Législatives : Aurore Bergé alerte sur une « forme de démobilisation »

Législatives : Aurore Bergé alerte sur une « forme de démobilisation »

Quatre personnalités politiques, Aurore Bergé (Ensemble), Danièle Obono (NUPES), Roger Karoutchi (LR) et Andréa Kotarac (RN) font le bilan du premier tour des élections législatives et dressent des perspectives pour le second tour.
Guillaume Jacquot

Par Public Sénat

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« On a une forme de démobilisation », reconnaît Aurore Bergé (Renaissance)

La coalition Ensemble ! (Renaissance, l’ex-LREM, alliée au MoDem ou encore Horizons) n’a pas fait le plein lors du premier tour des élections législatives. La majorité présidentielle est en recul par rapport à 2017 mais également en prenant le score d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle (25,75 % contre 27,85 %). « On a eu une forme de démobilisation », reconnaît la députée LREM Aurore Bergé, ce 13 juin dans Audition publique (Public Sénat / LCP-AN / Le Figaro Live). L’élue des Yvelines ne parle pas de désaveu, mais plutôt d’avertissement. « Il faut le prendre comme tel », admet-elle.

La majorité présidentielle va devoir « démontrer » qu’elle est « en campagne, matin, midi et soir ». Et une prise de parole du président de la République, pour impulser une dynamique, ne serait pas superflue, selon elle. « Je pense qu’il s’exprimera, je le souhaite. » L’enjeu pour le gouvernement est de disposer d’une majorité absolue, ne nécessitant aucune force d’appoint comme LR, un scénario qu’Aurore Bergé ne veut pas imaginer. « Je dis aux électeurs : mobilisez-vous pour que nous puissions avoir cette majorité. Une majorité relative, ce n’est pas une majorité dans la vie parlementaire française. »

Polémique sur les scores des législatives : « Nous ferons les démarches que nous estimons nécessaires », promet Danièle Obono (LFI)

Du côté de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et social), le lendemain du dimanche électoral est marqué par un nouveau bras de fer avec le ministère de l’Intérieur. Après une bataille devant le Conseil d’Etat au sujet de l’attribution d’une étiquette commune pour les candidats de cette coalition, c’est désormais sur les résultats officiels que l’union emmenée par Jean-Luc Mélenchon pointe un problème. Selon les chiffres compilés par la place Beauvau, la NUPES arrive en deuxième position du premier tour des élections législatives, derrière la majorité présidentielle. Et celle-ci conteste le calcul, considérant que certains candidats n’ont pas été comptabilisés dans leurs rangs. La députée LFI Danièle Obono, élue dès le premier tour dans la 17e circonscription de Paris, dénonce ce soir une « stratégie politicienne de très bas étage » de la part du ministère de l’Intérieur.

La NUPES compte-t-elle saisir à nouveau le Conseil d’Etat ? Rien n’est tranché pour le moment. « Nous allons étudier la question », avance la députée. « Nous prenons le temps de faire les choses sérieusement […] Nous ferons les démarches que nous estimons nécessaires. »

Malgré les projections peu optimistes sur les chances d’une majorité à l’Assemblée, Danièle Obono estime que les jeux ne sont pas encore faits. « Peut-être qu’on peut attendre que le peuple souverain le décide ou pas. Les projections ne sont pas le résultat. »

« Qu’on arrête cette espèce de vote utile à l’envers », demande Roger Karoutchi (LR)

Le parti Les Républicains limite la casse, après le naufrage de la candidature de Valérie Pécresse à la présidentielle. Certains élus voient même la droite jouer le rôle d’arbitre à l’Assemblée nationale, dans le cas où Ensemble serait réduit à une majorité relative. Un scénario auquel ne croit pas Roger Karoutchi, premier vice-président LR du Sénat. « Emmanuel Macron nous fait sauter à la corde. Il aura une majorité absolue, mais plus étriquée qu’en 2017, plus difficile à tenir ». Le sénateur des Hauts-de-Seine estime que LREM et ses alliés pourraient remporter 290 à 320 sièges. Ce qui lui fait adresser ce message aux électeurs LR : « Ne vous fatiguez pas à donner à Emmanuel Macron une majorité qu’il aura déjà. Qu’on arrête cette espèce de vote utile à l’envers ».

Quels que soient les résultats au soir du 19 juin, Roger Karoutchi voit une continuité pour les survivants du parti gaulliste, qu’ils soient à l’Assemblée nationale ou au Sénat : une opposition constructive, soutenant ou améliorant les textes lorsqu’ils vont dans le bon sens.

Un conseil stratégique est déjà convoqué pour le lendemain des législatives. « Il faut qu’on trouve une réforme complète du parti, sans excès », considère l’ancien ministre. « Rénover » et surtout trouver une incarnation pour faire vivre le parti.

Un groupe à l’Assemblée démontrerait « la progression du Rassemblement national dans le pays », selon Andréa Kotarac (RN)

Porte-parole du Rassemblement national, Andréa Kotarac fait une autre lecture du premier tour. Selon lui, le RN est « le premier parti de France », puisque la NUPES et Ensemble sont « deux coalitions ». Andréa Kotarac note qu’en l’espace de cinq ans, le RN progresse de 1,250 million de voix aux législatives. « Il est au second tour dans 208 circonscriptions, il est en tête dans plus de 100 d’entre elles. Nous avons 208 députés théoriquement qui peuvent faire une entrée fracassante », imagine-t-il. Ce score du premier tour démontre, selon lui, « la progression du RN dans le pays ».

Interrogé sur les alliances qui pourraient permettre au RN de passer à une étape supplémentaire, Andréa Kotarac a estimé que ce genre de calcul n’était en général pas une forme de succès. « Je ne me reconnais pas personnellement dans tous ces concepts d’union des droites », a-t-il répondu. Éric Zemmour, et plusieurs cadres de Reconquête, ont notamment manqué leur implantation dimanche. « Les ouvriers votent pour Marine Le Pen, les DOM-TOM, les zones périphériques françaises, qui souffrent […] Je salue Marine Le Pen, elle a incarné le camp du peuple », a résumé le porte-parole.

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