Epernay: Illustration d’un maire et son echarpe tricolore
Crédits : JACQUES WITT/SIPA

Les agressions contre des élus se sont maintenues à un haut niveau en 2024, avec 2500 faits recensés

Selon le Centre d'analyse et de lutte contre les atteintes aux élus, installé en 2023 après l'incendie volontaire du domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins, les agressions visant les élus locaux ou parlementaires n’ont reculé que de 9,3 % en un an. Les deux tiers des faits reportés sont des menaces et outrages.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Installé en mai 2023, quelques semaines après l’incendie volontaire du domicile du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), le Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calae) vient de publier de nouvelles données sur les agressions qui touchent les élus. Au total, 2501 faits ont été recensés en 2024, soit une baisse de 9,3 % par rapport à l’année précédente, marquée par l’attaque à la voiture-bélier du maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne). En 2023, les agressions avaient bondi de 13,5 %.

Les maires représentent 64% des victimes, devant les adjoints et conseillers (18%) et les parlementaires (13%). Ces chiffres s’expliquent notamment par le volume des maires dans le total de 520 000 élus que compte la France, mais également « par le fait que le maire demeure le représentant de l’autorité le plus identifié par les citoyens », relève le rapport du Calae.

« La violence à l’égard des élus est partout »

Concernant les types de délits, 68% des atteintes concernent des menaces et outrages, dont une forte proportion par voie électronique, devant les violences physiques (10%) et les destructions ou dégradations (8%). Les départements les plus peuplés sont les plus touchés en valeur absolue : Paris et sa région, le Pas-de-Calais, « touché par des tensions dans le contexte de la gestion de la crise liée aux inondations », ou encore les Bouches-du-Rhône, « marquées par un nombre de plaintes concernant un parlementaire ». En très grande majorité, le mis en cause est un homme (85 %) de nationalité française (98%), d’un âge moyen de 48 ans et sans profession (26%) ou retraité (20%).

« La violence à l’égard des élus est partout. Que ce soit dans les grandes villes, dans les petites villes, voire en milieu rural. Les maires sont principalement la cible […] parce qu’ils représentent l’autorité locale », a expliqué ce mardi dans la matinale de TF1 François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l’Intérieur.

Au cours des deux dernières années, l’ancien président de la commission des lois du Sénat a rappelé que « la mise en place de nombreux outils » avait a déjà permis d’améliorer la protection juridique des élus, leur protection physique, celle de leurs familles », a-t-il rappelé dans les colonnes du Figaro. L’ancien sénateur était le premier signataire d’une proposition de loi déposée au printemps 2023, « renforçant la sécurité et la protection des maires et des élus locaux », qui a été définitivement été adoptée puis promulguée en mars 2024. Cette loi a notamment renforcé les sanctions pénales à l’égard des auteurs de violences et a élargi la protection fonctionnelle qui bénéficie aux victimes. Celle-ci permet aux communes de régler l’intégralité des prises en charge médicales ou psychologiques. Le ministère cite également l’octroi de boutons d’appel (pour alerter les forces de l’ordre), qu’il souhaite généraliser, et la mise à disposition d’un numéro gratuit d’aide psychologique.

Un « kit » dans la perspective des élections municipales de 2026

« Il faut reconnaître qu’en la matière, les tribunaux ont réagi assez bien, puisque le délai de réponse du Parquet a été en moyenne d’un peu plus d’un mois et demi, et en matière de décision et de sanction, on est en moyenne à 15 mois de prison ferme », a par ailleurs ajouté ministre ce matin sur TF1.

« Le seul sujet, c’est de faire en sorte qu’il y ait les moyens qui soient donnés pour que les auteurs soient retrouvés et que les sanctions soient exemplaires », nous déclarait ce mardi Pierre-Jean Verzelen. Le sénateur (Les Indépendants) de l’Aisne a vu son véhicule recouvert partiellement de peinture et les deux pneus crevés. « Quand on est élu, qu’on dit non, on s’expose des fois à ce genre de comportement », observe-t-il.

Le gouvernement compte poursuivre son travail d’accompagnement et pousser pour des réactions rapides des forces de l’ordre et de la chaîne pénale. « À l’occasion des élections de 2026, on prépare ce qu’on peut appeler une sorte de kit qui permettra aux élus de savoir comment réagir quand on est victime d’une agression », a-t-il également annoncé ce matin. Ce kit doit permettre de mieux faire connaître leurs prérogatives en matière de police administrative et de prévention de la délinquance.

Le Beauvau des polices municipales, lancé en avril 2024 après les émeutes de l’été 2023 pour renforcer le statut des policiers municipaux, fera par ailleurs l’objet d’une loi qui sera présentée en juin puis débattue à l’automne.

Partager cet article

Dans la même thématique

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le

Les agressions contre des élus se sont maintenues à un haut niveau en 2024, avec 2500 faits recensés
3min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « Si cet amendement est proposé, il est fort possible qu’on le vote », indique le sénateur RN Aymeric Durox

Au micro de Public Sénat et LCP, le sénateur RN Aymeric Durox annonce que sa famille politique votera en faveur de l’amendement de suppression de la réforme des retraites, qui doit être présenté par le gouvernement lors de l’examen du budget de la Sécu. Il émet toutefois de sérieuses réserves sur les chances d’aboutissement du texte au vu du contexte politique.

Le