Législatives : Mélenchon à Marseille pour aller droit au but
C’est officiel, Jean-Luc Mélenchon est candidat à l’élection législative de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Lors d’une conférence de presse, il a réfuté tout parachutage et a été clair sur ses intentions : « Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer ».

Législatives : Mélenchon à Marseille pour aller droit au but

C’est officiel, Jean-Luc Mélenchon est candidat à l’élection législative de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône. Lors d’une conférence de presse, il a réfuté tout parachutage et a été clair sur ses intentions : « Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer ».
Public Sénat

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

« Par continuité et cohérence, ayant porté la campagne présidentielle, je porterai donc aussi la campagne législative (…) Marseille est un choix politique. C'est un petit concentré de la France (…) Nous ne demandons de passeport à personne. À Marseille, nous sommes tous des parachutés. Ici, comme partout ailleurs, je suis dans mon pays ». À l’occasion d’une conférence de presse dans la cité phocéenne, Jean-Luc Mélenchon, candidat malheureux à l’élection présidentielle, a officialisé sa candidature à l’élection législative dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône.  

« Une bataille entre deux grandes gueules »

« Une chose est sûre. C’est que ça va être une bataille entre deux grandes gueules. Mais il faut prévenir Jean-Luc Mélenchon que dans les Bouches-du-Rhône, on n’aime pas trop les parachutages  ». Sénateur RDSE du département, Michel Amiel, soutien d’Emmanuel Macron, résume assez bien ce qui attend le leader de la France Insoumise en se présentant dans la circonscription du député sortant socialiste, Patrick Mennucci.

Fort d’un excellent score au premier tour de l’élection présidentielle à Marseille, où il arrive en tête avec 24,82% des suffrages, Jean-Luc Mélenchon a donc décidé de contourner l’obstacle contre lequel il s’était heurté aux législatives de 2012 en échouant à Hénin-Beaumont, dans la circonscription de Marine Le Pen. Ni l’un ni l’autre n’avait d’ailleurs été élu. En choisissant la  4e circonscription, située dans le centre-ville, Jean-Luc Mélenchon a donc, a priori, opté pour la sécurité dans ce secteur où il réalise l’un de ses meilleurs scores avec 39% des voix.

« Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer »

Mais voilà, le « plébiscite » attendu pourrait se transformer en une bataille plus rude. Depuis l’annonce de ce « parachutage », Patrick Mennucci ne cesse de se répandre en invectives à l’encontre du chantre de la VIe République, qui selon lui, « agit comme une personnalité de la IVe ». Le député sortant considère que le chef de file de la France Insoumise a choisi « la seule circonscription de l’arc méditerranéen où le Front national n’a aucune chance d’être au second tour (14,3 au premier tour de la présidentielle), et où la droite ne peut l’emporter (10,8%) ». « Jean-Luc Mélenchon a choisi de venir affronter un député socialiste qui a fait son travail. (...) Il veut affronter la gauche, il veut affronter la gauche de gouvernement, la gauche responsable » ajoute M. Mennucci. Il promet à Jean-Luc Mélenchon un « affrontement complet ». Le député européen lui a répondu sur le ton de l’humour. « Je ne viens pas ici contrarier M.Mennucci que je connais bien et à qui j’offrirai une bouillabaisse s’il le veut bien ».Plus sérieusement, il s’est fait également très clair sur ses intensions en se présentant à Marseille. « Je ne veux pas affaiblir le PS, je veux le remplacer (…) » (…) « Je ne viens pas pour telle ou telle personnalité, je viens pour une raison de politique nationale » (...) Une cohabitation est en gestation en France, soit avec les Républicains, soit avec nous » a-t-il assuré.

 « Une visite de courtoisie »

Le chef de file de la France Insoumise s’est rendu à Marseille, jeudi, pour ce qu’il nomme « une visite de courtoisie ». Dans le but, une nouvelle fois, de contrer les accusations de parachutage, il a rappelé que « la première fois qu’il a posé le pied sur la terre de France, c’était à Marseille. Donc retour aux sources » a laconiquement évoqué  celui qui est né à Tanger. Au programme de sa visite, une rencontre le sénateur-maire LR Jean-Claude Gaudin. « J'arrive, donc je me présente, je suis allé voir le préfet et maintenant, je vais voir le maire », a justifié M. Mélenchon assurant « ne pas être là » pour chercher des encouragements du premier édile de la cité phocéenne. Sur Facebook, Patrick Mennucci raille « un acte d’allégeance ». « La réalité, c'est que Jean-Luc Mélenchon vient aujourd'hui se chercher des alliés, de la bienveillance pour sa campagne législative.  Il concrétise les discussions d’arrière-salle qui ont précédé son parachutage ».

