C’est maintenant officiel. Le Parti socialiste et La France Insoumise sont parvenus, dans la douleur, à un accord pour les législatives. Après un « accord de principe », annoncé ce matin, avec 70 circonscriptions réservées au PS, il restait à écrire le communiqué commun qui allait sceller l’accord. C’est fait.
Ce « large rassemblement » doit ouvrir « la voie à une majorité à l’Assemblée nationale. Dans cette perspective, conformément à la tradition républicaine, le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon » dit le communiqué commun, envoyé par le PS et LFI ce mercredi. Cette campagne se fera sous la « bannière commune « Nouvelle union populaire écologique et sociale » ».
« Pour le permettre, nous souhaitons fédérer sur la base d’un programme ambitieux, toutes les forces qui le partagent, en respectant leur pluralité et leur autonomie », précisent les nouveaux alliés. « La majorité que nous voulons constituer reposera sur des groupes parlementaires de chacune des composantes et se dotera d’un intergroupe pour compléter et poursuivre après l’élection ce travail commun ».
« Défense de la République laïque et universaliste »
Sur le point précis du programme, on retrouve « la revalorisation du SMIC à 1.400 euros net », « la création d’une allocation d’autonomie jeunesse et une garantie dignité », « le droit à la retraite à 60 ans pour toutes et tous avec une attention particulière pour les carrières longues, discontinues et les métiers pénibles » – le PS avait plutôt proposé vendredi « une première étape comprenant la prise en compte des carrières longues et des métiers pénibles.
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Figurent aussi « le blocage des prix des produits de première nécessité », « l’abrogation de la loi El Khomri », « l’affirmation d’un impératif de justice écologique, qui se décline à travers une démarche de planification », « la fin de la monarchie présidentielle avec la VIe République », « le développement des services publics, le refus de leur privatisation ou de leur ouverture à la concurrence », « la défense de la République laïque et universaliste, la protection de la liberté de conscience et d’expression », ou encore « la suppression de la réforme du bac et de Parcoursup ».
Au chapitre santé, l’accord prévoit « la garantie de l’accès aux soins, le développement des actions de prévention, la lutte contre les déserts médicaux ». Mais dans les propositions faites par le PS vendredi, l’idée d’« encourager la vaccination » n’a pas été retenue, ni celle de « renforcer les moyens humains dans l’hôpital public ».
Europe : « Nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif »
Sur la question sensible de l’Europe, la formulation ménage la position des deux parties. « La France insoumise, héritière du non de gauche au Traité constitutionnel européen en 2005, et le Parti socialiste, attaché à la construction européenne et à ses acquis dont il est un acteur clé, ont des histoires différentes avec la construction européenne. Mais nous partageons un objectif commun : mettre fin au cours libéral et productiviste de l’Union européenne et construire un nouveau projet au service de la bifurcation écologique et solidaire » dit le communiqué.
Faute d’entente sur l’idée de désobéissance, que LFI défend mais dont le PS ne veut pas, le communiqué en vient à faire… une forme de synthèse, comme aux grandes heures du PS de François Hollande, constatant une divergence de vocabulaire mais une direction commune : « Du fait de nos histoires, nous parlons de désobéir pour les uns, de déroger de manière transitoire pour les autres, mais nous visons le même objectif : être en capacité d’appliquer pleinement le programme partagé de gouvernement et respecter ainsi le mandat que nous auront donné les Français ».
« La mise en œuvre de notre programme partagé conduira nécessairement à des tensions, à constater des contradictions. Il nous faudra dépasser ces blocages et être prêts à ne pas respecter certaines règles, tout en travaillant à les transformer, en particulier les règles économiques, sociales et budgétaires comme le pacte de stabilité et de croissance, le droit de la concurrence, les orientations productivistes et néolibérales de la Politique agricole commune, etc », ajoutent encore les socialistes et les insoumis… Comme dans le texte signé avec les Verts, le communiqué ajoute : « Nous ne serons ni les premiers ni les derniers à le faire, en France comme en Europe (Espagne sur les prix de l’énergie, Allemagne sur la mise en concurrence des entreprises de l’eau potable, Portugal sur les aspects économiques et budgétaires, etc.). Nous le ferons dans le respect de l’État de droit et en combattant fermement les attaques contre les libertés fondamentales des gouvernements d’extrême droite hongrois et polonais ».
Ukraine et international : « Nous continuons à travailler nos convergences pour trouver les voies et moyens afin de rétablir la paix »
Reste une autre question sensible : la position face à l’Ukraine. Alors que les opposants internes au PS veulent défendre le principe de la livraison d’armes, il n’est pas évoqué. « Dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et face aux atrocités décidées par Vladimir Poutine, nous défendons la souveraineté et la liberté de l’Ukraine. Par ailleurs, nous continuons à travailler nos convergences pour trouver les voies et moyens afin de rétablir la paix et préserver l’intégrité territoriale de tous les pays », dit uniquement le communiqué.
Précision ultime : « Le Parti socialiste tiendra, dans les prochaines heures, un Conseil national pour ratifier cet accord », confirme le texte commun, qui conclut : « Nous sonnons l’heure de la mobilisation pour les élections législatives et nous tiendrons un événement commun de lancement ce samedi 7 mai ».