« L’époque où il y avait des ministres qui étaient maires, ça marchait pas mal ! » lance David Lisnard
Face aux conséquences d’une « dissolution insensée », cause de « dangerosité et d’instabilité », le président LR de l’Association des maires de France veut faire des communes « un pôle de stabilité », rejetant toute responsabilité des collectivités dans le dérapage des finances publiques. Reçu par Michel Barnier ce mardi, il assure ne rien « attendre ».
« Cette maison est un pôle de stabilité », avec des « capacités à prendre des positions transversales, transpolitiques ». Presque un programme de premier ministre post dissolution. Mais David Lisnard, dont le nom avait circulé avant la nomination de Michel Barnier, est toujours président de l’Association des maires de France (AMF). Ce qui n’exclut pas la possibilité de son entrée au gouvernement. Le maire LR de Cannes était reçu, ce mardi après-midi, rue de Varenne, par Michel Barnier. « Comme personnalité politique », souligne le dirigeant de Nouvelle Energie, son écurie politique, et non comme président de l’AMF, où il tenait une conférence de presse de rentrée.
David Lisnard a déjà échangé avec Michel Barnier sur le « contenu des politiques publiques et l’architecture »
Un échange qui va se poursuivre en réalité. « J’ai déjà eu des discussions avec lui », glisse David Lisnard, portant sur le « contenu des politiques publiques et l’architecture ». Ne se cachant pas derrière son petit doigt, on comprend qu’il n’écarte pas une entrée au gouvernement. Mais pas à tout prix, ni à n’importe quelle condition. « Est-ce qu’il y a une proposition ? Est-ce qu’elle me convient ? » énumère l’élu local, qui assure ne « pas être en attente », y « aller très librement » et ne pas savoir « s’il va (lui) proposer quelque chose ». « J’espère que la France va se doter d’un gouvernement et sortir du blocage », dit-il, soulignant que « Michel Barnier a une mission très difficile ». Ce qui n’empêche pas quelques railleries :
On espère que la durée du nouveau gouvernement sera plus longue que sa durée de gestation.
David Lisnard, président de l'AMF.
S’il ne veut pas se prononcer davantage sur la composition de la nouvelle équipe gouvernementale, il ne cache pas qu’il verrait d’un bon œil – forcément – un gouvernement d’élus locaux. « Les maires sont des pragmatiques. Quand il y a un blocage, il y a toujours la possibilité de sortir par la commune », vante le maire LR de Cannes, avant d’ajouter : « L’époque où il y avait des ministres qui étaient maires, ça marchait pas mal ! N’est-ce pas André ? » lance-t-il depuis la tribune à son voisin de droite, André Laignel, premier vice-président PS de l’AMF, ancien secrétaire d’Etat sous François Mitterrand et maire d’Issoudin depuis 1977. De là à voir un appel du pied à Michel Barnier…
« Le détournement de l’opinion a fonctionné »
David Lisnard ne s’imaginerait certainement pas partager la photo avec Bruno Le Maire, ministre démissionnaire de l’Economie. Ça tombe bien, le futur ex-locataire de Bercy se prépare à un autre avenir. Car le maire de Cannes et son vice-président ont peu apprécié, c’est le cas de le dire, les attaques du ministre sur les collectivités, jugés coupables de plomber les finances publiques en raison d’« une augmentation extrêmement rapide » de leurs dépenses.
« Il y a eu 71 milliards d’euros de transferts (de compétence) aux collectivités depuis 2010 », recadre le président de l’AMF. « Oui, notre masse salariale a augmenté », reconnaît André Laignel. Mais rien que la refonte du point d’indice des fonctionnaires, décidée par l’Etat, « c’est 2,5 milliards sur l’année », souligne André Laignel. « Le détournement de l’opinion a fonctionné », dénonce encore David Lisnard. Il ajoute : « Le problème des comptes publics de la France, ce sont les comptes sociaux et les comptes de l’Etat. C’est aussi simple que ça » (voir la vidéo, images d’Aurélien Romano).
