Législatives : les points chauds du second tour, qui pourraient faire basculer le scrutin

Législatives : les points chauds du second tour, qui pourraient faire basculer le scrutin

À l’approche du second tour des élections législatives, les sondeurs multiplient les projections. S’il est possible après le 1er tour de se faire une idée des rapports de force, certaines circonscriptions paraissent particulièrement indécises et seront la clé du scrutin pour savoir si Emmanuel Macron disposera ou pas d’une majorité à l’Assemblée nationale.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Alors que le second tour des élections législatives se tiendra dimanche prochain, les projections des sondeurs sont partagées sur les chances pour Emmanuel Macron de réussir à réunir une majorité. Vu les résultats du 1er tour, soit le Président de la République conservera une courte majorité absolue avec ses alliés du MoDem et d’Horizons, soit il bénéficiera d’une majorité relative et devra composer avec LR, soit une mobilisation plus importante pourrait permettre à la Nupes de créer la surprise. Dans tous les cas, ce sont certaines circonscriptions particulièrement indécises au vu des résultats du premier tour qui décideront de la couleur exacte de la prochaine Assemblée nationale. Retour sur ces « points chauds », sorte de « swing states » à la française, et sur les quelques personnalités politiques de premier plan qui sont loin d’être assurées de leur élection.

  • Région parisienne : des ministres en danger face à la Nupes

En 2017, une vague macroniste avait déferlé sur la France, et, à plus forte raison encore, sur la région parisienne. Le reflux a déjà été fort, cinq ans plus tard, au 1er tour des élections législatives de 2022, avec des duels qui s’annoncent particulièrement serrés dimanche prochain. Comme un symbole de ce retournement, trois ministres facilement élus en 2017 sont en grande difficulté en région parisienne : Stanislas Guérini, dans la 3ème circonscription de Paris, à cheval sur les XVIIème et XVIIIème arrondissements. Clément Beaune dans la 7ème circonscription de Paris et Amélie de Montchalin dans la 6ème circonscription de l’Essonne.

Tous trois affronteront des candidats de la Nupes et risqueront dimanche de perdre leur portefeuille en cas de défaite, mais cette configuration se retrouve dans de nombreuses circonscriptions franciliennes. Dans le Val d’Oise, les 1ère, 2ème, 3ème, 6ème et 7ème circonscriptions pourraient basculer d’un côté comme de l’autre et ainsi colorer un peu différemment l’hémicycle de la prochaine législature. De même dans l’Essonne, où, en plus de la « circo » d’Amélie de Montchalin, les 3ème, 5ème et 9ème circonscriptions seront le théâtre d’affrontements serrés entre la Nupes et la majorité présidentielle. À noter que Nicolas Dupont-Aignan (DLF) est lui aussi en difficulté face à la Nupes dans la 8ème circonscription de l’Essonne (Brunoy) où il est pourtant élu depuis 1997.

  • Le duel entre la majorité présidentielle et la Nupes dans l’Ouest

Un peu comme en région parisienne, l’Ouest – et notamment la Bretagne – est un des bastions originels du macronisme, et l’est largement resté lors du 1er tour de ces élections législatives. Pourtant, quelques circonscriptions qui avaient élu des députés LREM en 2017 pourraient bien revenir aux sources et envoyer des députés de gauche à l’Assemblée nationale pour la prochaine législature. C’est par exemple le cas dans les 2ème et 4ème circonscriptions d’Indre-et-Loire, la 8ème du Finistère (Concarneau), la 5ème des Côtes d’Armor (Paimpol), la 6ème du Morbihan et la 2ème d’Ille-et-Vilaine, à Rennes.

À l’inverse, Delphine Batho, sortante EELV-Nupes, est en difficulté pour conserver son siège dans la 2ème circonscription des Deux-Sèvres. Dans le Sud-Ouest, une autre terre de gauche historique, des circonscriptions passées LREM en 2017 sont extrêmement disputées, notamment dans les 1ère et 2ème circonscriptions des Landes, et la 1ère des Pyrénées-Atlantiques, à Pau.

À noter aussi, la percée du Rassemblement national en Normandie, dans l’Eure, où les résultats des duels entre des candidats du RN et de la majorité présidentielle seront particulièrement incertains dans les 2ème et 3ème circonscriptions.

  • Le RN concrétisera-t-il sa percée dans le Sud ?

