Législatives: après son pacte avec le FN, Dupont-Aignan joue sa réélection « à un rien »
"Cette élection va se jouer à un rien." Il y a encore un mois, cette phrase aurait surpris chez Nicolas Dupont-Aignan, député-maire "le mieux...

Législatives: après son pacte avec le FN, Dupont-Aignan joue sa réélection « à un rien »

"Cette élection va se jouer à un rien." Il y a encore un mois, cette phrase aurait surpris chez Nicolas Dupont-Aignan, député-maire "le mieux...
Public Sénat

Par Romain FONSEGRIVES

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"Cette élection va se jouer à un rien." Il y a encore un mois, cette phrase aurait surpris chez Nicolas Dupont-Aignan, député-maire "le mieux élu de France" depuis 20 ans. Mais son pacte présidentiel avec le Front national a relancé le suspense pour les législatives.

A peine annoncée, déjà enterrée, l'alliance entre son parti, Debout la France (DLF), et le FN, a laissé des traces dans la huitième circonscription de l'Essonne, où le souverainiste règne depuis 1997. Dans cette banlieue dortoir, où la métropole parisienne laisse place aux premières forêts d'Île-de-France, l'heure est aux remontrances.

"Vous assumez le programme du FN?", lancent Ammar Makouri et Yahia Benbouazza au député sortant, en terrasse d'un troquet de Vigneux-sur-Seine. "Ça va être compliqué de vous affirmer comme indépendant", raillent les deux psychiatres, qui exercent à l'hôpital de la ville.

Le chef de file de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, et Marine Le Pen scellent leur alliance dans les locaux du FN à Paris, le 29 avril 2017
Le chef de file de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, et Marine Le Pen scellent leur alliance dans les locaux du FN à Paris, le 29 avril 2017
AFP

Le parlementaire réplique tout sourire: non il n'a "pas rallié" le parti d'extrême droite. Il assume son "choix de second tour" en faveur de Marine Le Pen à la présidentielle, "forcément imparfait", pour faire barrage à Emmanuel Macron, "le libéral qui prend ses ordres à Bruxelles". Et se targue d'avoir "infléchi" le programme FN et "fait sauter le front républicain créé par Mitterrand, pour diviser la droite et faire gagner une gauche minoritaire". En face, les deux quinquagénaires font la moue.

"Des scènes comme ça, on en a tous les jours", concède le candidat, qui assure pourtant que la campagne des législatives n'est pas difficile.

La fronde au sein de son conseil municipal? "C'est réglé", assure le maire de Yerres. La fuite des cadres de son parti? Il préfère mettre en avant les "2.000 adhésions" nouvelles depuis le rapprochement avec le FN. A-t-il réclamé le maintien d'un concurrent frontiste face à lui pour rassurer ses électeurs? Un dirigeant FN confirme l'information à l'AFP, mais il dément.

Habitué des scores hégémoniques - réélu député en 2012 avec 61% des suffrages, et maire trois fois depuis 1995 avec plus de 75% des voix - le baron local s'attend à un résultat moindre. Mais refuse de résumer sa circonscription aux "idiots utiles" qui ont manifesté devant sa mairie ces dernières semaines.

- Vote sanction? -

Dissident éternel à droite, gaulliste revendiqué, "NDA" risque-t-il un vote sanction?

"C'est une tache indélébile, les électeurs ont été salis", fulmine Irvin Bida, le candidat de la droite et du centre (UDI-LR). Cet ex-collaborateur du centriste Jean-Louis Borloo vise les déçus. "A cause de son isolement, Dupont-Aignan n'a jamais pu faire grand chose pour la circonscription", argue-t-il. Reste qu'en réunion publique, le trentenaire attire deux fois moins de personnes que le sortant.

Le député-maire de Yerres et candidat aux législatives dans l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan, le 23 mai 2017 à Vigneux-sur-Seine, au sud de Paris
Le député-maire de Yerres et candidat aux législatives dans l'Essonne Nicolas Dupont-Aignan, le 23 mai 2017 à Vigneux-sur-Seine, au sud de Paris
AFP

Sur le marché de Yerres, Sandrine Maire, qui a toujours voté pour lui, est excédée: "Il nous a vendu pour un poste de Premier ministre. Je l'ai rayé de la carte". Cette assistante maternelle de 45 ans souhaite désormais "laisser les mains libres à Macron pour qu'il montre ce qu'il peut faire".

Mais beaucoup prennent les tracts d'Antoine Pavamani, candidat de la République en marche, le parti présidentiel, avec précaution. "Avec les bêtises du maire, on ne sait plus trop quoi faire, mais je ne vous promets rien", lâche une retraitée.

M. Pavamani espère rallier la "droite modérée" au projet du chef de l'Etat. Et tant pis si "NDA" le peint déjà en "apparatchik socialiste" pour son passé de plume de Manuel Valls.

Chantal Cheval, 66 ans, choisira malgré tout un bulletin Dupont-Aignan "par affection", car il "reste un très bon maire".

L'argument revient en boucle: l'aventure FN n'efface pas le désendettement de la commune, la rénovation du centre-ville et la police municipale très présente dans cette banlieue cossue.

Des électeurs le soutiennent même jusqu'au bout. "Il avait des idées proches de Marine sur l'Europe, l'immigration, je n'ai pas été choquée", confie Martine Durand, 50 ans. Au second tour de la présidentielle, la secrétaire a suivi les conseils de son maire, en votant Le Pen.

Partager cet article

Dans la même thématique

Législatives: après son pacte avec le FN, Dupont-Aignan joue sa réélection « à un rien »
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Législatives: après son pacte avec le FN, Dupont-Aignan joue sa réélection « à un rien »
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le