Malgré une forte captation du Front national ces dernières années, le vote chasseur, réservoir potentiel d'1,2 million de voix, reste difficile...
Par Philippe BERNES-LASSERRE
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Malgré une forte captation du Front national ces dernières années, le vote chasseur, réservoir potentiel d'1,2 million de voix, reste difficile à débusquer pour les candidats à la présidentielle, tandis que ce monde de passionnés travaille à changer son image.
L'événement passa un peu inaperçu -- occulté par l'annonce ce jour-là de la mise en examen de François Fillon -- mais les candidats, ou leurs représentants, étaient invités le 14 mars à Paris à la puissante Fédération nationale des chasseurs (FNC). L'ancien Premier ministre fut le seul, avec Emmanuel Macron, à venir passer en personne le grand oral cynégétique.
Un gagnant, une consigne de vote? "Pas mon rôle", assure Willy Schraen, chef d'entreprise du Pas-de-Calais de 47 ans devenu en août président de la FNC. "J'ai transmis les éléments aux chasseurs de France, sur les interventions des candidats, en disant: à vous de vous positionner si vous souhaitez +voter chasse+, c'est-à-dire mettre votre passion en avant à travers votre vote".
- Vote "pas homogène" -
Pas de consigne, mais des ressentis forts. Sur Benoît Hamon, allié aux écologistes, qui n'était pas représenté -- "lui c'est clair, ne veut pas de nous, dont acte" --, sur Jean-Luc Mélenchon "allié aux communistes défenseurs historiques de la chasse populaire, mais lui-même bien loin de la chasse et de la ruralité". Ou sur Marine Le Pen, "dont le positionnement pose problème, avec des gens pro-chasse auprès d'elle, mais aussi des +animalistes+, grands amis de Brigitte Bardot...".
François Fillon s'adresse à la Fédération nationale des chasseurs le 14 mars 2017 à Paris
AFP/Archives
Y a-t-il un "vote chasse"? Moins visible en tous cas qu'aux beaux jours de CPNT (Chasse, Pêche, Nature et Traditions) dont le candidat Jean Saint-Josse recueillit 4,23% des voix à la présidentielle 2002, une chapelle qui rassemblait des fusils de droite comme de gauche. Sans candidat depuis 2007, le micro-parti de la ruralité s'est en 2012 associé aux Républicains et a nourri les propositions "chasse" du candidat Fillon. Mais il n'est qu'"une composante de la maison chasse", rappelle-t-on à la FNC.
En 2013, une étude approfondie de l'Ifop relevait que l'électorat chasseur n'était "pas homogène, loin s'en faut", mais "penche nettement plus à droite (54%) que le corps électoral français". Et présente "un sur-vote très significatif en faveur de l'extrême droite": Marine Le Pen avait en 2012 recueilli 25% chez les chasseurs, contre 18% globalement.
Willy Schraen avance que Marine Le Pen pourrait atteindre cette fois "jusqu'à 40%" chez les chasseurs. "Un vote rejet, de ras-le-bol", et non d'adhésion, affirme-t-il. Responsable? La chasse elle-même, coupable selon lui de s'être recroquevillée, laissant "un grand vide" dans lequel le FN s'est glissé. "On n'en serait pas là si les politiques avaient entendu depuis des années la voix que nous portions des territoires", dit en écho Eddie Puyjalon, président de CPNT.
- Chasseurs sachant se cacher-
"Trop longtemps, la stratégie de la chasse française a été +pour vivre heureux, vivons cachés+. Quelle erreur! On a tellement bien vécu cachés qu'au final on était incompris et rejetés par tous", peste Willy Schraen, résolu à communiquer sur "l'écologie de compétence, de terrain, de contact direct avec la nature" des chasseurs.
"Libérez-vous du quotidien. Rejoignez-nous!". En février, sur les bus de Bordeaux, une campagne d'affiches de la Fédération de Gironde (43.000 adhérents, la première de France) invitait ainsi les citadins à s'évader et passer le permis de chasse avec une formule "zéro euro". La chasse qui sort du bois?
Un chasseur charge son arme le 9 avril 2016 à Vouvray
AFP/Archives
"On fait rentrer la chasse dans la ville", explique la fédération, convaincue que l'image des chasseurs est en train de changer. Etudes scientifiques, entretien des zones humides, "il y a une prise de conscience de ce qu'on sait, de ce qu'on fait. On est devenu légitimes sur un environnement quotidien de bon sens, pas de +mise sous cloche+", pose Henri Sabarot, patron des chasseurs girondins.
Ce que réclament surtout à présent les chasseurs aux politiques, c'est d'être reconnus "formellement", associés à la "gouvernance de la nature" au sein d'instances telles l'Agence Française pour la Biodiversité. Mais d'expérience, ils savent aussi qu'un scrutin législatif est mieux adapté pour influer sur les candidats.
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