Dimanche, les électeurs sont de nouveau appelés à se rendre aux urnes afin d’élire leurs députés. Selon un sondage Odoxa pour franceinfo, publié ce vendredi, 53% d’entre eux devraient s’abstenir. C’est comme quand « on est à la Coupe du monde de football, en finale, et qu’on nous dit qu’il y a le match pour la troisième place », ironise Raquel Garrido pour évoquer la lassitude des Français.
La France insoumise, dont elle est la porte-parole, pourrait bien être le premier mouvement à pâtir de l’abstention : d’après ce même sondage, 61% des 18-24 ans et 63% des 25-34ans n’iront pas voter. Or les jeunes sont le socle de l’électoral du parti de Jean-Luc Mélenchon.
« Ne pas aller voter est rationnel »
Contrairement au député frontiste Gilbert Collard qui s’en ait pris aux électeurs - « Allez voter, bande de fainéants » - Raquel Garrido assure n’avoir « jamais culpabilisé les abstentionnistes car le fait de ne pas aller voter est rationnel ». Mais cela nourrit son combat pour la reconnaissance du vote blanc et la mise en place de la proportionnelle comme mode de scrutin des législatives. Elle invoque notamment le « droit des citoyens d’être représentés » à l’Assemblée.
Raquel Garrido assure n’avoir « jamais culpabilisé les abstentionnistes car le fait de ne pas aller voter est rationnel »
Le Premier ministre Édouard Philippe a relancé le débat du mode de scrutin mardi, sur France info, jugeant « utile » d’introduire « une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale ». Avant l’élection présidentielle, François Bayrou, avait, pour sa part, fait part une nouvelle fois de sa volontaire d’introduire de la proportionnelle aux élections législatives. Mais pour l’instant, il semblerait que son vœu n’ait pas été entendu. « La représentativité est un enjeu de moralisation, la loi de moralisation doit l’inclure, je le demande fermement au gouvernement et à Bayrou », insiste Raquel Garrido.
« Pouvoir s’organiser en opposition est la base de la démocratie »
La porte-parole de La France insoumise craint que son parti ne soit pas en mesure de créer un groupe, d’autant qu’elle confirme que LFI n’a pas d’obligation de s’allier » au PCF. En cause, le seuil des 15 députés, indispensable pour en constituer un. Pour anticiper une telle situation, elle en appelle à La République en marche, à qui elle demande de « changer cette règle pour l’adapter à la réalité », dans l’hypothèse où le parti serait effectivement largement majoritaire. « Pouvoir s’organiser en opposition est la base de la démocratie et du pluralisme en politique », renchérit-elle. Selon elle, un groupe devrait pouvoir être formé dès deux personnes tant le rôle de l’opposition est crucial.
« Tout le monde redoute une hégémonie sans contrepartie », estime-t-elle avant de faire référence à la nécessité d’être 60 députés pour saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il vérifie la conformité d’une loi à la Constitution : « Si un groupe n’a pas 60 députés, ce petit contrôle de base ne serait même plus possible ». À moins que des députés de sensibilités politiques différentes trouvent un terrain d’entente, ce qui ne semble pas vraiment envisageable du côté de LFI : « Il n’y a qu’un seul mouvement qui porte des valeurs humanistes, écologiques et sociales, la France insoumise. »