Législatives : objectif atteint pour le RN

Législatives : objectif atteint pour le RN

Avec 19,1 % des voix, le RN conserve un socle électoral important à ces législatives, mais le scrutin majoritaire et l’absence d’alliance l’empêchent d’espérer plus d’une cinquantaine de députés dans la prochaine législature. Ce qui serait néanmoins le groupe parlementaire le plus conséquent depuis la création de parti.
Simon Barbarit

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Le RN arrivera-t-il à battre son record de 35 députés élus aux législatives de 1986 ? Possible à la lecture de notre estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, LCP-AN / Public Sénat qui évalue de 20 à 45 députés le futur groupe RN.

Première personnalité politique à prendre la parole lors de cette soirée électorale, Marine Le Pen a commencé par faire part de sa « plus sincère gratitude » aux électeurs de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, qui l’ont largement placée en tête dès le premier tour avec « 55 % des voix ». Marine Le Pen, qui se représentait dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, manque de peu sa réélection dès le premier tour, où elle a réuni 53,96 % des voix. Elle pâtit de la très forte abstention. Pour rappel, les candidats doivent réunir 25 % des suffrages exprimés au premier tour pour passer au second.

Premier enseignement de la soirée, l’érosion de son électorat, entre la présidentielle et le premier tour des législatives, est moins forte qu’en 2017. Il y a cinq ans, Marine Le Pen avait réuni 21,3 % des voix au premier tour de la présidentielle (34 % au second) mais n’avait obtenu que 13,2 % aux législatives, et 8 députés.

> > Lire notre article. Législatives 2022 : résultats, carte et analyses du premier tour en direct

Le RN marche seul pour le second tour

Malgré 18,9 % au niveau national, le RN part seul pour le second tour. Marine Le Pen a refusé de s’allier avec son rival d’extrême droite Éric Zemmour. Défait dès le premier tour dans le Var, le président de la Reconquête ! n’a pas manqué d’en faire le reproche au soir de sa défaite. « Nous avons proposé l’union aux autres partis de droite qui n’en ont pas voulu. La gauche a eu la voie libre et on voit ce soir le résultat […] Je sais que les électeurs de droite s’en souviendront longtemps ».

Au soir du premier tour, ce sont donc des résultats en trompe-l’œil et le RN pourrait se retrouver avec moins de députés que les LR, arrivés quatrième avec 13,6 % des voix au premier tour des élections législatives mais qui parviendraient à conserver entre 50 et 80 députés.

« Ayez conscience que la séquence électorale n’est pas finie […] Vous pouvez faire entrer à l’Assemblée un groupe national très important comme jamais dans l’histoire de notre pays », a lancé Marine Le Pen quelques minutes après 20h.

Nièvre, Aude, Haute-Marne, Pyrénées-Orientales… Les terrains de conquête du RN

En effet, les circonscriptions, où les candidats du RN arrivent en tête au premier tour, sont nombreuses.

Dans la Nièvre, sur les terres de François Mitterrand, le candidat du Rassemblement national Julien Guibert est en tête. Dans l’Aude, fief historique socialiste, les candidats du Rassemblement national (RN) sont arrivés en tête dans trois circonscriptions.

Les candidates du Rassemblement national (RN), proches du maire RN de Perpignan, Louis Aliot, arrivent même en tête dans les quatre circonscriptions des Pyrénées-Orientales. Dans ce département, l’un des plus pauvres du pays, la cheffe du RN était arrivée largement devant lors de l’élection présidentielle.

En Haute-Marne, terre gaulliste historique, où Marine Le Pen avait recueilli un de ses meilleurs scores à la présidentielle (56,96 %), les candidats RN arrivent en tête dans deux circonscriptions. Dans l’Aisne, avec ses candidats en tête dans trois des cinq circonscriptions, le Rassemblement National peut espérer s’implanter dans un de ses départements de conquête, où il inflige un revers à la majorité présidentielle, également sous pression d’une poussée à gauche.

Les députés sortants du RN se qualifient tous au second tour. C’est également le cas de plusieurs personnalités du parti, dont l’ancien directeur adjoint de la campagne présidentielle Jean-Philippe Tanguy, dans la Somme, le porte-parole Laurent Jacobelli en Moselle, ou encore l’ex (Debout La France) Thomas Ménagé dans la 4e circonscription du Loiret, où l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer a été éliminé. Hors de ces fiefs traditionnels, Edwige Diaz se qualifie en Gironde et l’ancien présentateur Philippe Ballard, dans l’Oise. Dans l’Hérault, la députée sortante apparentée Emmanuelle Ménard sera aussi présente au second tour.

« La France n’est ni une salle de marché, ni une ZAD »

En position d’arbitre dans les circonscriptions marquées par le duel entre la majorité présidentielle et la Nupes, Marine Le Pen a logiquement appelé au « ni ni ». Dans les circonscriptions qui voient au second tour un duel entre la République en Marche et la Nupes, j’invite les électeurs à ne pas choisir entre les destructeurs d’en haut et les destructeurs d’en bas. A ne pas choisir entre ceux qui veulent vous priver de vos droits et ceux qui veulent vous priver de vos biens. La France n’est ni une salle de marché, ni une ZAD », a-t-elle lancé avant d’inviter les électeurs à « agir en conscience », « en fonction du sens patriotique » si un candidat autre que le Rassemblement national fait face à un candidat LREM ou Nupes au second tour.

Sur TF1, le président par intérim du RN Jordan Bardella a fait savoir de son côté qu’il voterait « blanc » dans le scénario d’un second tour entre un candidat du parti présidentiel et de l’union de la gauche et il appelle les électeurs de son parti « au sursaut », jugeant qu’il n’y a « pas de fatalité » à l’alternative entre majorité présidentielle et union de la gauche.

Finalement l’objectif minimal que s’était fixé Marine Le Pen lors de cette campagne : « lutter contre la politique toxique d’Emmanuel Macron » « avec le maximum de députés ».

 

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