Le « mensonge » de Bercy sur les collectivités
Pourtant, « chaque année, nous assistons à la même séquence, avec Bercy qui dit que les communes ne participent pas à l’effort de redressement. Mais c’est un mensonge. Il n’y a pas d’effort de redressement » de la part de l’Etat, rétorque encore le président de l’AMF. « En 2011-2012, il y a eu amélioration des comptes publics. Et ça se dégrade à nouveau à partir de 2019, soit avant le covid-19 », pointe du doigt David Lisnard, qui dénonce ensuite « un n’importe quoi qu’il en coûte ». S’« il fallait mettre ces dispositifs de sortie de crise pour les entreprises, le chômage partiel », « un choc keynésien », va jusqu’à défendre ce libéral, il ne fallait « pas le prolonger », avec des choix d’aides « inconsidérés ». Pour David Lisnard, ils étaient « liés au calendrier électoral ». « Il fallait tenir jusqu’à la présidentielle », soutient le président de l’AMF, qui dénonce :
(Les aides post covid-19), c’était une forme de clientélisme d’Etat assez poussé.
David Lisnard, président de l'AMF.
Voila Bruno Le Maire et surtout Emmanuel Macron rhabillés pour l’hiver. Avec une couche de plus pour le chef de l’Etat, accusé d’avoir décidé de cette « dissolution insensée », qui a mené à « la dangerosité et l’instabilité dans laquelle nous sommes ». Fichtre, si d’aventure Michel Barnier fait appel à David Lisnard, le Conseil des ministres risque d’être traversé par de drôles d’énergies…
« Le système par répartition, c’est une pyramide de Ponzi. Ce système est mort »
Reste à voir s’il peut s’accorder sur le fond avec le premier ministre. On connaît le prisme politique de David Lisnard : moins d’Etat, moins de normes, plus de libertés économiques. « Il n’y a rien de pire que d’augmenter les impôts. Ça ne peut pas être la solution non plus », prévient-il, alors que Michel Barnier veut plus de justice fiscale. Selon Le Parisien, il « envisage » même d’augmenter les impôts…
Et alors que le premier ministre évoque une « amélioration » de la réforme des retraites, David Lisnard plaide lui carrément « pour une rupture complète avec le système dans lequel nous sommes. Il y a tromperie des gens », en raison de l’évolution du nombre d’actifs. Il ajoute : « Le système par répartition, c’est une pyramide de Ponzi. Ce système est mort. Il doit être préservé pour garantir un minimum vieillesse, mais pour le reste, il faut mettre en place un système de retraite par capitalisation, qui sera beaucoup plus favorable pour les travailleurs pauvres » (voir la vidéo).
David Lisnard veut « pousser un cri d’espoir, plus positif », lors du prochain congrès de l’AMF
Quelle est la solution, ou du moins une partie d’entre elles ? Les communes bien sûr, ces « PME de la République », comme les appelle le dirigeant de l’AMF. « C’est l’exécutif le plus stable qui apporte des solutions, à condition qu’on les laisse travailler ». Dénonçant « les normes, les contraintes, les exigences réglementaires, qui font tomber dans l’absurdie bureaucratique », il entend « pousser un cri d’espoir, plus positif », lors du prochain congrès de l’AMF, en novembre. Ce « pôle de stabilité » des communes sera d’ailleurs le thème retenu pour la grande messe des élus locaux, thème retenu « avant le dissolution », précise-t-il. S’il n’est pas ministre, David Lisnard, qui caresse quelques ambitions pour 2027, sera au moins toujours président (de l’AMF).
En avançant l’idée d’une « contribution modeste » pour recréer le lien entre communes et citoyens, le ministre François Rebsamen a relancé ce débat sensible de la fiscalité locale. Au Sénat, tous les sénateurs dénoncent la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron. A la place, le sénateur Bernard Delcros, président de la délégation aux collectivités, soutient l’idée d’une « contribution » qui serait « différentiée, en fonction des revenus des habitants », via « une remise à plat » des impôts locaux.
Selon Valeurs Actuelles, l’animateur star, Cyril Hanouna songe à se présenter à la prochaine élection présidentielle. La réalité peut-elle dépasser la fiction ? Interview du communicant, Philippe Moreau-Chevrolet co-auteur de la bande dessinée « Le Président » (ed Les Arènes 2020) dans laquelle il avait imaginé la candidature de Cyril Hanouna à la Présidentielle de 2022.
La sénatrice socialiste, Corinne Narassiguin présentait, ce mardi, sa proposition de loi visant à encadrer et réduire le nombre de contrôles d’identité. L’objectif est de mettre fin aux contrôles « au faciès ». Un premier pas, selon elle, pour retrouver des rapports apaisés entre la police et la population dans certains quartiers.
Défenseur de ce mode de scrutin de longue date, le premier ministre consulte mercredi le RN, favorable aussi à la proportionnelle. Manière d’envoyer un gage au parti qui le menace encore d’une censure. La gauche est pour, mais ses alliés LR sont clairement opposés. A moins que le retour du cumul des mandats entre aussi dans les discussions.