Législatives: à Torcy, apprentissage politique express pour l’ex-chef du Raid
"Bonjour Madame, je suis l'ancien chef du Raid !" Jean-Michel Fauvergue est l'un des candidats de la "société civile" propulsés...

Législatives: à Torcy, apprentissage politique express pour l’ex-chef du Raid

"Bonjour Madame, je suis l'ancien chef du Raid !" Jean-Michel Fauvergue est l'un des candidats de la "société civile" propulsés...
Public Sénat

Par Tiphaine LE LIBOUX

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

"Bonjour Madame, je suis l'ancien chef du Raid !" Jean-Michel Fauvergue est l'un des candidats de la "société civile" propulsés par Emmanuel Macron à l'assaut de l'Assemblée nationale. Mais à moins d'un mois du scrutin, l'ancien policier a peu de temps pour apprendre à faire campagne.

Fin de journée ensoleillée devant la gare RER de Torcy, en Seine-et-Marne. Jean-Michel Fauvergue, investi sur la 8e circonscription de cette lointaine banlieue parisienne interpelle les voyageurs: "Vous voyez celui qui est sur la photo ? Eh bien vous l'avez en vrai !" lance-t-il, costume sombre et chemise claire, une pile de tracts en main. "J'ai dirigé le Raid", ajoute-t-il aussitôt.

Patron du Raid, un préambule qui permet de "flasher, retenir l'attention", explique à l'AFP celui qui commandait il y a encore deux mois la prestigieuse unité d'élite de la police. Un profil qui a aussi vocation à "rassurer" en ces temps troublés, ajoute-t-il.

A 60 ans, après "39 ans de police", dont quatre à la tête du Raid, l'ex-flic, qui a notamment dirigé l'assaut à Saint-Denis contre Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur présumé des attentats de novembre 2015, présente sa nouvelle vocation comme une façon de continuer à "servir les citoyens".

L'argument fait mouche chez Nafissa, 21 ans, habitante de la circonscription détenue par le PS. "Il en impose quand même, c'est pas n'importe qui." La sécurité, "c'est important, maintenant que la société est à fleur de peau avec tous les attentats", glisse la jeune femme, avant d'entrer dans une petite salle de Torcy où le candidat La République en marche tenait mardi sa deuxième réunion publique, devant une cinquantaine de personnes.

- "Voir ce qu'il a dans le ventre" -

Parmi eux, plusieurs élus locaux, comme Philippe Aumard, maire adjoint (PS) de Torcy, venu voir ce que Jean-Michel Fauvergue "a dans le ventre".

"Ancien chef du Raid, ça ne me suffit pas", explique-t-il à l'AFP, avant la réunion. Lui qui a voté Macron à la présidentielle, comme 63,8% des votants du département au second tour, hésite encore pour le 11 juin: choisir Eduardo Rihan-Cypel, le député PS sortant "qui n'a pas démérité", ou le candidat En Marche, pour donner une "vraie majorité" au gouvernement.

Bilan de la prestation ? "Au début j'étais un peu sceptique, il a beaucoup développé sur le programme de Macron", juge M. Aumard. "Je l'ai trouvé meilleur quand il a lâché son papier", ajoute-t-il, alors que M. Fauvergue a débuté la réunion en lisant un discours d'une vingtaine de minutes dont il a eu du mal à se détacher.

"Il a osé dire +Je ne sais pas+ à certaines questions qui lui étaient posées", poursuit l'élu municipal, sensible au côté "pas langue de bois".

Mais pour les adversaires du néo-candidat, l'angle d'attaque est tout trouvé. Chantal Brunel (LR), députée de la circonscription pendant 10 ans et défaite en 2012 (47,2% des voix) contre Eduardo Rihan Cypel (52,7%), fait ainsi campagne sur son "éloignement du terrain": "Il connaît le terrorisme, mais le local, il ne connaît pas !" dit-elle à l'AFP. "Sur sa page Facebook, il s'est même trompé sur le nombre de communes que compte la circonscription", affirme-t-elle.

"Ce qu'on demande à un candidat de la société civile ce n'est pas d'être immédiatement performant", le défend pourtant un jeune conseiller LR d'un élu du département, dans la salle de Torcy. "On leur demande d'apporter quelque chose de différent, une vision moins partisane", ajoute-t-il. A condition bien sûr de se faire élire.

Partager cet article

Dans la même thématique

Législatives: à Torcy, apprentissage politique express pour l’ex-chef du Raid
3min

Politique

Héritage des Jeux : « En 6 ans, on a pu faire ce qu’on aurait dû faire en 30, 35 ans » affirme le sénateur de Seine-Saint-Denis Adel Ziane

Une croisière sur le canal Saint-Denis, des visites des sites olympiques de Paris 2024… Et si les Jeux avaient transformé l’image de la Seine-Saint-Denis au point de rendre ce département plus touristique ? Un an après les JOP, quel est le résultat ? La Seine-Saint Denis a-t-elle changé de visage ? Oui, déclare le sénateur du département Adel Ziane, dans l’émission Dialogue Citoyen, présentée par Quentin Calmet.

Le

Législatives: à Torcy, apprentissage politique express pour l’ex-chef du Raid
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Législatives: à Torcy, apprentissage politique express pour l’ex-chef du Raid
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le