Législatives : pour LREM et ses alliés, la crainte d’une majorité ténue

Législatives : pour LREM et ses alliés, la crainte d’une majorité ténue

La NUPES, la coalition menée par Jean-Luc Mélenchon, et Ensemble, la majorité présidentielle, ont comme prévu viré en tête du premier tour des législatives. La République en marche et ses alliés sont cependant en meilleure position pour le second tour. Mais la configuration s’annonce plus délicate qu’en 2017.
Guillaume Jacquot

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2022 n’est pas 2017. Les députés d’Emmanuel Macron en ont été témoins lors du premier tour des élections législatives du 12 juin. L’élan post-présidentielle n’est plus le même qu’il y a cinq ans. Pas d’état de grâce dans une longue campagne dont se sont désintéressés une majorité de Français. L’abstention, attendue entre 52 et 53 % des inscrits, bat un nouveau record dans un premier tour d’élections législatives. Les premiers mots de la Première ministre Élisabeth Borne ont été adressés aux Français qui ont boudé les urnes ce dimanche. « Notre premier devoir collectif, c’est de faire reculer l’abstention. »

Pas de triomphalisme, mais de la prudence. « Nous avons une semaine de mobilisation devant nous, une semaine pour convaincre, pour obtenir une majorité forte et claire. » Cet appel et les mots utilisés ne sont pas anodins. Sur LCP, le président de l’Assemblée nationale sortante, Richard Ferrand, formule les mêmes vœux. Ceux d’une majorité « solide, stable et fiable ».

La configuration du second tour s’annonce inconfortable. Selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, LCP-AN / Public Sénat, la NUPES (France insoumise, EELV, PS, PCF) et Ensemble (LREM, MoDem, Horizons) finissent le premier tour entre 25 et 26 %. En termes de projections de voix, LREM (devenue Renaissance) et ses alliés ne sont pas assurés de décrocher une majorité absolue au palais Bourbon, fixée à 289 députés. Or, Ensemble pourrait décrocher 255 sièges à 295 sièges, contre 150 à 190 sièges pour la NUPES. Les Républicains, l’UDI et les divers droite limiteraient la casse. Avec 50 à 80 sièges, ils se rêvent en arbitres. Quant au Rassemblement national, il pourrait être en mesure de former un groupe de 20 à 45 députés.

Net recul du camp présidentiel en l’espace de cinq ans

Par rapport à 2017, le reflux a de quoi inquiéter le gouvernement. Il y a cinq ans, LREM et le Modem réunissaient au niveau national 32 % des voix, soit 7 points de plus. Sur le terrain, plusieurs candidats de la Macronie ou députés sortants ont été éjectés dès le premier tour. C’est le cas de Bruno Questel dans l’Eure, Jean-François Eliaou dans l’Hérault, ou encore Laurence Vanceunebrock dans l’Allier. Sur les plateaux télé, la majorité présidentielle fait quelques contorsions, sur les consignes de vote en cas de duel NUPES-RN.

Dans le Val-de-Marne, l’ancienne ministre du Logement Emmanuelle Wargon est éliminée, distancée de près de 10 points par le candidat NUPES arrivé second. En cinq ans, le camp président a vu fondre de moitié son nombre de voix dans ce territoire situé au sud du bois de Vincennes.

Un camouflet de taille, qui s’est joué à 189 voix : l’élimination de l’ancien ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer dans le Loiret. Tout un symbole. Maigre lot de consolation : tous les ministres du gouvernement Borne se maintiennent pour le second tour du 19 juin. Mais certains sont en difficulté, notamment Amélie de Montchalin (Transition écologique) et Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique.

Christophe Castaner, le président du groupe LREM, dans la deuxième circonscription des Alpes-de-Haute-Provence, reste en tête dans sa circonscription mais subit lui aussi une forme de déclin : de 44 % en 2017, il passe à 30 % ce dimanche. Le candidat NUPES fait quasiment jeu égal. Et le comportement des 23,30 % obtenus par le RN constituera la clé du scrutin. « Les candidats de la majorité présidentielle ne vont rien lâcher pour donner une majorité stable à notre pays. Nous avons la capacité à mobiliser les Français qui veulent de l’ordre et pas du désordre, qui ne veulent pas d’une déferlante pour reprendre les mots de Jean-Luc Mélenchon […] Je ne veux pas d’une déferlante », a-t-il réagi sur LCI.

Emmanuel Macron, son gouvernement et ses parlementaires vont donc devoir batailler pour éviter une mauvaise surprise dimanche prochain. L’hypothèse d’une cohabitation semble s’être éloignée, pas celui d’une majorité relative à l’Assemblée nationale. L’un des plus grands quotidiens allemands, la Süddeutsche Zeitung, ne s’y trompe pas, en titrant : « Macron doit continuer à s’inquiéter ».

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