Législatives à Clichy et Levallois: la fin d’une ère avec Balkany qui renonce

Législatives à Clichy et Levallois: la fin d’une ère avec Balkany qui renonce

La droite survivra-t-elle à Patrick Balkany dans son fief des Hauts-de-Seine? Le sulfureux député ne se représente pas, laissant...
Public Sénat

Par Juliette MONTESSE

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La droite survivra-t-elle à Patrick Balkany dans son fief des Hauts-de-Seine? Le sulfureux député ne se représente pas, laissant dans son sillage son ennemi juré adoubé par Les Républicains et son dauphin divers droite, de quoi nourrir les espoirs de la candidate macroniste.

Mis en examen notamment pour corruption passive, fraude fiscale et blanchiment, M. Balkany, 68 ans, avait renoncé l'an dernier à briguer un nouveau mandat à Clichy et Levallois, 5e circonscription historiquement tenue par la droite dont il fut député de 1988 à 1997 puis depuis 2002. Il s'agissait officiellement pour lui de respecter la loi sur le non-cumul des mandats et conserver la mairie de Levallois-Perret.

On le croirait pourtant presque en campagne. Sillonnant les rues de sa ville, fin mai, le tonitruant baron des Hauts-de-Seine tapote la joue des hommes, plaisante avec les femmes, son candidat peu connu sous son aile. Il salue un couple, lui présente doctement son protégé de 51 ans: "C'est François-Xavier Bieuville, qui va aller à l'Assemblée".

L'optimisme est de mise. Même si Les Républicains, soucieux de prendre leurs distances avec le sarkozyste Balkany, ont refusé d'investir ce proche, l'un de ses adjoints à la mairie. L'étiquette est revenue à son meilleur ennemi, le divers droite Arnaud de Courson, inlassable adversaire du couple Balkany.

M. de Courson, conseiller départemental et municipal de 52 ans, est "candidat à tout, depuis toujours", s'agace François-Xavier Bieuville qui, poussé par le député-maire, a décidé de se maintenir.

L'investiture du parti? "Pas besoin", évacue Patrick Balkany. "Ca a été une commission mise en place par Fillon au moment de sa candidature. Que vaut l'investiture de M. Fillon aujourd'hui ?"

Il invoque le soutien des militants locaux, de maires alentours et, photo à l'appui, de la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse... dont l'entourage affirme à l'AFP qu'elle soutient M. de Courson.

Arnaud de Courson, qui n'a lui aucune peine à être reconnu dans la rue, rappelle que LR et l'UDI l'ont choisi parce que "des pages se tournent" et accuse M. Bieuville d'usurper leurs logos sur ses affiches.

Dans cette circonscription où le centriste Emmanuel Macron a remporté 31,3% des voix au premier tour de la présidentielle, devant François Fillon (30,5%) et Jean-Luc Mélenchon (18,7%), les jeux restent ouverts.

- "Renouveau" -

"Si Balkany s'était représenté, il l'aurait emporté", assure un observateur de la campagne. Popularité locale oblige. Le maire de Levallois peut doper François-Xavier Bieuville à domicile, mais c'est moins sûr à Clichy, prédit-il. "Et celui qui en a marre de la guéguerre Balkany-Courson, il va voter En Marche".

Le mouvement présidentiel a parié sur une inconnue: Céline Calvez, une Parisienne de 37 ans, qui dirige une agence de conseil en communication et assume son "parachutage". "Il a fallu lui envoyer un GPS", raille, lui, M. Balkany.

Jamais élue, passée par le cabinet de Jean-Louis Borloo au ministère de la Ville, elle table sur sa "fraîcheur" et le "souffle" macroniste pour l'emporter. Et voit dans Levallois, à l'image écornée en raison des affaires, "un espace à renouveler".

Malgré la présence d'En Marche, la gauche veut aussi y croire: le candidat de la France insoumise Aissa Terchi, fort du score de Jean-Luc Mélenchon, se voit au second tour dans une triangulaire. Le socialiste Lies Messatfa, 25 ans, espère aussi y parvenir en jouant sur le "renouveau" et l'ancrage local.

Devant une école de Levallois-Perret, un jeune père de famille, Thibault Rouillac, électeur de Macron aux deux tours, hésite entre donner une majorité au président ou rester fidèle à "une spécificité locale", Levallois et sa "qualité de vie". "Je n'ai pas envie de cracher dans la soupe", avance-t-il... avant de prendre un selfie avec la candidate macroniste.

Dans ce contexte incertain, la droite restera-t-elle ? Calé dans son fauteuil de maire, un portrait de Nicolas Sarkozy derrière lui, Patrick Balkany prophétise, serein: "Sans problème, oui". Dix-huit candidats sont en lice pour lui succéder.

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