Alors que l’abstention au premier tour a atteint le chiffre jamais obtenu à des élections législatives sous la Ve République de 51,29% et que le parti d’Emmanuel Macron est le grand gagnant de dimanche dernier, Cécile Alduy, spécialiste de l’analyse des discours politiques, y voit les conséquences d’une « confusion de l’offre politique » : « C’est une offre politique à laquelle on n’est pas habitués (…), L’électeur qui ne suit pas tous les 20h (…) doit se sentir un peu démuni face à une offre pléthorique, en moyenne 14 candidats par circonscription, et souvent assez confuse avec des candidats qui sont, si ce n’est pour la majorité présidentielle, souvent compatibles (…) et qui motivent assez peu les électeurs ».
Nathalie Segaunes, journaliste à L’Opinion, s’inquiète de la méconnaissance des citoyens concernant les institutions : « Les Français connaissent peu le Parlement, son rôle, son fonctionnement, son importance ». Ce qui a joué, selon elle, sur leur motivation à aller se déplacer aux urnes.
Pour le journaliste Jean-Marie Godard, coauteur du livre « La France qui gronde », les gens sont « un peu perdus » et ne sont pas allés voter car ils se sont dits « De toute façon, si je me déplace, ça ne changera rien ». Et il ajoute : « C’est ce qu’il s’est passé du côté des électeurs de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon (…) Il faudrait entendre un peu ce qu’ils disent et répondre aux questions qu’ils posent ». Le journaliste dresse un constat sévère concernant le mouvement « La République en marche » et Emmanuel Macron, qu’il décrit comme « aux antipodes des préoccupations » de la France précaire qui vote peu ou pas : « On est dans un mouvement qui est dans la mondialisation heureuse. Toutes les zones saignées par la désindustrialisation sont totalement exclues de ce schéma-là ».
Cécile Alduy insiste sur le fait qu’Emmanuel Macron a l’obligation de réussir son quinquennat. Car en cassant le moule du clivage droite / gauche, elle considère qu’il a mis en place « la validation de la thèse du Front national de l’existence de l’ « UMPS » : « Si ça marche dans 5 ans, tant mieux, cela voudra dire que ce n’était pas l’ « UMPS » mais la France qui marche. »
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Débat OVPL sur l'abstention en intégral