Législatives : comment LR entend tirer son épingle du jeu face au duel entre la majorité et la NUPES
Alors que la bataille des législatives est en train de se polariser entre les forces de gauche d’un côté et, de l’autre, les soutiens du président de la République, la droite espère encore créer la surprise à l’issue du scrutin des 12 et 19 juin. LR table sur le scénario d’une majorité relative pour Emmanuel Macron afin de conserver un rôle central dans l’hémicycle.

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Alors que la bataille des législatives est en train de se polariser entre les forces de gauche d’un côté et, de l’autre, les soutiens du président de la République, la droite espère encore créer la surprise à l’issue du scrutin des 12 et 19 juin. LR table sur le scénario d’une majorité relative pour Emmanuel Macron afin de conserver un rôle central dans l’hémicycle.
Romain David

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Moins d’une semaine avant des législatives très incertaines, Les Républicains veulent voir le verre à moitié plein. Mardi 7 juin, à l’issue du dernier conseil stratégique avant le premier tour, Christian Jacob, le président du parti, a fait valoir la possibilité d’une fenêtre de tir qui permettrait à la droite, malgré la menace d’une réduction du nombre de députés dont elle dispose, de peser sur les travaux de la législature à venir. « Ce qui nous remonte du terrain, c’est que les Républicains sont en situation d’être des acteurs déterminants des cinq ans qui viennent. On voit bien le combat de coqs organisé entre le président de la République et Monsieur Mélenchon, chacun se faisant la courte échelle », a estimé lors d’un point presse, en fin de matinée, le patron des LR.

À l’approche du scrutin, les enquêtes d’opinion se montrent moins favorables à l’attelage présidentiel constitué de Renaissance (ex-LREM), le parti d’Emmanuel Macron, et de ses deux forces de soutien, le MoDem et Horizons. Selon le dernier pointage du baromètre Opinionway Kea pour Radio Classique et Les Echos, l’actuelle majorité pourrait décrocher entre 290 et 330 sièges à l’Assemblée nationale face à la NUPES, l’union des principaux partis de gauche, créditée de 160 à 190 sièges. Ces estimations ouvrent la voie à trois scénarios possibles. Soit Renaissance décroche à elle seule une majorité absolue, ce qui permettrait à Emmanuel Macron de mettre en application son programme électoral, soit le parti présidentiel, ne disposant que d’une majorité relative, devra s’appuyer sur ses deux partenaires. Troisième hypothèse, la plus pessimiste pour le chef de l’Etat : c'est l'ensemble de l'alliance présidentiel (Renaissance, MoDem et Horizons) qui doit se contenter d'une majorité relative, obligeant l’exécutif à aller chercher un appui du côté des autres forces politiques pour faire adopter certains textes. « Le président fait des discours, on a l’habitude de les entendre. Mais en vérité, les lois se votent à l’Assemblée. Les députés Les Républicains qui seront élus dans quinze jours sont vraiment en situation de faire changer les choses », veut croire Christian Jacob.

Lire aussi » Législatives : « Je ne sais pas si l’on aura une majorité », dramatise Patrick Mignola (MoDem)

Un groupe réduit à peau de chagrin mais incontournable ?

C’est donc sur un trou de souris que mise LR pour continuer à exister, alors que la droite, qui n’a jamais disposé d’aussi peu de députés LR et apparentés sous la Ve République (100 élus) pourrait perdre plus de 80 sièges, toujours selon les projections de Opinionway. « Tout n’est pas très rose, et l’on essaye de se rassurer », concède à Public Sénat la sénatrice LR Laure Darcos, qui est également la présidente de la fédération de l’Essonne. « Nous sommes assez loin de la présidentielle, ce qui est inédit. Les électeurs peuvent donc prendre du recul sur cette élection, mais les résultats du premier tour pour les Français de l’étranger installent déjà le match entre la majorité présidentielle et NUPES », analyse cette élue.

