Le Premier ministre s’est rendu pour la première fois de son mandat aux universités d’été du Medef, auxquelles il avait été convié à l’origine en tant que « Monsieur déconfinement » du gouvernement. Il a notamment détaillé les grands axes du plan de relance de 100 milliards d’euros, qui représente « quatre fois plus que [celui] de 2008, un tiers du budget de l’État ».
Par Hugo Lemonier
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1. Masque obligatoire en entreprise : des aménagements au cas par cas
« Je suis parfaitement conscient de la difficulté de mise en œuvre de cette mesure », a prévenu d’emblée le Premier ministre. Dès son annonce par la ministre du Travail, Élisabeth Borne, le gouvernement a été alerté par les entreprises des problèmes engendrés par le port du masque obligatoire.
« Nous avons donc saisi le Haut conseil de santé publique pour examiner la possibilité d’assouplissement, en fonction de la configuration des locaux, de la nature des activités… J’y ajouterai aussi, territoire par territoire, l’importance de la circulation virale », a détaillé Jean Castex.
Le Premier ministre a assuré qu’il y aurait « la place pour des solutions pragmatiques ». Les règles doivent encore être « clarifiées » et « seront prêtes pour le 1er septembre », a-t-il assuré aux chefs d’entreprise, qui exigeaient des « mesures claires » pour la rentrée.
2. Une baisse d’impôts de 10 milliards d'euros par an pour les entreprises
Le Premier ministre a fait de la « relance de la production nationale » le premier enjeu du plan de 100 milliards d’euros qui sera détaillé la semaine prochaine. En plus de ce plan, Jean Castex annonce « baisser, dès le 1er janvier prochain, les impôts de production à hauteur de 10 milliards d’euros par an » : « Ce sont ces impôts qui pèsent sur les facteurs de production […] indépendant de la profitabilité des entreprises. »
Les effets de cette baisse seront « neutralisés » pour les collectivités territoriales, qui bénéficiaient de cet impôt, essentiel à la constitution de leur budget.
Le Premier ministre, sans préciser la durée de cette baisse, ni évoquer de contreparties, se donne notamment pour objectif de « diviser par deux » la pression fiscale sur les locaux industriels : « On ne peut pas vouloir à la fois faire ou refaire de la France une nation industrielle, et maintenir une fiscalité objectivement et comparativement punitive pour notre industrie », a déclaré le Premier ministre.
3. Report… mais pas abandon de la réforme de l’assurance chômage
« Le contexte actuel d’augmentation du chômage rendait impossible son maintien tel quel », a observé Jean Castex. La réforme de l’assurance chômage sera reportée au 1er janvier 2021 : « Mais j’insiste ici pour dire que ce sera un report, parce que nous sommes des gens pragmatiques. Et non un abandon, car c’est une bonne réforme. »
Un million de personnes pourraient perdre leur emploi « dans les prochains mois », s’accompagnant d’une « avalanche de plans sociaux » : « Je ne le souhaite évidemment pas mais […] nous ferons tout pour que cela ne se produise pas », a promis le Premier ministre.
4. Formation et emploi des jeunes
Jean Castex a répété les annonces, faites lors d’un déplacement à Besançon, au sujet de l’embauche des jeunes et des apprentis. « Des mesures d’ores et déjà applicables », a-t-il insisté citant notamment la prime de 4 000 euros d’aide à l’embauche.
Le Premier ministre a réaffirmé la volonté de renforcer l’offre d’apprentissage dans les filières, notamment universitaires, qui n’y avaient pas recours jusqu’ici. « Avec une augmentation du nombre d’apprentis de 16 % l’année dernière, l’apprentissage […] est en passe de gagner la bataille de l’image », a estimé Jean Castex.
« Jamais, grâce au plan de relance, recruter un apprenti n’aura été aussi simple et aussi incitatif », a-t-il conclu. 200 000 formations supplémentaires seront d’ailleurs créées dans les « secteurs d’avenir comme la transition écologique et les métiers de la santé ».
5. Un suivi territorial du plan de relance
« La relance passera très largement par les territoires. » Le Premier ministre, qui doit encore présenter le plan gouvernemental la semaine prochaine, s’est engagé à mettre en place des « comités régionaux de suivi » pour veiller à la distribution des 100 milliards d’euros mis sur la table.
« Le plan pourra en effet être adapté localement pour que sa mise en œuvre gagne en efficacité. » À ces instances régionales s’ajoutera un comité national, présidé par Jean Castex, auxquels seront « associés » les partenaires sociaux.
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