Législatives : les « négos » se prolongent entre LFI et le PS
L’union est un combat et nécessite des négociations à rallonge. Si les choses avancent bien, les discussions entre les insoumis et les socialistes se compliquent autour des circonscriptions. Derrière, c’est le poids de chacun dans la prochaine Assemblée et le financement public qui se jouent. LFI a fixé la limite des négociations à ce soir.

Législatives : les « négos » se prolongent entre LFI et le PS

L’union est un combat et nécessite des négociations à rallonge. Si les choses avancent bien, les discussions entre les insoumis et les socialistes se compliquent autour des circonscriptions. Derrière, c’est le poids de chacun dans la prochaine Assemblée et le financement public qui se jouent. LFI a fixé la limite des négociations à ce soir.
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Ça dure. Les discussions continuent ce mardi entre le Parti socialiste et La France insoumise, en vue d’un éventuel accord pour les élections législatives. Ce qui serait une petite révolution pour le PS prend tu temps, forcément. Si les choses ont bien avancé jusque là, la question des circonscriptions notamment est plus compliquée. LFI a fixé la limite des négociations à ce soir.

« Nous sommes à quelques pas d’un accord historique, il reste certains réglages », a expliqué ce matin, sur Europe 1, Pierre Jouvet, porte-parole du PS et chef des négociateurs. « J’espère qu’on va y parvenir, car on a tous le sentiment de construire quelque chose d’historique », a-t-il ajouté, expliquant que les échanges portent sur « le contenu programmatique, les enjeux stratégiques, la répartition des circonscriptions ». Et d’ajouter :

On est en train de s’apercevoir que les gauches ne sont pas si irréconciliables que cela.

« Ça ne coince pas. Mais tant qu’il n’y a pas un accord et un équilibre, ça continue. C’est work in progress »

La veille, lundi matin, juste avant la reprise des discussions au siège de LFI, la volonté était là du côté du PS. « On est dans un esprit d’essayer de conclure », confiait le député PS Laurent Baumel, en charge des relations extérieures du parti et l’un des négociateurs. La veille, pour le défilé traditionnel du 1er mai, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, et Jean-Luc Mélenchon, avaient posé ensemble et affiché leurs sourires, signe du nouveau climat positif. « Cela incarne et symbolise un désir, une aspiration très forte du peuple de gauche pour que quelque chose se passe de ce côté-là. Hier, on a senti une grande attente sur l’aspiration unitaire. On reçoit des centaines de témoignages. Les gens sont vraiment en attente », raconte Laurent Baumel, alors qu’au sein du PS, ce rapprochement a entraîné une crise interne.

A la mi-journée, hier, toujours pas de fumée rose. « Ça ne coince pas. Mais tant qu’il n’y a pas un accord et un équilibre, ça continue. C’est work in progress. C’est normal », confie un négociateur PS pendant la pause déjeuner. La question de l’Europe, et bien sûr des circonscriptions, compliquent les choses. « Ça ne coince pas, ça dure car on discute programme, stratégie et circonscriptions. Ça fait 10 ans qu’on ne s’est pas vus, c’est normal que ce soit long », soutient aussi à la pause méridienne Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis. Il ajoute : « Les choses avancent quand même ». Sur l’Europe, ça discute autour d’un verbe. Il souligne que « désobéir (aux traités), ce n’est pas sortir de l’Europe ». Le mot est employé dans le texte de l’accord passé avec EELV, au lieu du terme « désobéissance », que défend à l’origine LFI.

Lire aussi » « Désobéissance » aux traités européens : « Nous ne bougerons pas sur cette idée », avertit Clémentine Autain

Surtout, les discussions avec EELV ont préparé le terrain. « Comme les préoccupations des socialistes sont un peu les mêmes que chez EELV, je pense qu’une partie de l’accord avec EELV peut servir avec les socialistes. C’est-à-dire à la fois l’affirmation que dans les 5 ans à venir, ce n’est pas un gouvernement qui aura pour objectif de sortir de l’Union européenne, ni de la monnaie unique », mais « on désobéira uniquement sur des questions de politiques économiques et sociale, si c’est en contradiction avec le programme », précise Eric Coquerel.

Tenter « d’atterrir sur les circonscriptions »

Une réunion tripartite LFI-PS-EELV, prévue lundi matin, a finalement eu lieu hier après-midi, avant que les communistes se joignent au petit groupe en fin de soirée. S’il s’agit de mettre tout le monde autour de la table, c’est pour tenter « d’atterrir sur les circonscriptions ». « J’ai bon espoir. A cette heure de la journée, je suis raisonnablement optimiste », confiait en début d’après-midi le député LFI Eric Coquerel. Signe que les choses devenaient encore plus sérieuses, le premier secrétaire Olivier Faure a fait son arrivée pour cette réunion, suivi ensuite de Julien Bayrou, numéro 1 d’EELV. Les discussions tripartites sur les circonscriptions se font sur l’ensemble des circonscriptions, sauf celles de Corse (4) et de l’Outre-Mer (27), soit sur 546 candidatures.

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Pour mettre de d’huile dans les rouages, LFI est prêt à lâcher un peu de lest. Les règles de calculs très strictes qu’elle avait définies, basées sur les scores de chacun à la présidentielle, ne laisserait qu’une trentaine de candidats au PS. Une proposition qui serait inacceptable, préviennent les négociateurs PS, sachant qu’il faut avoir au moins 50 candidats qui font 1 % pour ouvrir un financement de l’Etat. Les Insoumis ont donc fait un effort, avec une proposition « bien au-dessus de la proportionnelle » du score de la présidentielle. « Ce qui compte, c’est que le PS a 50 ans d’histoire et des implantations locales. Donc on en tient compte », explique Eric Coquerel.

Mais pas suffisamment, apparemment, pour le PS. Ce matin, on reconnaissait que les « négos » étaient difficiles… La députée européenne LFI Manon Aubry expliquait ce midi qu’« il y a encore des points de tensions ». Beaucoup espèrent néanmoins voir la fumée blanche avant ce soir, surtout après l’accord dimanche avec EELV, et celui avec les communistes, en passe d’être conclu. Ce 3 mai est la date anniversaire de la victoire du Front populaire, en 1936. Le clin d’œil tomberait à point. La politique, c’est aussi fait de symboles.

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