Le projet de loi controversé sur l'asile et l'immigration, actuellement examiné à l'Assemblée nationale, n'a pas été écrit pour "séduire le Front national" mais pour trouver un "équilibre" dans l'accueil des réfugiés, a affirmé dimanche la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.
Les élus du Front national ont voté en faveur de mesures prévues par ce texte défendu par le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, comme la réduction de 120 à 90 jours du délai pour déposer une demande d'asile après l'entrée en France.
"C'est un texte qui essaie d'être équilibré, en insérant les conditions dans lesquelles le traitement de la demande d'asile est effectué. (...) Il y a toute une démarche en faveur de l'intégration des personnes qui pourront rester sur le territoire de la République. C'est pour cela que ce texte a été écrit et non pour faire du racolage politique", a déclaré Mme Belloubet sur France Inter.
"Ce texte n'a pas été écrit pour séduire le Front national", a-t-elle dit. "Nous ne recherchons pas le vote du FN. Nous sommes même en désaccord profond avec les thèses défendues par le Front national", a ajouté la ministre.
A ses yeux, "le Front national adopte des tactiques pour précisément déstabiliser l'ensemble de notre système républicain".
Depuis l'hémicycle de l'Assemblée nationale, la présidente du FN, Marine Le Pen, a riposté un peu plus tard: "Vous ne cessez mes chers collègues de défendre les droits fondamentaux des demandeurs d'asile. Est-ce que nous avons le droit de voter librement pour ou contre? Ou peut-être y aura-t-il des poursuites de la part de Mme Belloubet? (...) Est-ce que nous allons devoir demander le droit d'asile, peut-être politique dans un autre pays?"
"Ne sommes-nous plus libres de voter (...) sans que la ministre de la Justice nous traite de factieux?", a-t-elle encore demandé au septième jour de débats sur le projet de loi.
Vendredi, le Parti socialiste a dénoncé un "tournant" historique en voyant un "alignement" entre la majorité parlementaire, le Front national et l'aile droite des Républicains, après le vote de l'article de loi réduisant le délai de première demande d'asile.
"Pour la première fois dans notre histoire, le Front national vient, sur un texte qui concerne l'asile et l'immigration, apporter sa caution à un gouvernement", a déclaré le Premier secrétaire du parti, Olivier Faure, dans les couloirs de l'Assemblée.