Législatives: abstention record pour une victoire annoncée
Une abstention record sous la Vè République a marqué dimanche le premier tour des législatives, un électeur sur deux n'étant pas...

Législatives: abstention record pour une victoire annoncée

Une abstention record sous la Vè République a marqué dimanche le premier tour des législatives, un électeur sur deux n'étant pas...
Public Sénat

Par Sylvie GROULT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une abstention record sous la Vè République a marqué dimanche le premier tour des législatives, un électeur sur deux n'étant pas allé voter pour ce scrutin qui devrait donner au parti d'Emmanuel Macron une majorité écrasante à l'Assemblée nationale.

Effet d'essoufflement un mois après la présidentielle, victoire annoncée de La République en Marche: l'abstention se situerait au-dessus des 50%, selon les estimations des instituts de sondage, et devrait être la plus élevée depuis 1958, lors des premières législatives de la Vè République.

Elle atteindrait 50% selon l'Ifop, 50,4% selon Elabe, 51% selon Kantar Sofres-onepoint, 51,2% selon Ipsos Sopra Steria: très au-delà du taux de 42,78% du premier tour de 2012, déjà historiquement élevé.

Traditionnellement plus faible à l'élection présidentielle, l'abstention avait atteint 22,23% des inscrits au premier tour le 23 avril.

- Un scrutin 'sans autonomie' -

Selon Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop, cette abstention élevée "n'est pas une véritable surprise" dans la mesure où l'on observe, "depuis 20 ans, une baisse régulière du taux de participation" aux législatives.

Depuis l'entrée en vigueur en 2002 du quinquennat et du calendrier faisant se succéder présidentielle et législatives, "c'est un scrutin qui a perdu son autonomie. Les électeurs ont le sentiment que les jeux sont faits après la présidentielle, et se disent 'à quoi bon aller voter'", ajoute Frédéric Dabi.

Un désintérêt qui a pu être amplifié cette année par la large victoire d'Emmanuel Macron, élu avec 66,10% des voix face à Marine Le Pen le 7 mai, grâce en partie au rejet du Front national mais pas toujours sur un vote d'adhésion.

Son jeune mouvement se dirigeait vers une victoire écrasante et pourrait ravir avec son allié du MoDem 390 à 445 des 577 sièges de députés, à l'issue du second tour le 18 juin, selon les estimations.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, dont le parti s'est effondré dimanche, a vu dans cette abstention "le signe d'une immense fatigue démocratique".

Le chef de file des Républicains François Baroin - la droite terminerait avec 80 à 132 élus LR et UDI - a lui appelé à la mobilisation pour éviter que les pouvoirs soient "concentrés" dans "un seul et même parti".

- Pas 'fans' de Macron -

Pour Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris interactive, "on est sur cette impression générale de la part des Français qu'une majorité va aller au président de la République. Dans ce contexte-là, ils n'ont pas forcément envie de voter, mais pas non plus de créer d'entrave".

"Les Français ne sont pas complètement fans du président de la République. En même temps, il n'y a pas de force alternative qui suscite un engouement important", ajoute-t-il.

L'institut Odoxa remarque lui aussi que "les gens en ont assez et s'intéressent moins à ces législatives qu'à la présidentielle. Ensuite, ils ne veulent pas empêcher Emmanuel Macron d'avoir sa majorité, même s'ils ne sont pas d'accord avec ses idées, et parce qu'ils pensent qu'il a déjà gagné".

En revanche, pour Jean-Daniel Lévy, l'offre pléthorique - 7.877 candidats cette année - et le renouvellement peut-être inédit de l'Assemblée, "ne troublent pas les Français". "Le candidat idéal est relativement jeune, il a plus d'expérience dans le privé qu'en politique", souligne-t-il.

Quoiqu'il en soit, la faible participation devrait avoir pour effet mécanique une limitation du nombre de députés élus dès dimanche, et du nombre de triangulaires le 18 juin.

Car pour être élu dès le premier tour, le candidat doit réunir à la fois la moitié des suffrages exprimés plus un, et le soutien d'au moins 25% des électeurs inscrits.

Pour avoir le droit de se présenter au second tour, il faut avoir obtenu au premier un nombre de suffrages au moins égal à 12,5% du nombre d'inscrits dans la circonscription.

Avec une participation en métropole de 40,75% à 17H00, le ministère de l'Intérieur citait parmi les mauvais élèves la Seine-Saint-Denis (24,74%), le Val-d'Oise (32,92%), les Alpes-Maritimes (34,17%). Parmi ceux qui avaient le plus voté, la Corrèze (52,36% à 17H00), le Gers (51,23%), les Côtes-d'Armor (48,93%).

Partager cet article

Dans la même thématique

Kanner
6min

Politique

Budget 2026 : « L’objectif, ce n’est pas 40 milliards d’économies, c’est 120 milliards en trois ans », avertit Patrick Kanner

Le ministre de l’Economie a consulté les parlementaires socialistes sur le budget. S’ils n’ont pas obtenu de réponses sur les choix du gouvernement, Eric Lombard leur a remis « une lettre de deux pages sur le bilan des engagements pris par François Bayrou » l’hiver dernier, explique Patrick Kanner, patron des sénateurs PS.

Le

POLICE MUNICIPALE
4min

Politique

Réforme des polices municipales : un projet de loi calqué sur une mission du Sénat

Une police municipale renforcée, c’est l’idée du projet de loi présenté par le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, François-Noël Buffet, dans un entretien accordé hier au journal Le Parisien. Ses propositions font largement écho à la mission d’information de la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio sur la police municipale, présentée en mai dernier.

Le