Au FN, la déception du score de Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle va devoir être rapidement digérée pour entamer au mieux la campagne des législatives. Quelle sera la teneur la plateforme programmatique qui guidera les candidats FN ? « Nous allons défendre le pouvoir d’achat des Français et demander qu’on rétablisse un certain nombre de protections économiques dans notre pays. Défendre aussi la sécurité des Français, parce qu’aujourd’hui on parle beaucoup de terrorisme mais il y a aussi une insécurité, une délinquance qui se généralise en France (…) Il faut défendre, évidemment, nos compatriotes contre l’immigration massive » a résumé, hier, Nicolas Bay, le directeur de campagne pour les législatives, lors d’une conférence de presse à Nanterre.
Nicolas Bay détaille les axes de campagne pour les législatives
« La sortie de l’euro n’est pas une question législative »
Sécurité, immigration, pouvoir d’achat … L’accent est mis sur les thèmes de prédilection du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Une nouvelle campagne qui s’annonce permet aussi de mettre sous le tapis, pour un temps, les atermoiements autour de la sortie de l’euro : le gros couac de la campagne d’entre-deux-tours de Marine Le Pen. « La sortie de l’euro. Ce n’est pas une question législative » balaye Gilbert Collard, député Rassemblement bleu Marine du Gard et candidat à sa propre réélection.
Avec près de 11 millions de voix en faveur de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, la prochaine échéance se présente bien. En apparence. La possibilité de former un groupe parlementaire est pratiquement assurée. Un sondage OpnionWay-SVPL analytics réalisé au début du mois pour Les Échos et Radio Classique, estime le nombre de députés frontistes entre 15 à 25. Mais la « transformation profonde » du FN en « une nouvelle force politique » annoncée par Marine Le Pen, le soir du second tour, peine à apparaître.
Fin de l’accord entre le FN et Debout la France
C’est tout d’abord le rallié d’hier, Nicolas Dupont-Aignan, qui refuse de laisser « au FN le monopole de l’opposition » et souhaite proposer au Français « le choix d'un patriotisme républicain de bon sens différent du FN ». En conséquence, l’accord de gouvernement passé, jadis entre le Front National et Debout la France, n’est plus. Les deux formations auront des candidatures séparées dans l’ensemble des circonscriptions. Ce qui n’empêchera pas « un rassemblement au second tour pour faire gagner les patriotes et battre autant que possible l'hypothétique future majorité de M. Macron », a précisé M. Bay. Plus prudent, Nicolas Dupont-Aignan s’est lui borné à dire que les désistements, même en faveur du FN, seraient étudiés « au cas par cas ».
Marine Le Pen candidate à Hénin-Beaumont
Autre difficulté, « l’égérie » du parti, la députée du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen a annoncé qu’elle se mettait en retrait de la vie politique pour un temps indéterminé. Marine Le Pen, « fatiguée » selon ses proches, a, elle, laissé planer le doute sur ses intentions pour les législatives. Selon franceinfo, celle qui vient de retrouver la présidence du Front national devrait annoncer en fin de semaine sa candidature dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais à Hénin-Beaumont, au grand dam de l’un de ses proches, Gilbert Collard. « Je pense qu’elle ne devrait pas descendre de son piédestal de candidate à la présidentielle pour mener le combat à l’Assemblée nationale. Elle doit rester au dessus. Mais c’est mon avis et il est isolé » précise l’avocat. L’information de franceinfo n’a, toutefois, pas été confirmée par Nicolas Bay.
Les Patriotes de Florian Philippot
Et Florian Philippot dans tout ça ? Pointé du doigt comme étant l’un des principaux responsables de la stratégie perdante de Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle, le vice-président du FN a quelque peu braqué les cadres du parti en menaçant de quitter le FN si la question de la sortie de l’euro était abandonnée. Ce mardi, l’eurodéputé, candidat à l’élection législative dans la 6e circonscription de Moselle, lance sa propre association intitulée « Les Patriotes ». « Ce ne sera pas un courant mais une association logée au sein du FN chargée de « défendre et porter le message de Marine Le Pen au soir du second tour de l’élection présidentielle » a-t-il précisé à l’Opinion.
Contacté par publicsenat.fr, Maxime Thiébaut, ancien cadre du parti de Nicolas Dupont-Aignan et désormais vice-président des Patriotes y voit l’incarnation « d’un patriotisme généreux », « le moyen de faire respirer le camp des patriotes après l’échec de l’accord entre le FN et Debout la France ». L’association aurait déjà séduit près de 2000 personnes et n’a pas vocation à devenir un parti selon Maxime Thiébaut. Lui-même est candidat dans 4e circonscription de Saône-et-Loire sous l’étiquette FN. « Je vais adhérer au FN prochainement. C’est une simple formalité administrative et ça permet aussi d’avoir plus de visibilité sur Internet » ajoute-t-il.
Interrogé sur la nouvelle association de Florian Philippot, Gilbert Collard philosophe. « Il faut bien que le soleil médiatique brille pour tout le monde ». Un cadre historique du FN tranche, laconique : « Il a ouvert la boîte de pandore ».