Mais c’est surtout dans le Sud que le RN pourrait gagner des sièges. Historiquement, le Front, puis le Rassemblement national, est géographiquement coupé en deux entre son implantation dans le bassin minier et dans le sud-est de la France. Les principales figures du RN à l’Assemblée nationale sont actuellement plutôt issues du « RN du nord », mais les scores du 1er tour pourraient faire espérer à Marine Le Pen de rafler quelques sièges, dans les Bouches-du-Rhône notamment.

Des candidats du Rassemblement national y affronteront des candidats Nupes dans des duels particulièrement serrés dans les 3ème, 9ème, 10ème et 16ème circonscriptions, la majorité présidentielle dans la 15ème circonscription, et un candidat LR dans la 12ème. De même dans la Drôme, où le RN a une chance de gagner un siège face à la Nupes dans la 2ème circonscription. La 2ème circonscription des Alpes-de-Haute-Provence sera aussi à surveiller, puisque Christophe Castaner y est en difficulté face à la Nupes.

  • Des sièges à prendre dans la diagonale du vide

Enfin, la « diagonale du vide » sera aussi le lieu d’affrontements très incertains, entre des candidats Nupes et de la majorité présidentielle dans les 3ème et 4ème circonscriptions du Puy-de-Dôme, la 2ème de Côte d’Or et la 1ère de la Vienne. Dans l’Yonne en revanche, c’est le RN qui cherchera à tirer son épingle du jeu, avec des duels serrés face à la majorité présidentielle dans les 2ème et 3ème circonscriptions, et face à la Nupes dans la 1ère.

>> Retrouvez le détail des résultats sur notre carte interactive : Législatives 2022 : la carte interactive des résultats du premier tour

Dans la même thématique

Paris: Concertation Emmanuel Macron et Nouveau Front Populaire Elysee
10min

Politique

Gouvernement Barnier, destitution, retraites… Les hésitations de la gauche sur la stratégie à adopter

Le Nouveau Front Populaire (NFP) peine à porter une voix commune sur les prochaines échéances parlementaires, malgré la volonté partagée par l’ensemble des groupes de gauche de censurer le futur gouvernement de Michel Barnier. En outre, l’affrontement des derniers jours entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin interroge sur la place de LFI au sein de l’alliance.

Le

Paris: Designation Bureau Assemblee Nationale
5min

Politique

Destitution : la procédure lancée par LFI va-t-elle pour la première fois passer le filtre du Bureau de l’Assemblée nationale ?

Mardi, la recevabilité de la proposition de résolution, déposée par le groupe LFI visant à « engager la procédure de destitution » à l’encontre du chef l’Etat sera examinée par le Bureau de l’Assemblée nationale. Si jamais, le Bureau décidait pour la première fois de transmettre la procédure de résolution à la commission des lois, de nombreuses autres étapes resteraient à franchir afin que la destitution prévue à l’article 68 de la Constitution soit effective.

Le

Current affairs question session with the government – Politics
8min

Politique

Gouvernement Barnier : au Sénat, l’accentuation du clivage droite/gauche va-t-il créer des tensions ?

Avec le soutien de la droite à Michel Barnier, le groupe LR va se retrouver dans la majorité gouvernementale. De quoi tendre les débats avec la gauche ? Patrick Kanner, à la tête des sénateurs PS, promet déjà « une opposition frontale face au couple Barnier / Macron ». Il a demandé à ses troupes de « se préparer à une ambiance différente ». Mais pour le sénateur LR Max Brisson, « le Sénat restera le Sénat. Les clivages politiques ne sont pas du tout comparables à ce qu’ils sont à l’Assemblée ».

Le

Budget 2025 : les premières réponses qui se dessinent au Sénat pour redresser les comptes publics
3min

Politique

Le budget 2025 retardé ? « Cela n’est pas de la responsabilité du Premier ministre, mais du Président qui a mis deux mois à le nommer », avance Claude Raynal

Ce lundi, Michel Barnier a annoncé qu’il transmettrait à la commission des finances de l’Assemblée nationale un courrier comprenant des documents relatifs au budget pour l’année 2025. Si la commission des finances du Sénat a également eu ses informations, son président, Claude Raynal et son rapporteur général, Jean-François Husson, déplorent le retard déjà pris sur le calendrier budgétaire. Les deux sénateurs pointent du doigt la nomination tardive de Michel Barnier par Emmanuel Macron.

Le