Face à la campagne sur la pointe des pieds que mène le Rassemblement national dans ces élections législatives, Philippe Olivier, eurodéputé RN, se veut rassurant : « On a la même détermination à l’emporter, mais on a fait l’analyse qu’une élection législative c’est 577 élections parce que les situations locales y sont différentes. On a fait une campagne locale extrêmement active. Déjà en 2017, Mélenchon faisait son cirque, avec des paquets de pâte, des gens qui arrivaient en t-shirt au Parlement et finalement c’est nous qui avons été désignés 1er opposant par le corps électoral. »
Parce que c’est bien la dynamique de Jean-Luc Mélenchon et la NUPES, qui menace la place que Marine Le Pen avait occupée lors du second tour de l’élection présidentielle, face à Emmanuel Macron. « Nous, on ne prend pas les gens pour des imbéciles. Personne ne peut croire que M. Mélenchon va être Premier ministre, il raconte des carabistouilles. On a expliqué les choses parce que la logique des institutions c’est qu’il y a une prime au Président sortant et on a aussi LR qui vient en roue de secours. La question c’est, aura-t-il une majorité absolue ou devra-t-il composer avec une opposition. Nous incarnons une opposition respectueuse des institutions », répond Philippe Olivier.
NUPES et Macron « procèdent du même esprit, qui est de déconstruire la France »
Le conseiller de Marine Le Pen regrette un système électoral qui désavantage le RN, surtout face à une gauche unie : « On a fait la dernière mandature avec 6 députés et 1 sénateur, alors que nous étions la 1ère force politique, ce n’est pas une démocratie. Un pays qui veut fonctionner normalement doit avoir une opposition conséquente. La gauche dispose de bastions électoraux avec des villes. C’est artificiel car ils ne représentent pas la réalité électorale du pays. Dans n’importe quel pays d’Europe nous serions au pouvoir depuis 15 ans. » Le RN tente de se recentrer dans le jeu politique en se plaçant entre les « déconstructeurs d’en haut », incarnés par la majorité d’Emmanuel Macron, et « les déconstructeurs d’en bas » de la NUPES et de Jean-Luc Mélenchon. « Ils procèdent du même esprit qui est de déconstruire la France. L’un par le biais d’idéologies sulfureuses comme le racialisme, et l’autre par le mondialisme, d’une France diluée dans l’européisme puis au niveau mondial », ajoute Philippe Olivier.
La grande différence avec la NUPES aussi, c’est que le RN ne part pas uni, même au sein du « camp national », puisqu’aucune alliance n’a été conclue avec Reconquête ! et Éric Zemmour. Cela n’inquiète pas vraiment le conseiller de Marine Le Pen, qui reconnaît certaines divergences : « Il y a toujours eu à notre marge, de Villiers, Dupont-Aignan, là on a Éric Zemmour, cela fait partie du scénario classique. Il est dans le camp national, on a des divergences sur le plan économique et social et son analyse de l’immigration qui nous paraît un peu raide. » Philippe Olivier donne d’ailleurs peu de chances à Éric Zemmour d’être élu député le 19 juin prochain : « Je pense qu’il n’aura pas de 2ème tour et j’invite tous les électeurs d’Éric Zemmour à se porter sur le vote utile RN. Nous nous réunirons le soir du 1er tour pour voir la situation et évaluer les choses. Notre candidat est implanté depuis 5 ans et que Zemmour arrive en vacances et en chemise de plage pour faire campagne. »
En creusant un peu, on sent qu’au fond, c’est le discours d’Éric Zemmour le soir du second tour qui a définitivement enterré son projet « d’union des droites » : « Le soir du 2nd tour, Éric Zemmour prend la parole et dit que Marine Le Pen incarne un nouvel échec et propose l’alliance. Ce soir-là, Éric Zemmour a inventé la main tendue dans la figure. En réalité il disait qu’il allait faire alliance avec nous, mais qu’il fallait que nous nous débarrassions de Marine Le Pen. Or elle est le leader naturel du camp national, et une femme d’Etat pour la France. »