Comme le rapporte le journal Le Monde, la décision de Jean-Luc Mélenchon n’aurait pas fait que des heureux au sein de La France insoumise. À l’origine c’est Gérald Souchet, professeur de sciences économiques et un des animateurs de Nuit Debout Marseille qui devait être investi par le mouvement. « J’ai dit à Jean-Luc Mélenchon qu’une candidature dans cette circonscription serait une très mauvaise idée, expliquait-il mercredi. Il faut prendre en compte la réalité marseillaise. Le FN n’est pas fort ici et symboliquement ; [M. Mélenchon] n’a rien à gagner à battre un socialiste. Je pensais qu’il se présenterait dans la 3ecirconscription où il y a un vrai défi avec le FN. Mais son équipe est traumatisée par l’échec de 2012 à Hénin-Beaumont » expliquait-il, mercredi, au quotidien.

Contacté par publicsenat.fr ce jeudi, Gérald Souchet semble avoir changé de version. « Je trouve important que Jean-Luc Mélenchon conserve sa stature nationale en se présentant dans la deuxième ville de France. Je vais participer à son équipe de campagne. Il est important d’insister sur le fait que le mouvement garde son horizontalité avec l’investiture de candidats citoyens  ». Et quant aux protestations de Patrick Mennucci, M. Souchet ironise en considérant que le député sortant « a beaucoup de chance que Jean-Luc Mélenchon vienne dans sa circonscription. Ça va lui permettre de retrouver une investiture nationale ». Lors de la conférence de presse, Gérald Souchet a poussé l’exercice de rassemblement en entourant de ses bras le leader  de la France insoumise.
 

La gauche de la gauche se présente pourtant en ordre dispersé aux élections législatives en témoigne l'échec d’un accord avec le Parti communiste au niveau national, ce qu’a regretté « profondément », ce matin, Pierre Laurent son secrétaire national. Contacté par publicsenat.fr, un élu communiste de Marseille se refuse à tout commentaire sur « ce bazar actuel ».

Partager cet article

Dans la même thématique

Législatives : Mélenchon à Marseille pour aller droit au but
3min

Politique

Industrie : « Il y a une logique presque stratégique de la part de la Chine de vouloir attaquer des pans entiers de notre économie », prévient Sébastien Martin 

Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre de l’Industrie, Sébastien Martin alerte sur la menace que fait peser la Chine sur l’industrie française. Le ministre plaide notamment pour un renforcement de la protection des entreprises européennes afin de développer les filières industrielles.

Le

SIPA_01221444_000001
4min

Politique

Otages français en Iran : Cécile Kohler et Jacques Paris sont sortis de prison, mais « ils ne sont pas libres », précise l'avocate des familles

Cécile Kohler et Jacques Paris, détenus depuis mai 2022 en Iran suite à des accusations d’espionnage, « sont sortis de la prison d'Evin et sont en route pour l'ambassade de France à Téhéran », a annoncé Emmanuel Macron sur X. Les avocats des familles précisent qu'ils ne sont pas libres et toujours empêchés de regagner la France

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
10min

Politique

« Vexations », échanges « pas fluides », négos avec le PS : pourquoi la relation entre le Sénat et le gouvernement Lecornu s’est détériorée

Depuis « un mauvais départ », le courant passe mal entre la majorité LR-centriste du Sénat et le gouvernement. Discussions avec le PS au détriment des LR, députés invités à Matignon sans les sénateurs, qui aimeraient « être dans la boucle »… Les causes de fâcheries se multiplient. Pour tenter de retisser des liens dégradés, Sébastien Lecornu invite les présidents de groupe du Sénat à Matignon ce mercredi, avant de se rendre en conférence des présidents.

Le

Législatives : Mélenchon à Marseille pour aller droit au but
5min

Politique

« C’est à la fin de la partie qu’on comptera les choses » : sur le budget, les socialistes veulent encore laisser du temps au gouvernement

Les députés mettent en pause l’examen du projet de loi de finances pour étudier le budget de la Sécurité sociale. S’ils ne sont pas allés au bout de la partie recettes, ils ont néanmoins pu adopter un certain nombre de mesures absentes du projet initial. Certaines sont vues par le gouvernement comme des gains concédés aux socialistes, bien que ces derniers se montrent toujours insatisfaits. Pas suffisamment, pourtant, pour interrompre les négociations et l’examen budgétaire.

Le