Législatives: des sortants socialistes face au spectre de 1993
Les députés socialistes sortants mènent une "bataille acharnée" pour ne pas "disparaître" lors d'un scrutin législatif sur lequel plane le...
Par Charlotte HILL
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Les députés socialistes sortants mènent une "bataille acharnée" pour ne pas "disparaître" lors d'un scrutin législatif sur lequel plane le spectre de la déroute de 1993.
Passera-t-on "d'un grand paquebot à une chaloupe" comme il y a 24 ans avec seulement 57 députés PS et alliés, selon la formule d'un élu ayant vécu cette bérézina? Cela pourrait être pire au vu des sondages qui donnent le PS et ses alliés autour de 8% à 9% des intentions de vote, avec des projections de 20 à 35 sièges, très loin derrière la République en marche (REM).
"Je passe par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel chaque jour", "c'est les montagnes russes" émotionnellement, confie à l'AFP Erwann Binet qui brigue sa propre succession dans l'Isère.
"Notre radar est quand même très perturbé", constate l'ex-rapporteur de la loi ouvrant le mariage aux homosexuels qui assure toutefois qu'il ne "voit pas les 6%" de la présidentielle (6,3% pour Benoît Hamon, ndlr) sur le terrain et affirme que les socialistes ne sont "pas à jeter".
Le député socialiste Erwann Binet à l'Assemblée nationale, le 10 janvier 2017
AFP/Archives
Comme lui, combien des quelque 140 députés PS sortants sur les 414 candidats sous l'étiquette socialiste, peuvent espérer arriver à bon port après les scrutins des 11 et 18 juin?
Des têtes d'affiche de diverses nuances de rose sont menacées, du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, à Benoît Hamon, en passant par Matthias Fekl, comme d'autres ex-membres du gouvernement briguant un premier mandat tels Najat Vallaud-Belkacem ou Juliette Méadel.
Après les bons résultats de REM chez les Français de l'étranger au premier tour, laissant augurer une razzia, M. Hamon a reconnu mardi que les socialistes allaient "connaître probablement un échec", dénonçant une "sorte de Macronmania".
Un ténor du parti évoque "une bataille acharnée sur le terrain pour tous pour être au second tour", avec des candidats "très très tendus".
Ils "sont tous sur le terrain à essayer de sauver ce qui peut l'être", observait récemment une source parlementaire, évoquant une "grande angoisse".
"On a tous le nez dans le guidon", "c'est un tel capharnaüm, des fois je me dis que je vais rester à la maison", admet un élu de longue date.
- "Une campagne d'enfer" -
Catherine Lemorton, qui présidait la commission des Affaires sociales de l'Assemblée sortante, fait "une campagne d'enfer" avec un "bon accueil". Mais "qu'est-ce qui va peser in fine?", se demande-t-elle.
Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis à Paris, le 9 mai 2017
AFP
"Je sens un désir de donner une majorité à Macron", "je suis sur des charbons ardents", rapporte aussi Michèle Delaunay, candidate à Bordeaux, se disant hostile à "l'idée de parti unique".
Mais, grince Erwann Binet, "je pense que si on met l'étiquette En Marche à une chèvre, elle peut être élue".
Un élu éminent reconnaît que "l'étiquette PS n'est pas facile à porter" tandis qu'un autre craint de "disparaître dès le 1er tour".
Mais certains se refusent à "désespérer de tout".
"Bien sûr qu'il y a de la déception vis-à-vis du PS, l'étiquette n'a pas le vent en poupe", mais "quand on est un député implanté, que les gens ont apprécié le travail, l'énergie, on sent que ça paye", veut croire Eduardo Rihan-Cypel, qui affrontera notamment l'ex-patron du RAID Jean-Michel Fauvergue (REM) en Seine-et-Marne.
Jean-Louis Bricout assure aussi que les électeurs dans l'Aisne ne lui "reprochent pas d'être PS". "Quasiment sûr" que le FN sera au deuxième tour, il compte sur "le vote républicain et l'effet de prime au sortant" pour l'emporter.
Quant à l'ex-porte-parole de Benoît Hamon Alexis Bachelay, il constate amèrement qu'"à l'arrivée, malheureusement, là où REM a le plus de chances d'élire des députés, c'est sur la tête des députés socialistes".
Mais dans sa circonscription "très à gauche" des Hauts-de-Seine, il assure avoir un "très bon accueil". Etre sortant, avec notamment "une petite prime de notoriété", "c'est ma seule chance" de l'emporter, dit-il, se refusant toutefois à "faire le matamore".
Invité de la matinale de Public Sénat, le vice-Président du Rassemblement national et député du Nord Sébastien Chenu a réagi à l’échec d’une nouvelle motion de censure déposée par les Insoumis contre François Bayrou, lundi 10 février. Pour le parlementaire, faire tomber le gouvernement n’a pas d’intérêt tant qu’Emmanuel Macron ne peut pas dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale.
En clôture de la première journée du sommet sur l’intelligence artificielle, le président de la République a affirmé que la France était « de retour dans la course » à l’innovation. Energie décarbonée, formations d’excellence… Emmanuel Macron appelle les investisseurs à privilégier la France, face aux Etats-Unis.
Les sénateurs des différents partis du bloc central estiment nécessaire d’engager une réflexion sur la possibilité d’une candidature commune pour la prochaine présidentielle, afin de limiter le risque d’éparpillement. En revanche, le principe d’une primaire qui irait de Renaissance aux LR, telle qu’évoquée par Gérald Darmanin ce week-end, rebute de nombreux élus, échaudés par ce mécanisme et ses précédents.
Invitée de la matinale de Public Sénat, la députée Ensemble pour la République et ancienne porte-parole du gouvernement Barnier, Maud Bregeon appelle, comme Gérald Darmanin, à une « candidature unique de la droite et du centre » lors de la prochaine élection présidentielle, pour faire face à un Rassemblement national « de plus en plus puissant et de plus en plus structuré ».