Les candidats s’affrontent sur le sort de l’assurance chômage
Mieux indemniser les chômeurs ou privilégier l'équilibre du régime, couvrir ou non les indépendants, préserver le paritarisme ou étatiser... L...
Par Jean-Philippe CHOGNOT
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Mieux indemniser les chômeurs ou privilégier l'équilibre du régime, couvrir ou non les indépendants, préserver le paritarisme ou étatiser... L'avenir de l'assurance chômage divise les candidats à la présidentielle, alors que de nouvelles règles doivent entrer en vigueur en septembre.
- Nouveaux droits versus sanctions -
La logique de Benoît Hamon (PS) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) s'oppose à celle de François Fillon (LR).
A travers sa "sécurité sociale intégrale", M. Mélenchon promet d'indemniser tous les chômeurs, "dès le premier jour" et "même les démissionnaires". Aujourd'hui, seulement 43% des inscrits à Pôle emploi sont indemnisés par l'Unedic, notamment parce qu'il faut avoir cotisé quatre mois sur les 28 derniers pour être éligible.
Benoît Hamon, qui ne prévoit pas de modifier l'indemnisation, mise, lui, sur son "revenu universel d'existence" pour augmenter le revenu des chômeurs. Il "s'additionnerait aux allocations", qui entreraient "dans la base de calcul du revenu universel", explique Julia Cagé, sa conseillère économique.
A l'inverse, François Fillon veut introduire une "dégressivité" des allocations et accroître les sanctions, peu appliquées aujourd'hui, contre les chômeurs qui ne recherchent pas d'emploi. Objectif : "inciter au retour à l'emploi", selon son équipe.
Emmanuel Macron propose une voie intermédiaire, avec de nouveaux droits, comme l'indemnisation des démissionnaires, en contre-partie d'un contrôle accru. Le candidat d'En Marche! veut étoffer les équipes de contrôle de Pôle emploi, qui passeraient "de 200 à 1.000 agents", et rendre les sanctions plus efficientes et graduées, indique Marc Ferracci, son conseiller économique et social.
Le dossier de négociation de l'assurance chômage lors d'une réunion entre les syndicats et le Medef, le 22 février 2016 à Paris
AFP/Archives
L'assurance chômage ne concerne aujourd'hui que les salariés. Les indépendants n'ont pas de filet de sécurité en cas de perte d'activité, une situation à laquelle MM. Macron, Hamon et Fillon comptent remédier.
Les deux premiers prônent un rattachement des indépendants à l'Unedic.
Chez Emmanuel Macron, la mesure - chiffrée à "un milliard d'euros par an" par son équipe et entre 930.000 et 3,34 milliards par l'institut Montaigne - serait financée par une hausse de la CSG qui ne toucherait pas les chômeurs. Les indépendants ne payeraient pas de cotisations chômage, au même titre que les salariés, que le candidat veut exonérer.
Dans la version Hamon, en revanche, les indépendants, comme les salariés, contribueraient au régime. "A cotisation égale, protection égale", énonce Julia Cagé.
François Fillon prévoit, lui, d'intégrer une assurance chômage "spécifique" à l'actuel Régime social des indépendants (RSI), "sur une base volontaire", selon son entourage.
Marine Le Pen (FN) plaide, elle, pour un "bouclier social pour les indépendants", sans préciser s'il protégerait contre le chômage.
- Le paritarisme en sursis -
Seul Emmanuel Macron veut ouvertement "reprendre en main le pilotage du régime" d'indemnisation chômage, aujourd'hui entre les mains des partenaires sociaux. Deux options sont sur la table, selon Marc Ferracci : garder un régime paritaire, mais "en cadrant de manière beaucoup plus étroite les négociations" entre syndicats et patronat, ou "étatiser" l'Unedic.
Sous cette épée de Damoclès, les partenaires sociaux se sont accordés fin mars sur de nouvelles règles d'assurance chômage. L'accord doit permettre, en année de croisière, d'économiser 891 millions d'euros, en jouant sur les règles d'indemnisation des seniors et sur la formule de calcul des allocations, et de générer 270 millions d'euros de recettes nouvelles, grâce à une légère hausse des cotisations patronales.
Un simple "accord de gestion", alors que "Emmanuel Macron porte une réforme plus profonde" à laquelle "il n'y a aucune raison de renoncer", prévient Jean Pisani-Ferry, directeur du programme d'En Marche! Le candidat compte notamment imposer un système de bonus-malus, qui ferait varier le taux de cotisations patronales (4% aujourd'hui) selon le coût de chaque entreprise pour l'assurance chômage, pour favoriser l'emploi durable.
L'accord des partenaires sociaux "ne va pas assez loin" non plus pour le camp Fillon. Le candidat LR veut remettre les partenaires sociaux autour de la table dès "l'automne 2017" pour viser "le retour à l'équilibre" en 2022. A défaut, l'Etat reprendrait la main.
Benoît Hamon, lui, exclut de toucher au paritarisme, mais les syndicats et le patronat devraient quand même faire une place aux "représentants des indépendants" à la table des négociations.
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