Manière d’envoyer un gage au RN qui le menace toujours de censure, François Bayrou a réservé la primeur des consultations des forces politiques sur le scrutin proportionnel aux législatives, à Marine Le Pen et Jordan Bardella. Une réforme que le parti à la flamme appelle de longue date, aux législatives de 1986, la proportionnelle avait permis à 35 députés FN de faire leur entrée au Palais Bourbon.
« Chaque Français doit pouvoir être représenté à l’Assemblée nationale » […] « La proportionnelle est un élément de réparation de la confiance des Français envers leurs représentants », a-t-elle estimé à la sortie de son entretien avec le Premier ministre. La présidente du groupe RN de l’Assemblée nationale a rappelé sa préférence pour une proportionnelle dans la circonscription du département avec l’établissement d’une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. C’est-à-dire que la liste arrivée première bénéfice d’un bonus, lui assurant la majorité.
« La proportionnelle de 86, un moindre mal »
« Il nous apparaît que le département est la circonscription de liste qui permet de mettre en œuvre la proportionnelle et de conserver l’encrage des députés dans les territoires […] Un troisième critère conjoncturel doit être pensé, c’est celui d’une potentielle prime […] puisque l’objectif doit être, dans cette vie politique polarisée, de pouvoir permettre l’émergence d’une majorité à l’Assemblée nationale », a-t-elle exposée, reconnaissant qu’il y avait sur ce point « un désaccord avec le Premier ministre ». « La proportionnelle de 86, c’est-à-dire la proportionnelle intégrale par département, nous paraît être un moindre mal par rapport à un système majoritaire », a-t-elle ajouté, précisant que « c’est sur ce mode de scrutin de 1986 que l’Assemblée sera saisie ». « Si c’est sur celui-là que l’on retombe, le Rassemblement national le défendra ».
La députée a appelé les autres formations politiques à se prononcer. « Il serait intéressant de voir si des mouvements politiques qui ont toujours défendu la proportionnelle persistent à la défendre ou si, en fonction de petits calculs politiciens personnels, ils changent d’avis en fonction de leurs intérêts. Ce n’est pas notre cas », a-t-elle fait valoir. Elle a par ailleurs indiqué qu’elle souhaitait que cette réforme soit examinée au Parlement « avant » la coupure de l’été.
Marine Le Pen met au défi Renaissance de « contredire » Emmanuel Macron
Parmi les partis politiques opposés à la réforme, arrivent en tête Les Républicains. Dans le cadre de la campagne pour la présidence du parti, le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez a tenté de pousser à la faute ce week-end son rival Bruno Retailleau, lui demandant de « s’opposer à cette volonté de François Bayrou et imposer au premier ministre l’abandon » de la réforme du mode de scrutin.
Le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal, accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin, sera reçu le 1er mai à Matignon. Les députés Renaissance ne semblent plus tellement emballés par la réforme, considérant désormais que le mode de scrutin actuel est « le moins pire ». « Emmanuel Macron a, à de multiples reprises, promis cette proportionnelle. Je n’ose imaginer que son mouvement puisse le contredire sur un sujet aussi important que celui-là », a mis au défi Marine Le Pen.