Législatives: pour Macron, canaliser la force de la vague

Législatives: pour Macron, canaliser la force de la vague

Après avoir bâti une large majorité à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron va devoir accompagner et garder un oeil sur les...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après avoir bâti une large majorité à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron va devoir accompagner et garder un oeil sur les centaines de députés novices de la République en marche, tenus d'être aussi disciplinés qu'innovants.

Comment encadrer cette "majorité obèse" de plus de 400 députés, selon l'expression d'une source parlementaire socialiste ? Porte-t-elle en son sein les ferments d'une fronde inévitable ou dessine-t-elle les contours d'un exécutif tout puissant servi par une Assemblée aux ordres ?

Dans les rangs de la République en marche, on balaye les réserves nées de l'énorme renouvellement à venir au Palais-Bourbon à l'issue du second tour des législatives dimanche. Et l'on se prépare plutôt à canaliser cette vague qui doit permettre à M. Macron de mettre en oeuvre ses réformes.

Accompagnés sur le plan administratif et opérationnel durant la campagne, les futurs députés le seront aussi pour leurs premiers pas dans l'hémicycle.

"On sera un peu les bizuths de l'Assemblée nationale, il faut être tutorés", admet ainsi Mireille Clapot, arrivée en tête dans la première circonscription de la Drôme.

"Il y aura un accompagnement, on ne s'improvise pas député. Mais tout le monde a bien dû commencer un jour", se rassure Prisca Thévenot, candidate dans la quatrième de Seine-Saint-Denis.

Ainsi, une journée de séminaire de formation avant l'ouverture de la législature le 27 juin est en préparation et la plateforme informatique créée pour les candidats aux législatives sera alimentée en détails pratiques et conseils pour les impétrants.

S'ils seront également épaulés par le personnel de l'Assemblée, des administrateurs aux agents, l'inexpérience des "marcheurs" laisse circonspecte une source parlementaire. "Les nouveaux, ils connaissent pas les règles. C'est pas la démocratie participative, l'Assemblée", grince cette source.

"On nous dit pas compétents mais on ne voit pas ce qu'on a accompli depuis 9-10 mois. On sera bien plus opérationnels que ce que vous pensez car on a de très beaux profils", rétorque Alexandre Aidara, référent départemental en Seine-Saint-Denis et candidat dans la 6e circonscription.

"Il faut un mois pour appréhender le processus législatif", estime cet énarque, ancien membre du cabinet de Christiane Taubira. "On nous dit qu'il faut un mandat pour comprendre mais c'est une intox des vieux partis", insiste-t-il.

- Des marcheurs pas "godillots" -

Cette inexpérience, c'est aussi "la promesse d'aborder différemment la fonction de député", ajoute Arnaud Leroy, porte-parole de la REM, appuyé par Jean-Paul Delevoye, président de la Commission d'investiture (CNI), qui "souhaite que ces nouveaux députés amènent des nouvelles pratiques parlementaires".

Dans les faits, ceux-ci "devront faire de l'évaluation des politiques publiques plutôt que des lois et des amendements en permanence", selon Christine de Veyrac, autre membre de la CNI.

C'est dans cette feuille de route, tracée par M. Macron, que doit s'exercer le véritable contre-pouvoir de l'Assemblée sur l'exécutif alors que droite et gauche brandissent la menace d'une opposition réduite à néant.

Ces députés, qui ont pourtant signé une "charte d'adhésion au projet présidentiel", ne seront pas "disciplinés +godillots+, ça ne va pas pour des marcheurs", plaisante en retour le sénateur François Patriat.

"Oui, nous avons une personnalité, oui, nous avons une réflexion, oui, nous allons challenger le gouvernement, puisque c’est le rôle des élus de contrôler l’action du gouvernement", abonde Laetitia Avia, candidate dans la 8e circonscription de Paris, sur franceinfo.

Jean-Paul Delevoye s'attend, lui, à un "choc" entre les initiatives des nouveaux venus et "l'administration". "Ca va être intéressant, il va falloir être contestataire créatif", prédit-il.

Quant au risque de fronde, comme celle qui a marqué la fin du mandat de François Hollande, il faut arrêter de "regarder le futur quinquennat avec les lunettes de l'ancien", balaye le sénateur Jean-Baptiste Lemoyne, un des premiers soutiens de droite d'Emmanuel Macron.

"Politiquement, ça va péter car il n'y a pas de corpus idéologique", prophétise pourtant une source parlementaire, jugeant que "des ambitions vont se révéler" durant la législature.

Dans la même thématique

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le

TOULOUSE:Nouvelle unite hospitaliere specialement amenagee (UHSA)
3min

Politique

Attentat de Paris : une proposition de loi du Sénat pour fixer une durée de sûreté d’hospitalisation en psychiatrie

L’attentat de Paris commis par un homme souffrant de troubles psychiatriques et qui était soumis à une injonction de soins jusqu’en en avril, relance le débat sur l’irresponsabilité pénale. La sénatrice centriste, Nathalie Goulet a redéposé un texte datant de 2021 qui prévoit pour les personnes ayant été déclarées irresponsables pénalement, une durée de sûreté d’hospitalisation.

Le

Budget : un rapport du Sénat épingle la progression du coût de l’aide médicale d’État
6min

Politique

« L’aide médicale d’État n’apparaît pas comme un facteur d’attractivité » pour l’immigration, selon un rapport commandé par le gouvernement

Considéré comme « un appel d’air » migratoire par la droite sénatoriale, l’aide médicale d’État avait été supprimée dans le cadre du projet de loi immigration avant d’être réintégrée en commission par les députés. Un rapport sur ce dispositif commandé par l’exécutif vient tempérer cette affirmation et juge ce dispositif à destination des étrangers en situation irrégulière « globalement maîtrisé ».

Le