Les collaborateurs parlementaires s’apprêtent à subir un plan social record
Il n'y a pas que des députés sortants qui vont se retrouver sur le carreau dimanche soir: un nombre record de leurs...

Les collaborateurs parlementaires s’apprêtent à subir un plan social record

Il n'y a pas que des députés sortants qui vont se retrouver sur le carreau dimanche soir: un nombre record de leurs...
Public Sénat

Par Anne Pascale REBOUL

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Il n'y a pas que des députés sortants qui vont se retrouver sur le carreau dimanche soir: un nombre record de leurs collaborateurs vont être licenciés, même si quelques-uns espèrent être repris par des élus En Marche.

Ils se sont activés cette semaine à vider leur bureau à l'Assemblée ou la permanence en circonscription, avec parfois "de la hargne", confie une collaboratrice qui ne s'attendait pas à ce que son député PS, son employeur direct, morde la poussière dès le premier tour.

Être comme le député sur un siège éjectable, "c'est la règle du jeu", tous les collaborateurs le savent et leur CDI (90% d'entre eux) est trompeur. Mais la vague en vue est inédite.

"Ça va être une tuerie", redoute un collaborateur, des sanglots dans la voix. Les trois quarts des quelque 2.000 collaborateurs parlementaires risquent de se retrouver sans emploi, seuls un quart des députés sortants, au mieux, étant en position d'être réélus. Sans compter les collaborateurs des groupes parlementaires, qui vont disparaître ou voir leurs moyens réduits.

L'Assemblée elle-même n'avait pas prévu un renouvellement si ample, budgétant 27 millions d'euros pour prendre en charge un millier de licenciements.

Dès le 27 juin, démarrage officiel de la nouvelle législature, les collaborateurs des sortants n'auront plus de badge pour accéder au Palais-Bourbon. "Comment faire pour y distribuer mon CV?", s'interroge une autre, neuf ans de métier, dont l'élu LR est en mauvaise posture pour le second tour.

Pour trouver un autre type d'emploi, certains craignent d'être lestés de l'image ternie de leur métier actuel, après les affaires Fillon et Le Roux de possibles emplois fictifs de collaborateurs. Alors que la plupart, par "passion", n'ont pas compté leurs heures, pour 2.800 euros brut mensuels en moyenne.

- "Règles écrites et non écrites" -

"Le plan social est énorme, et pourtant aucun politique ne s'y intéresse!", s'exclame Gonzague de Chantérac (CFTC). "Des collaborateurs depuis 20 ans s'inquiètent enfin des conditions de licenciement", grince un représentant.

Une intersyndicale se mobilise depuis plusieurs mois pour que la procédure du licenciement économique soit appliquée, et non, comme il est d'usage, celle du licenciement pour motif personnel, moins protectrice (indemnisation moins longue et pas d'accompagnement).

"Le droit ne permet pas le licenciement économique, le Code du travail ne reconnaît pas le député comme une entreprise", assure Marie-Françoise Clergeau (PS), première questeure, chargée de la gestion de l'Assemblée. Des actions de collaborateurs aux prud'hommes se préparent.

Alors que le "Penelopegate" durant la campagne présidentielle a mis en lumière le manque de cadrage de leur activité, ils réclament aussi un véritable "statut" et espèrent que la future loi Bayrou de moralisation ne s'arrêtera pas à l'interdiction des emplois familiaux.

Pour l'heure, l'atmosphère oscille entre incertitudes, inquiétudes... et quelques espoirs. Certains ont pris une longueur d'avance dans leurs recherches lorsque leur député ne se représentait pas, d'autres sont pris de court.

Thierry Besnier, secrétaire général du SNCP-FO, conseille "un bilan de compétences". "Nous ne sommes pas qu'une profession, nous sommes des professionnels", plaide-t-il, vantant "le travail de management, de veille, la capacité de résistance au stress".

Pour ces personnes de 42 ans en moyenne, issues du vivier militant ou des filières de communication politique, les débouchés traditionnels en politique, à Paris comme dans les collectivités, semblent réduits. Ils peuvent s'orienter vers les relations publiques, le lobbying, les associations...

Il y a enfin ceux qui comptent mettre un pied dans la porte des futurs députés REM. "Je sais écrire les amendements, les discours, je connais les règles écrites et non écrites de l'Assemblée", souligne un collaborateur de droite assurant être "macro-compatible"... contrairement à son député actuel, auquel il a cependant toujours été loyal. "Suis-je grillé auprès d'En Marche?", s'interroge ce trentenaire.

Et un collègue de glisser: "Il serait judicieux que les députés fassent des binômes: quelqu'un d'expérience comme nous, et un +helper+ (bénévole) d'En Marche qu'il faut bien finir par salarier".

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