Législatives partielles : « Jouer avec les dates des élections est un véritable problème démocratique », avertit Rémi Féraud

Législatives partielles : « Jouer avec les dates des élections est un véritable problème démocratique », avertit Rémi Féraud

Les élections législatives partielles à Paris et dans le Pas-de-Calais ne devraient pas avoir lieu les 4 et 11 avril, d’après les candidats. Les préfectures des deux départements leur ont proposé plusieurs dates à partir de fin mai pour la tenue de ce scrutin. A dix jours de la date initiale du vote, les sénateurs ont exprimé leur exaspération.
Public Sénat

Par Joseph Stein

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Une annonce remise en question dès le jour suivant. Ce mardi, le gouvernement a décidé que les élections législatives partielles auraient lieu les 4 et 11 avril à Paris et dans le Pas-de-Calais. Le lendemain cependant, les candidats à ces scrutins ont été informés par la préfecture du report de ces élections.

C’est ce qu’indiquent notamment Antoinette Guhl, la candidate EELV dans le XXe arrondissement de Paris, et Danielle Simonnet, candidate LFI dans la même circonscription. « Les préfets des deux départements concernés vont mener des concertations à ce sujet », affirme une source proche de Gérald Darmanin, à l’AFP. Néanmoins, cette source ne confirme, ni n’infirme le décalage des élections.

Une incertitude qui agace la sénatrice LR Céline Boulay-Espéronnier : « C’est la cacophonie, le gouvernement ne présente aucune méthode, aucune stratégie, aucune organisation. Les citoyens ne comprennent plus rien. » Rémi Féraud, sénateur socialiste, considère que « la façon dont le gouvernement travaille, c’est du bricolage. C’est une décision très improvisée, qui vient contredire les informations qu’on avait de l’Etat la veille encore. »

« Apprendre à vivre avec »

Le report des élections législatives est causé par l’aggravation de la situation sanitaire. Paris et le Pas-de-Calais font d’ailleurs partie des départements reconfinés. « On est en pleine pandémie, qu’il y ait un report de ces élections, je peux le comprendre », confie Esther Benbassa, sénatrice écologiste de Paris, car « empêcher une hausse des contaminations lors des élections relève de la responsabilité du gouvernement. »

D’après les candidats aux législatives partielles, les services préfectoraux leur proposent trois moments, entre fin mai et début juin, pour décaler le scrutin : les 16 et 23 mai, les 23 et 30 mai ou les 30 mai et 6 juin. Pour Céline Boulay-Espéronnier, reporter n’est pas une bonne solution : « Les candidats ont commencé à faire campagne et ils ont trouvé la parade face au coronavirus, avec des visioconférences par exemple. On ne sait pas combien de temps va durer le virus, il faut apprendre à vivre avec et trouver une méthode pour organiser les élections dans ce contexte. »

« Véritable problème démocratique »

Faustine Maliar, candidate LR dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, rapporte que les législatives partielles sont reportées pour la troisième fois. Certains y voient une manœuvre pour venir en aide à la ministre déléguée à l’Autonomie Brigitte Bourguignon, qui est en lice pour ce scrutin. Catherine Fournier, sénatrice centriste du Pas-de-Calais, dénonce : « Il s’agit quand même d’une ministre qui, parce qu’elle veut conserver un siège lorsqu’elle ne sera plus au gouvernement, se présente à cette élection. Si on veut une nouvelle forme d’approche politique, ceci n’en est pas un très bon exemple. »

« Cette façon de jouer avec les dates des élections est un véritable problème démocratique », met en garde le sénateur de Paris Rémi Féraud. Il craint que « jouer avec la démocratie devienne une spécificité française », alors que des élections nationales se sont déroulées aux Pays-Bas la semaine dernière, de même que des élections régionales dans deux Länder allemands la semaine précédente.

Les régionales et départementales suspendues à l’avis du conseil scientifique

Les sénateurs interrogés redoutent par ailleurs que le report des législatives partielles constitue un précédent permettant au gouvernement de repousser les élections régionales et départementales, pour l’instant prévues en juin. « La décision politique, elle doit intervenir », déclare Catherine Fournier, pour qui une incertitude persistante « fait le jeu des extrêmes. » La sénatrice du Pas-de-Calais appelle également à « mener une réflexion profonde sur la façon dont on mènera les scrutins à l’avenir, si les pandémies deviennent plus fréquentes ».

« Si on ne vaccine pas plus et pas plus vite, les régionales et départementales seront sûrement décalées, hélas », estime Esther Benbassa. La sénatrice écologiste considère que « ce n’est pas bon pour la démocratie. Le gouvernement devrait vacciner nuit et jour et faire le nécessaire pour se faire fournir en vaccins. »

Concernant le maintien des élections régionales et départementales à leur date actuelle, l’exécutif a fait savoir qu’il suivrait l’avis du conseil scientifique. Il devrait être connu le 28 mars, avant la clause de revoyure le 1er avril prochain.

Dans la même thématique

Législatives partielles : « Jouer avec les dates des élections est un véritable problème démocratique », avertit Rémi Féraud
3min

Politique

Emmanuel Grégoire candidat à la mairie de Paris : "Je ne pourrai pas soutenir quelqu'un qui a passé son temps à me tirer le tapis sous le pied », déclare Anne Hidalgo

Invitée de la matinale de Public Sénat, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est exprimée sur la fin de son mandat, et les élections municipales à venir. Si l’édile soutient le sénateur socialiste Rémi Féraud pour la succéder, elle attaque son premier adjoint Emmanuel Grégoire, également candidat, qui n’a pas « rempli son rôle de protéger le maire ».

Le

Législatives partielles : « Jouer avec les dates des élections est un véritable problème démocratique », avertit Rémi Féraud
2min

Politique

Assouplissement du ZAN : Agnès Pannier-Runacher dénonce « la manière dont certains populistes se saisissent de ce sujet »

La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.

Le