Les clivages à géométrie variable de la présidentielle
Les divergences entre les candidats à la présidentielle sur l'immigration, les questions de société ou l'énergie obéissent à un classique...

Les clivages à géométrie variable de la présidentielle

Les divergences entre les candidats à la présidentielle sur l'immigration, les questions de société ou l'énergie obéissent à un classique...
Public Sénat

Par Vincent DROUIN

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Les divergences entre les candidats à la présidentielle sur l'immigration, les questions de société ou l'énergie obéissent à un classique clivage droite-gauche, mais il n'en est pas de même sur l'Europe et, fait nouveau, l'économie et le social.

- De droite à gauche -

Les trois candidats situés le plus à droite, Marine Le Pen, François Fillon et Nicolas Dupont-Aigan prônent une politique restrictive vis à vis de l'immigration, avec des mesures en matière de regroupement familial et des prestations sociales pour les immigrés, et en ce qui concerne l'octroi de la nationalité française.

A gauche, Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ne font pas de l'immigration ou de l'asile un thème dominant. Le premier propose un visa humanitaire pour les réfugiés, les deux accorderaient le droit de vote aux étrangers aux élections locales.

Une mesure qu'au centre, Emmanuel Macron ne reprend pas à son compte. Mais il se retrouve avec M. Hamon pour la "discrimination positive" à l'embauche des jeunes de banlieue.

A l'extrême gauche, Nathalie Arthaud et Philippe Poutou prônent la totale liberté de circulation des immigrés.

Même opposition droite-gauche face au mariage homosexuel: Mme Le Pen le remplacerait par une union civile, François Fillon réserverait l'adoption plénière aux couples hétérosexuels. Les deux cantonneraient la PMA (Procréation médicalement assistée) aux couples stériles. MM. Macron, Hamon, Mélenchon, Poutou l'ouvriraient au contraire à toutes les femmes.

Principales différences entre les programmes des favoris des sondages
Principales différences entre les programmes des favoris des sondages
AFP

De même, à l'inverse de la droite, MM. Hamon et Mélenchon autoriseraient l'aide à mourir, M. Macron souhaite simplement un débat sur ce sujet.

Sur le nucléaire, l'éventail des positions va de droite à gauche, avec quelques exceptions chez les petits candidats. Mme Le Pen, MM. Fillon et Dupont-Aignan sont pro-nucléaire, comme M. Cheminade et Mme Arthaud. M. Macron veut réduire l'importance de cette énergie. MM. Mélenchon, Hamon et Poutou veulent à terme l'abandonner, comme Jean Lassalle. François Asselineau organiserait un référendum.

- L'Europe, clivage transversal -

La question européenne bouscule les clivages traditionnels, depuis que le général de Gaulle et les communistes combattaient l'intégration européenne prônée par centristes et socialistes. Lors des référendums de 1992 (traité de Maastricht) et de 2005 (Constitution européenne), "oui" et "non" recrutaient aussi bien à gauche qu'à droite.

Il en est de même cette fois-ci. Placés sur toutes les cases de l'échiquier politique, Mme Le Pen, MM. Mélenchon, Dupont-Aignan, Poutou, Asselineau, Cheminade prônent la sortie de l'Union européenne, avec ou sans négociations préalables. Tous reprochent à Bruxelles d'avoir imposé l'austérité budgétaire même si, sur la fermeture des frontières aux personnes, les positions ne sont pas les mêmes.

Les autres candidats veulent transformer l'UE sans la quitter. M. Hamon demande une pause dans la rigueur budgétaire. Avec M. Macron, ils proposent un Parlement de la zone euro et des investissements massifs européens. M. Fillon renégocierait les accords de Schengen, pour contrôler davantage les frontières de l'UE.

