : « Il n'y a plus de débat en France, il y a de l'invective »

Lors de ses vœux, le Président a annoncé son souhait de voir les Français « trancher » sur « des sujets déterminants », ce qui laisse supposer que le chef de l'État envisage un retour au référendum. Néanmoins, les sujets sur lesquels les Français souhaitent trancher sont nombreux, pouvoir d'achat, fin de vie… Le référendum recolle-t-il vraiment les Français à la politique ? Invités de l’émission spéciale Dissolution, un an après, Brice Teinturier, Anne Levade, Laure Salvaing et David Djaïz tentent d'y répondre.

Le

Nancy: Discours Nicolas Mayer Rossignol Congres du Parti Socialiste
9min

Politique

Congrès du PS : LFI ravive les tensions entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol

La réélection d’Olivier Faure à la tête du PS n’a pas mis fin aux dissensions internes. Nicolas Mayer-Rossignol demande le refus de tout accord avec LFI, y compris au niveau local et en cas de législative partielle, pour rejoindre la direction. Refus du camp du premier secrétaire, qui coupe avec LFI, mais sans rentrer dans ce niveau de précision. Résultat, le parti n’arrive pas à sortir de ses divisions.

Le