Le sort des migrants de l’Aquarius met en colère des députés LREM

Le sort des migrants de l’Aquarius met en colère des députés LREM

Le sort de l'Aquarius, ce navire humanitaire en route vers l'Espagne avec 629 migrants, crée de fortes dissensions au sein de La...
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le sort de l'Aquarius, ce navire humanitaire en route vers l'Espagne avec 629 migrants, crée de fortes dissensions au sein de La République en marche, plusieurs députés reprochant à l'exécutif son attentisme, voire son "indifférence".

"Il y a des silences qui s'apparentent à de la honte", s'est indignée Sonia Krimi, députée LREM de la Manche.

"Le gouvernement refuse de voir la réalité, mais l'indifférence sur ce sujet est pire que de prendre une position comme l'a fait Matteo Salvini en Italie", a-t-elle accusé mercredi dans un entretien au Parisien. "Au moins, lui assume ses convictions, et on ne peut pas le lui reprocher. Que je sache, on n'a pas un gouvernement d'extrême droite en France!".

"On est un pays qui au regard du monde est censé incarner les droits fondamentaux, la question des droits de l’Homme, donc être très attentiste sur une situation comme celle-là, qui est une situation d’urgence, ça ne va pas ensemble", a dénoncé son collègue de la Haute-Garonne, Sébastien Nadot.

"On sait que ces situations d’urgence vont advenir assez régulièrement et ne pas être armé pour apporter des réponses rapides, pour un pays comme la France, je trouve qu’on vaut mieux que ça, l’Europe aussi vaut mieux que ça", a-t-il lancé sur Europe 1.

Quelque 629 migrants, ballottés en Méditerranée depuis dimanche après le refus de l'Italie et de Malte de les accueillir, faisaient route mercredi vers l'Espagne, répartis à bord de trois bateaux dont le navire humanitaire Aquarius.

L'ONG SOS Méditerranée, qui a affrété l'Aquarius pour venir en aide aux migrants au large de la Libye, a précisé qu'il leur faudrait encore au moins quatre jours de mer pour atteindre le port de Valence.

- "On attend que les migrants se noient" -

Critiqué pour son silence sur la situation de ces migrants, Emmanuel Macron a fini par dénoncer mardi le "cynisme" et l'"irresponsabilité" de l'Italie. Edouard Philippe a par la suite assuré que la France était "prête à aider" l'Espagne pour "accueillir et analyser la situation de ceux qui, sur ce bateau, pourraient vouloir bénéficier du statut de réfugié".

Mais ces déclarations tardives n'ont pas suffi à apaiser les esprits au sein de la majorité, où la question migratoire était déjà apparue comme un sujet de tension lors de l'examen du projet de loi asile et immigration.

"Ca arrive trop tard!", a dénoncé Mme Krimi. "Là, on attend que les migrants se noient peut-être et après on nous dit qu'on est prêt à les accueillir...".

En avril, 15 députés LREM n'avaient pas voté le texte asile et immigration, 14 préférant s'abstenir, dont Sonia Krimi, et un seul votant contre, Jean-Michel Clément, qui a quitté le groupe.

Cette fois, c'est "une trentaine" de députés LREM, selon un marcheur, qui ont donné de la voix pour réclamer une action de la France ou pour féliciter l'Espagne qui a proposé dès lundi d'accueillir l'Aquarius et ses passagers.

"J'aurais aimé que la France puisse être dans la droite tradition qui est la sienne d'accueil et de réponse aux situations humanitaires d'urgence", a ainsi déclaré le vice-président de l'Assemblée nationale, Hugues Renson.

"Il aurait été du devoir de la France de proposer d'accueillir les quelque 600 hommes, femmes et enfants en danger", a jugé Saïd Ahamada, tandis que pour Anne-Christine Lang, "la France se serait honorée" à accueillir les passagers de l'Aquarius.

Le sujet divise aussi au sein des Républicains. Le député Philippe Gosselin a ainsi marqué son désaccord par rapport à la position de son parti.

"Ne pas les secourir, ne pas les accueillir, c’est une atteinte à l’humanité en danger", a-t-il déclaré, alors qu'Eric Ciotti jugeait que l'Aquarius avec ses passagers devait "retourne(r) vers les côtes libyennes". Des propos appuyés par la porte-parole du parti Laurence Sailliet.

Dans la même thématique

Tondelier 2
8min

Politique

Malgré des critiques, Marine Tondelier en passe d’être réélue à la tête des Ecologistes

Les militants du parti Les Ecologistes élisent leur secrétaire national. Bien que critiquée, la sortante Marine Tondelier fait figure de favorite dans ce scrutin où les règles ont été changées. La direction s’est vue accusée par certains de vouloir verrouiller le congrès. Si les écolos ne veulent pas couper avec LFI, le sujet fait débat en vue de la présidentielle.

Le

SIPA_01208671_000002
5min

Politique

Prisons attaquées : vers une nouvelle loi pour permettre l’accès aux messageries cryptées par les services de renseignement

Après la série d’attaques visant plusieurs établissements pénitentiaires, coordonnées au sein un groupe de discussion sur Telegram, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez regrette que la disposition de la loi sur le narcotrafic, permettant aux services de renseignement d’avoir accès aux messageries cryptées, ait été rejetée les députés. La mesure pourrait réapparaître dans une nouvelle proposition de loi du Sénat.

Le

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six
4min

Politique

Municipales 2026 : pourquoi le prochain mandat des maires pourrait durer sept ans, au lieu de six

La question d’un report des élections municipales de 2032 est à l’étude au ministère de l’Intérieur, en raison de la proximité d’un trop grand nombre de scrutins, notamment la présidentielle. Si le calendrier devait être révisé, et avec lui la durée du mandat des maires élus l’an prochain, cela nécessiterait une loi. Ce serait loin d’être une première sous la Ve République.

Le

FRA – ASSEMBLEE – 4 COLONNES
13min

Politique

Congrès du PS : les tractations se concentrent sur « Boris Vallaud, qui a des propositions de dates tous les jours »

Alors que les amis de Nicolas Mayer Rossignol, d’Hélène Geoffroy et de Fatima Yadani et Philippe Brun discutent pour fusionner, dans une union des opposants à Olivier Faure qui demandent la « clarté », le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud, se retrouve au centre des attentions. Mais « son but n’est pas d’être faiseur de roi, c’est de rassembler le royaume socialiste », soutient Rémi Branco, son porte-parole.

Le