Législatives: après l’Elysée, l’Assemblée en ordre de marche pour Macron
Emmanuel Macron a parachevé dimanche sa conquête du pouvoir à marche forcée, un an seulement après avoir lancé son parti qui fait...

Législatives: après l’Elysée, l’Assemblée en ordre de marche pour Macron

Emmanuel Macron a parachevé dimanche sa conquête du pouvoir à marche forcée, un an seulement après avoir lancé son parti qui fait...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

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Emmanuel Macron a parachevé dimanche sa conquête du pouvoir à marche forcée, un an seulement après avoir lancé son parti qui fait une entrée massive à l'Assemblée nationale et doit lui donner les clés pour mener son programme de réformes.

"Maintenant ce n'est plus En marche!, mais En avant!", résumait dimanche Jean-Paul Delevoye, le "M. investitures" du parti présidentiel, à la fois "content du résultat" mais aussi saisi par "la gravité et la responsabilité".

Car c'est désormais un boulevard institutionnel qui s'ouvre pour Emmanuel Macron, élu le 7 mai à la présidence de la République et renforcé six semaines plus tard par une écrasante majorité au Palais-Bourbon, avec quelque 360 députés avec son allié MoDem, selon les premières projections dimanche soir.

Certes, l'abstention record pour des élections législatives (autour de 56% au deuxième tour) assombrit quelque peu le tableau idyllique pour le nouveau locataire de l'Elysée, et le rappelle à sa promesse de parvenir à réconcilier les Français avec la vie politique. Certes encore, la marée est moins importante que prévu, après d'impressionnants coefficients annoncés dans l'entre-deux-tours (450 députés).

De quoi pousser les proches de M. Macron, dont la présidente par intérim du parti Catherine Barbaroux, à accueillir "cette victoire avec beaucoup de lucidité (...) et d'humilité".

Mais 14 mois après avoir mis sur pied "En Marche!", sa petite entreprise politique siglée de ses initiales et désormais rebaptisée La République en marche, le pari d'Emmanuel Macron est réussi: il sera parvenu à dynamiter le paysage politique traditionnel, réduisant Parti socialiste (50 députés) et dans une moindre mesure Les Républicains (130 députés) à la portion congrue dans l'hémicycle. Un tour de force accompli après une campagne des législatives éclair, menée en trois semaines avec un large bataillon d'inconnus en gage de renouvellement des visages comme des usages.

Les voyants sont donc au vert pour faire adopter les grandes réformes du quinquennat qui s'ouvre, à commencer par la réforme du droit du travail, et la loi "pour la confiance dans notre vie démocratique" portée par François Bayrou.

Que reste-t-il pour perturber cet alignement des planètes, qui a marqué toute l'ascension vers le pouvoir de M. Macron, ancien banquier d'affaires inconnu du grand public il y a encore trois ans ?

- Soigner tous les maillons -

Pour prévenir les difficultés, le chef de l'Etat entend soigner l'articulation entre l'Elysée, Matignon, le groupe parlementaire et le parti. Une thématique qui va être abordée le week-end prochain lors du séminaire réunissant les députés de la REM à l'hôtel de Lassay.

Car M. Macron doit canaliser la vague enthousiaste mais inexpérimentée qui va déferler dans les prochains jours dans les couloirs du Palais Bourbon. Les postes-clés à l'Assemblée (perchoir, présidence du groupe et de commissions...) devaient dans cette perspective être discutés ce week-end à l'Elysée autour du chef de l'Etat, selon un proche.

La feuille de route sera aussi claire pour les députés qui ont signé un "contrat avec la nation" autour des grands chantiers du programme de M. Macron: fini les amendements qui retardent la procédure parlementaire, place à l'efficacité.

Les parlementaires seront en revanche invités à s'appuyer davantage sur le terrain, leurs comités locaux, pour faire remonter des propositions. Et à mettre l'accent sur l'évaluation des politiques publiques.

Néanmoins, ce vaste groupe peut-il porter les ferments d'une fronde, crainte de M. Macron qui garde un souvenir acide de la révolte d'une frange des députés socialistes lorsqu'il était secrétaire général adjoint de l'Elysée (2012-2014) puis ministre de l'Economie (2014-2016) ?

"Les députés vont être disciplinés. Ils doivent tout à Emmanuel Macron, ils savent que ce ne sont pas eux qui ont gagné", tempère un proche du président.

M. Macron doit dans le même temps réussir la transformation de son mouvement, pour montrer qu'il n'était pas qu'une simple machine électorale au service de ses ambitions.

D'importantes réflexions sur les statuts et la gouvernance sont en cours et doivent aboutir avant le 15 juillet, date butoir d'un congrès fondateur. Sous l'oeil "attentif" de M. Macron, qui a conscience qu'"aucun des maillons" de la chaîne entre le parti et l'Elysée, "ne réussira sans l'autre", souffle un membre du premier cercle.

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