D’ailleurs, malgré l’optimisme affiché, Christian Jacob se garde bien de risquer une estimation quant au nombre de circonscriptions gagnables. « Je ne joue pas à ce jeu-là », balaye le chiraquien. « Je pense que dans quinze jours on créera la surprise, parce que nous sommes capables de représenter nos territoires », ajoute-t-il. Dans l’Hexagone, LR s'appuie sur l’ancrage de ses candidats, face à une majorité qui a entretenu des liens compliqués avec les élus locaux durant les cinq années écoulées. « Dans l’Essonne, la plupart des candidats LR sont capables d’éliminer les marcheurs du second tour. Mis à part Robin Reda (ex-député LR qui a rallié Emmanuel Macron après la présidentielle, ndlr), les candidats de la majorité sont plutôt des parachutés », note Laure Darcos.

« Je ne vais pas vous dire que l'on va tout renverser et que l'on va avoir une majorité à nous tout seuls. Mais ceux qui disent  : 'ils vont disparaître, les pauvres. Ils vont être 20 ou 30..'. Ceux-là vont en avoir pour leurs frais », a lancé Xavier Bertrand en marge du conseil stratégique.

S’opposer sans blocage

Par ailleurs, l’opposition de droite voit dans le « Conseil national de la refondation » annoncé par Emmanuel Macron une manière d’enjamber le Parlement en cas de résultats décevants aux législatives, ou du moins une nouvelle manifestation de la rupture souvent dénoncée par la droite entre l’exécutif et les corps intermédiaires. Vendredi 3 juin, dans un entretien à la presse régionale, le chef de l’Etat a fait part de sa volonté de réunir, après les législatives, les « forces politiques, économiques, sociales et associatives » avec un ensemble de citoyens tirés au sort, pour plancher notamment sur la future réforme des retraites. « C’est un mépris au-delà du commun. Après avoir méprisé les élus locaux, les maires, les corps intermédiaires, c’est désormais ses propres députés qu’il méprise », a condamné Christian Jacob lors de sa conférence de presse. « On voit bien quelle a été l’issue de la Convention citoyenne sur le climat, on a voulu passer outre le Parlement, mais on n’improvise pas un travail d’auditions et de consultations », avertit auprès de Public Sénat la sénatrice LR Christine Lavarde, qui a été rapporteure en 2021 du texte « Climat et résilience ». « Donner au citoyen le même pouvoir que des élus, c’est une annonce faite sciemment à une semaine des législatives », relève Laure Darcos.

Si la droite parvient à s’affirmer à l’issue de cette élection comme une force politique avec laquelle la majorité sera contrainte de dialoguer dans l’hémicycle, il lui faudra toutefois éviter l’écueil d’une dilution. LR a déjà été largement asphyxié durant la présidentielle par Emmanuel Macron, qui a présenté un peu plus d’un mois avant le scrutin un programme aux nombreuses similitudes avec celui de Valérie Pécresse. « Être une force d’appoint et un marchepied ? Certainement pas ! », a martelé Christian Jacob mardi matin. « En revanche, nous avons toujours été force de propositions. Si nous sommes en situation de faire bouger les textes, nous le ferons », explique-t-il. « Les textes qui vont dans le bon sens, on sait les voter, les améliorer. Ceux avec lesquels nous ne sommes pas d’accord, on sait s’y opposer avec fermeté et dureté. On continuera dans cet esprit », a défendu le patron des LR.

Lignes rouges

« Si Emmanuel Macron ne peut pas faire passer un texte sans nous, nos idées seront forcément représentées. C’est mieux que rien », souligne Christine Lavarde. « Avoir un bloc rappelant les coalitions à l’allemande permettrait aussi de freiner les excès de la majorité ». Et comme un avertissement lancé au camp présidentiel, Christian Jacob a tenu à rappeler ce mardi trois éléments de rupture avec la majorité : leur vision de la laïcité, la « rigueur budgétaire » défendue par la droite après le « quoi qu’il en coûte », et enfin la nécessité d’un recul à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite, point sur lequel le gouvernement semble prêt à faire quelques concessions aux partenaires sociaux.

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