Législatives françaises: « capharnaüm » dans la circonscription de l’ex-Premier ministre Valls
Un chanteur, un provocateur et 19 autres candidats au profil hétéroclite mènent campagne contre l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls,...
Par Eloi ROUYER
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
Un chanteur, un provocateur et 19 autres candidats au profil hétéroclite mènent campagne contre l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, casting le plus surprenant des élections législatives prévues en France les 11 et 18 juin.
"Cirque", "capharnaüm", "grand n'importe quoi"... les électeurs de cette circonscription d'Essonne, territoire populaire et cosmopolite du sud de Paris, rivalisent de qualificatifs sur cette affiche électorale.
Et pour certains, c'est l'ancien chef du gouvernement de François Hollande le premier responsable. Il "paie plein pot l'échec du quinquennat" ainsi que l'"hystérisation du débat politique" à laquelle il a participé ces dernières années, affirme par exemple Michel Nouaille, candidat communiste.
Parmi les candidats, figurent un fantasque chanteur de variétés et un humoriste agitateur plusieurs fois condamné pour antisémitisme associé à un jeune homme célèbre pour avoir giflé Valls. "Bienvenue en absurdie", résume un hebdomadaire.
"Pense à moi comme je t'aime", chante Francis Lalanne, dans un de ses titres les plus connus. Mais cette fois, le compositeur-interprète, cheveux longs et cuissardes, change de registre: suppléant d'un candidat écologiste, il veut porter "une alternative citoyenne à la politique politicienne" incarnée par M. Valls et se défend de toute candidature "loufoque".
Le comique Dieudonné MBala MBala est lui aussi venu pour l'ancien Premier ministre. Pour faire "face à celui qui a voulu me faire taire, celui qui a voulu me détruire, moi et ma famille", explique-t-il dans une vidéo.
Dieudonné M’bala M’bala le 20 mai 2017 à Paris
AFP/Archives
Humoriste apprécié avant que ses dérapages antisémites ne lui valent plusieurs condamnations, celui que tout le monde appelle Dieudonné avait vu ses spectacles interdits par l'ancien Premier ministre.
Il a choisi comme suppléant un militant identitaire breton, Nolan Lapie, qui avait donné une claque à M. Valls lors d'un déplacement, écopant au passage d'une peine de prison avec sursis.
Sur les affiches de Dieudonné placardées à Evry, Corbeil ou Courcouronnes, les grandes villes de la circonscription, le jeune homme au visage lunaire porte ce geste en étendard: il se présente comme "le gifleur de Manuel Valls".
Pour l'ex-chef du gouvernement, ces candidatures sont "un manque de respect vis-à-vis des électeurs", comme il l'a dit au quotidien Le Parisien.
Ses rivaux l'analysent au contraire comme un juste retour des choses, en raison de sa personnalité et du bilan de son gouvernement.
- 'Les gens sont paumés' -
"Il y a une volonté chez beaucoup de se faire Valls", résume M. Nouaille.
L'homme politique de 54 ans, connu pour ses coups de sang et son caractère intransigeant, mène d'ailleurs campagne en cavalier seul: "la République en Marche" (LREM) du nouveau président Emmanuel Macron, lui a refusé son investiture, tout comme le Parti socialiste, sa formation d'origine.
Sa présence et les réactions exacerbées qu'elle suscite ne sont pas le seul ingrédient de confusion: le nombre des candidats (22, soit 8 de plus que la moyenne nationale), et leurs positionnements politiques flous compliquent la donne.
"Les gens sont paumés, ils n'y voient plus clair", reconnait pour l'AFP Jean-Luc Raymond, l'un des quatre candidats a revendiquer la bannière de la majorité présidentielle - alors que REM a choisi de n'investir aucun candidat.
A droite, les Républicains (LR) avouent mener une campagne difficile pour "remobiliser les électeurs" après la défaite cinglante du candidat de leur parti, François Fillon, au premier tour de la présidentielle, dans un climat de soupçons et d'affaires.
Au niveau local comme au niveau national, ils peinent à clarifier leur ligne politique face au centrisme incarné par le nouveau président de la République. "Beaucoup d'électeurs ont envie de croire en Macron, on a tous envie d'y croire d'ailleurs", confie leur propre candidate locale, Caroline Varin.
A gauche, le message n'est pas beaucoup plus clair.
Francis Lalanne le 39 août 2015 in Chanceaux-près-Loches
AFP/Archives
Deux listes se réclament de la dynamique du candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, qui a fait de bons scores dans l'Essonne: d'un côté, Farida Amrani, officiellement investie, de l'autre M. Nouaille, soutenu par les écologistes et par celui qui a porté les couleurs socialistes à la présidentielle, Benoît Hamon.
Donnée au coude à coude avec M. Valls dans un sondage, Farida Amrani se veut confiante: "les gens voient bien que 22 candidatures, ça peut être un boulevard pour Manuel Valls, du coup ils vont se recentrer sur ceux qui ont un programme crédible pour l'emporter".
"On veut se tourner vers l'avenir", dit-elle. Son but: voir "s'effondrer le vieux monde" politique qu'incarne à ses yeux l'ex-Premier ministre.
Auditionné par la commission d’enquête du Sénat sur les agences de l’Etat, Laurent Marcangeli est revenu sur la méthode du gouvernement pour « simplifier » l’écosystème des agences et opérateurs de l’Etat. Les plans ministériels devraient être finalisés à la mi-juin et ce travail pourrait donner lieu à un projet de loi, voire une proposition de loi, a annoncé le ministre de la Fonction publique.
A 10 jours de l’élection du président des Républicains, Laurent Wauquiez laboure les terres de la droite pour aller chercher une victoire face au favori, Bruno Retailleau. Ce mercredi, dans un restaurant du XVe arrondissement de Paris, le chef de file des députés de droite a présenté sa candidature « de rupture » avec le pouvoir en place. Membre du gouvernement, l’élection de Bruno Retailleau à la tête des LR ferait prendre le risque, selon lui, d’une dilution de la droite dans le macronisme.
Le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, a interpellé ce 7 mai, lors des questions au gouvernement, le Premier ministre François Bayrou sur les projets de référendum évoqués ces derniers jours par l'exécutif.
Réagissant à la publication d’un livre à charge sur le fonctionnement de la France insoumise, Patrick Kanner, le président du groupe PS au Sénat, épingle le rôle joué par Jean-Luc Mélenchon. Il appelle la gauche à tirer les enseignements de cet ouvrage.