Les adieux de Badinter au Sénat : « Heureux celui dont on pourra dire qu’il emporte avec lui la peine de mort »

À l’occasion de la disparition de Robert Badinter, Public Sénat revient sur le discours d’adieux prononcé en septembre 2011 par l’ancien garde des Sceaux au Sénat, l’occasion pour lui d'évoquer le combat politique de sa vie : l’abolition de la peine de mort.
Romain David

Temps de lecture :

2 min

Publié le

Mis à jour le

« Le destin fait que j’achève mon intervention trente ans jour pour jour, heure pour heure et presque minute pour minute après le vote pour l’abolition de la peine de mort ». Nous sommes le 30 septembre 2011 dans l’hémicycle du Sénat, et le hasard fait coïncider le trentième anniversaire de l’abolition de la peine de mort avec la dernière intervention à la tribune de Robert Badinter. Disparu ce vendredi 9 février à l’âge de 95 ans, l’ancien garde des Sceaux de François Mitterrand avait été élu à la Chambre haute en 1995, dernier mandat de sa carrière politique.

Sans surprise, son ultime intervention au Sénat a été consacrée à la bataille parlementaire menée en septembre 1981 contre la peine capitale, à l’occasion d’une séance commémorative. Face à lui, un autre monument de la gauche socialiste : « son vieil ami Pierre Mauroy », premier chef de gouvernement de François Mitterrand, et sénateur de 1992 à 2011.

« Un progrès de la conscience humaine plutôt qu’une victoire politique »

« Le Sénat a joué dans l’abolition de la peine de mort en France un rôle essentiel et complètement ignoré du public et des médias. Pour eux tout était joué dès le soir du vote de l’abolition à l’Assemblée nationale. Mais la vérité, c’est le Sénat qui, en votant le 30 septembre 1981, a aboli ce jour-là la peine de mort en France », a voulu rappeler Robert Badinter, avant de revenir, par le menu, sur cette intense bataille parlementaire. Rappelons qu’à l’époque, si la gauche est majoritaire au Palais Bourbon, du côté du Palais du Luxembourg, c’est la droite, largement opposée à la réforme, qui domine.

« L’abolition était une juste cause qui transcendait les appartenances politiques », a déclaré Robert Badinter, évoquant « un progrès de la conscience humaine plutôt qu’une victoire politique ». Sourire aux lèvres, l’ancien ministre de la Justice avait conclu cette prise de parole d’une vingtaine de minutes par une citation de Victor Hugo, autre grand pourfendeur de la peine de mort, lui-même sénateur de 1876 à 1885 : « Heureux celui dont on pourra dire, en s’en allant, qu’il emporte avec lui la peine de mort ».

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Pierre-Yves Bournazel, HORIZON candidate for the 2026 municipal elections in Paris.
9min

Politique

Pierre-Yves Bournazel investi par Renaissance pour les municipales à Paris : « Dès demain, Dati va riposter »

Les LR et Renaissance se divisent pour les municipales à Paris. Le parti de Gabriel Attal officialise son soutien à Pierre-Yves Bournazel, cadre du parti d’Edouard Philippe, au détriment de la candidature de Rachida Dati. Le sujet divise à Renaissance et le responsable du parti dans la capitale, Sylvain Maillard, qui soutient la ministre, se met en retrait de ses fonctions. Explications sur une décision qui rebat les cartes du scrutin.

Le

8min

Politique

Agacée par la méthode de Sébastien Lecornu, la droite sénatoriale promet un budget « sans compromis, mais de clarification »

La droite sénatoriale s'inquiète des reculs successifs du gouvernement sur les positions financières et économiques qu'elle défend, dans le cadre des débats budgétaires à l’Assemblée nationale. Ces inflexions, mais aussi la méthode du Premier ministre, mettent en lumière une fissure grandissante entre la majorité sénatoriale et l'exécutif.

Le