Législatives: campagne en rangs dispersés pour les ténors FN
Marine Le Pen dans le Nord, Florian Philippot dans l'Aisne, Marion Maréchal-Le Pen dans le Rhône... à l'image d'un parti tiraillé par ses débats...
Par Guillaume DAUDIN
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Marine Le Pen dans le Nord, Florian Philippot dans l'Aisne, Marion Maréchal-Le Pen dans le Rhône... à l'image d'un parti tiraillé par ses débats internes et affecté par l'échec au second tour de la présidentielle, les ténors frontistes mènent une campagne en rangs dispersés pour les législatives.
En apparence, les trois têtes d'affiche sont au front pour faire entrer "le plus grand nombre de députés" d'extrême droite au Palais Bourbon et traduire en sièges l'ambition proclamée par Marine Le Pen, être "la première force d'opposition à Emmanuel Macron".
Marine Le Pen est vendredi après-midi à Denain (Nord) pour soutenir un de ses proches, Sébastien Chenu, un des porte-parole de la campagne FN des législatives.
Jeudi 8 au soir, à trois jours du premier tour, elle sera en réunion publique à Calais pour appuyer la candidature de Philippe Olivier, son beau-frère et conseiller, après avoir déjà soutenu Damien Philippot, candidat dans l'Aisne et frère de Florian.
Marine Le Pen, au côté du maire FN d'Hénin-Beaumont Steeve Briois, lors d'une conférence de presse dans sa ville, le 19 mai 2017
AFP/Archives
Le vice-président du FN investit lui l'hippodrome de Laon vendredi à 18h pour soutenir les cinq candidats frontistes de l'Aisne, un département très favorable à Marine Le Pen, où elle a dépassé au second tour de la présidentielle les 50% dans quatre des cinq circonscriptions.
Enfin, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen sera vendredi soir dans un restaurant à Saint-Cyr-sur-le-Rhône (Rhône) pour soutenir un de ses proches de la jeune garde frontiste, Antoine Mellies.
Et pourtant, les frontistes mènent une drôle de campagne, encore désarçonnés par un débat d'entre-deux tours où Marine Le Pen a déçu voire énervé, et encore frustrés par les 33,9% finaux, en-deçà des objectifs.
Résultat: si elle est bien candidate aux législatives dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, fief de son ami Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont, la présidente du FN remplit a minima sa promesse d'être la cheffe de guerre frontiste dans la bataille législative.
Mis à part quelques interventions médiatiques, elle ne se déplace pour soutenir les candidats FN que dans sa zone d'influence des Hauts-de-France.
- Groupe incertain -
De son côté, Florian Philippot, candidat en Moselle, tente au cours de nombre de ses interventions médiatiques de désamorcer l'émoi qu'il a suscité en menaçant de démissionner du FN si celui-ci ne souhaitait plus sortir de l'euro.
Le numéro 2 du Front national Florian Philippot sort du QG de campagne de Marine Le Pen, le 7 mai 2017 à Paris
AFP
"Je défends des convictions, je ne m'arc-boute pas, je ne fais aucun chantage", a-t-il encore assuré sur RFI vendredi, rejetant donc le terme de "chantage" employé par le numéro 3 du parti Nicolas Bay, l'un des meneurs de la fronde interne contre la ligne sociale-souverainiste.
M. Philippot a aussi braqué nombre de frontistes en annonçant peu après la défaite le lancement de son association, "Les Patriotes", initiative jugée malvenue au milieu des législatives.
Marine Le Pen, elle-même, ne cache plus un certain agacement, et a laissé la porte ouverte à un éventuel départ de M. Philippot. Elle a ainsi exclu que le nouveau nom éventuel du Front national soit "Les Patriotes", un nom "ringard" d'après elle.
Quant à la benjamine du Front, Marion Maréchal-Le Pen, elle "remplit ses obligations" pour l'instant, selon un soutien, en soutenant divers proches en campagne législatives.
Mais elle quittera ensuite ses mandats. Son retrait de la politique, une décision qui n'est pas que personnelle contrairement à ce que préfère voir la direction frontiste, mais aussi politique, est a priori temporaire.
Déjà, ses soutiens ont le congrès en ligne de mire, prévu fin 2017 ou début 2018, afin de donner de la voix dans le grand débat interne qui pourrait être violent, en attendant un retour ultérieur de leur favorite.
Marion Maréchal-Le Pen, lors d'un meeting de campagne à La Tour-d'Aigues, dans le Vaucluse, le 23 octobre 2016
AFP/Archives
Leur rêve: réorienter à droite la ligne frontiste et affaiblir M. Philippot, à qui ils imputent une bonne partie d'une campagne jugée ratée.
Signe de la désunion, le parti n'a pas délivré de programme national pour ces législatives, laissant libres les candidats d'insister sur tel ou tel point au gré de leurs sensibilités personnelles.
Signe surtout du marasme de la campagne, l'objectif d'un groupe à l'Assemblée, soit quinze députés, qui semblait un plancher, est désormais incertain. Un sondage Ipsos Sopra Steria Game accordait vendredi 5 à 15 députés au FN.
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