Le sport, un argument gagnant pour les candidats aux municipales
Intégrer des sportifs connus à sa liste, afficher son soutien à l'équipe de basket locale, ou mettre en avant la construction d'un terrain de...
Par Adrien MAROTTE
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Intégrer des sportifs connus à sa liste, afficher son soutien à l'équipe de basket locale, ou mettre en avant la construction d'un terrain de foot: à l'approche des élections municipales, nombre de candidats se servent du sport comme argument de campagne.
Depuis qu'il est candidat dans le XVIIIe arrondissement de la capitale sur la liste "Décidons Paris", Vikash Dhorasoo, ancien footballeur international, use et abuse de la métaphore, promettant de "faire la passe à l'autre et pour les autres" et de "ne laisser personne sur le banc de touche".
Danielle Simonnet (LFI), qui mène la liste à ses côtés, salue pour sa part la "parole qui n'est pas formatée" de l'ancien champion. "Je vois l'impact sur le terrain", se réjouit-elle: "Les gens le connaissent et le reconnaissent. Vikash touche des personnes de tous les milieux. Il incite les gens à regarder avec intérêt ce que nous proposons."
La co-tête de liste LFI organise avec son binôme des matchs de foot pour rencontrer les jeunes dans les quartiers populaires, et son colistier est invité sur les plateaux télé.
- "Une stratégie payante" -
L'ancien handballeur Jackson Richardson, candidat aux municipales à Marseille, le 22 janvier 2018 à Libreville
AFP/Archives
Attirer une notoriété sportive sur sa liste - Dhorasoo à Paris, l'ancien handballeur Jackson Richardson à Marseille (DVD) ou l'ex-footballeur Ludovic Obraniak à Lille (LR)... -, "c'est malin et presque toujours payant", estime Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique.
"Le sportif, c'est un peu la figure idéale parce que c'est quelqu'un qui a le sens de l'effort, qui fait vibrer les électeurs, qui rapporte des victoires. C'est un produit de la méritocratie, quelqu'un qui vient d'en bas et qui s'est construit par son travail et son talent", argue M. Moreau-Chevrolet.
Outre les anciennes gloires, le président de club est aussi une prise convoitée en période électorale. Il voit souvent une continuité entre son engagement associatif et son engagement politique.
A Villers-sur-Mer, à côté de Deauville, en Normandie, Thierry Granturco s'est fait connaître lorsqu'il a repris le club de foot local avec lequel il est parvenu au huitième tour de la Coupe de France, un exploit pour cette petite équipe. Aujourd'hui, adoubé par le maire sortant, il est candidat à la mairie.
"Quand j'ai pris la présidence du club, je ne pensais pas du tout à faire de la politique mais la réussite sportive et l'empathie que ça a dégagé dans toute la ville m'a fait changer d'avis", estime-t-il aujourd'hui.
Pour Michel Koebel, chercheur en sciences sociales du sport, l'appel à des figures associatives du sport par les hommes politiques locaux est particulièrement visible dans les petites communes, où le gain électoral peut être important.
"Localement, l'espace politique et l'espace associatif présentent de nombreuses similitudes avec les mêmes structures d'accession au pouvoir et les mêmes filtrages sociaux. Il y a une sorte de transfert de compétences d'un monde à l'autre", explique-t-il.
- Fidéliser les électeurs -
Selon le chercheur, les édiles sont convaincus que c'est une bonne stratégie de miser sur le sport dans leur commune. "Le dynamisme sportif local, c'est le dynamisme du maire", estime-t-il.
Les communes investissent près de 10% de leur budget annuel dans le sport, soit environ 12 milliards d'euros, ce qui représente près des deux tiers de l’investissement public dans ce domaine, selon les chiffres du ministère des sports.
"Aucune loi n'oblige un maire à subventionner le sport et tous le font parce qu'ils ont intérêt à le faire", rappelle M. Koebel, pour qui les candidats ont "une crainte du milieu sportif local car, dans leur esprit, ils ont un poids politique."
Dans les grandes villes, l'intérêt pour un candidat est différent. "Il est de montrer son attachement à la ville, et de donner une image plus chaleureuse de soi, de gagner les cœurs", analyse Philippe Moreau-Chevrolet. Les candidats et maires, tels Gaël Perdriau à Saint-Étienne ou Anne Hidalgo à Paris, se rendent ainsi régulièrement au stade "montrer qu'ils sont capables de passion et faire passer le message aux habitants qu'ils sont dans leur camp".
Au risque parfois de dévoiler malgré eux leur ignorance du sport. C'est ainsi que le candidat dissident LREM à Paris Cédric Villani s'est attiré les railleries des réseaux sociaux après s'être affiché au Parc des Princes, qu'il avait nommé... Parc Saint-Germain.
Le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a annoncé sa candidature pour la tête du parti, ce 13 février. L’officialisation intervient dès le lendemain de celle de son rival Bruno Retailleau.
Les responsables du parti de droite se sont réunis ce jeudi matin. Ils ont décidé que les adhérents LR éliront leur nouveau président d’ici trois mois, alors que Bruno Retailleau défendait un calendrier plus serré, sur fond de guerre de chefs avec Laurent Wauquiez.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas se déclare en faveur de la candidature du ministre de l’Intérieur à la présidence du parti Les Républicains. Bruno Retailleau « veut porter une espérance pour la droite », et aujourd’hui au gouvernement, il en a « la légitimité », estime-t-elle.
Le ministre de l’Intérieur est officiellement candidat à la présidence des LR. Il peut compter sur « une très large adhésion majoritaire du groupe LR », selon le sénateur Marc-Philippe Daubresse. Mais les soutiens de Laurent Wauquiez, comme le sénateur Laurent Duplomb, l’accusent de relancer une « dramatique guerre des chefs ». L’enjeu pour Bruno Retailleau est maintenant d’obtenir un congrès au plus vite, car « les sondages, ça va, ça vient »…