- Social: le FN bouscule l'échiquier -

Traditionnellement, les questions économiques et sociales opposent droite et gauche. Mais la stratégie en direction des classes populaires de Mme Le Pen l'amène à se situer, sur ces sujets, nettement moins à droite que François Fillon, qui a choisi une ligne économique très libérale.

Ainsi, l'âge de la retraite serait progressivement relevé à 65 ans par M. Fillon, maintenu à 62 ans (moins dans certains cas) par MM. Hamon, Macron, Dupont-Aignan, Cheminade et Asselineau, rétabli à 60 ans par Mme Le Pen, M. Mélenchon, Mme Arthaud, M. Poutou.

M. Fillon abrogerait les 35 heures. M. Macron, Mme Le Pen, M. Dupont-Aignan les maintiendraient, avec modulations, dérogations et heures supplémentaires. MM. Hamon, Mélenchon, Poutou et Mme Arthaud veulent réduire le temps de travail.

L'ISF serait supprimé par M. Fillon, adouci par MM. Macron, Dupont-Aignan, Cheminade, maintenu par Mme Le Pen, fusionné avec la taxe foncière par M. Hamon, renforcé par M. Mélenchon.

M. Fillon supprimerait 500.000 postes de fonctionnaires et M. Macron 120.000 alors que M. Mélenchon en créerait 200.000. Mme Le Pen et M. Hamon promettent des créations d'emplois par secteurs (police pour les deux, éducation pour le candidat PS).

- Institutions: curseur mouvant -

Sur les institutions, le curseur des candidats est très mouvant. MM. Fillon et Macron ne souhaitent pas changer la Constitution. MM. Mélenchon et Hamon veulent une VIe République, avec moins de pouvoir au chef de l’État et plus de référendums d'initiative populaire. Des référendums promis aussi par Mme Le Pen et la plupart des autres candidats.

En matière électorale, M. Fillon est pratiquement le seul à ne pas évoquer la représentation proportionnelle.

Partager cet article

Dans la même thématique

Photo Cazeneuve
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015, le récit de Bernard Cazeneuve : « Très vite, on a conscience que nous sommes confrontés à une attaque de grande ampleur »

ENTRETIEN - Dix ans après les attentats de Paris et de Seine-Saint-Denis, qui ont coûté la vie à 130 personnes, l'ancien ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, revient auprès de Public Sénat sur cette nuit de terreur, et la gestion de crise aux côtés du Président de la République et du Premier ministre.

Le

Les clivages à géométrie variable de la présidentielle
3min

Politique

« Il n’y a aucune délinquance dans les écoles de musique », affirme le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus

Il est sans conteste le maestro français le plus célèbre de sa génération. A 92 ans, Jean-Claude Casadesus continue de remplir les plus belles salles du monde sans jamais renier son attachement à la région du Nord. Lui qui a créé puis dirigé l’orchestre national de Lille, s’est engagé toute sa vie pour rendre la musique classique accessible à tous. Invitée de Rebecca Fitoussi dans Un monde, Un regard, Il revient sur son immense carrière marquée par la passion et le partage.

Le

Paris: Senate pension debat
6min

Politique

Retraites : la gauche du Sénat désunie sur la suspension de la réforme

A partir du 19 novembre, le Sénat examinera en séance publique le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et sa mesure phare : la suspension de la réforme des retraites. Une concession du gouvernement faite au PS qui n’a aucune chance d’être adoptée à la haute assemblée à majorité de droite. Les socialistes ne devraient également ne pas être suivis par les communistes et écologistes sur le vote de cette mesure.

Le

Photo horizontale Hollande
11min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : « Je vois des victimes qui sortent du Bataclan, le regard hagard… », se remémore François Hollande

ENTRETIEN – Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l'ancien président de la République revient auprès de Public Sénat sur le déroulé des attaques terroristes de Seine-Saint-Denis et de Paris. Il détaille la gestion de la crise et les décisions prises cette nuit-là, mais analyse aussi l'évolution du pays face à cette épreuve.

Le