D’un côté Hugues Portelli, sénateur (LR) du Val-d’Oise, qui souhaite que François Fillon ne continue pas sa campagne, s’il est mis en examen :« Il peut toujours, il a le droit. Rien n’empêche juridiquement un candidat mis en examen, éventuellement de se présenter. Mais il est évident que le problème qui est posé cette fois-ci est un problème particulier. Il ne s’agit pas d’une éventuelle mise en examen pour des raisons qui tiendraient au fonctionnement du parti ou aux responsabilités du candidat dans le parti en question. Elles tiennent à son comportement personnel et portent donc sur son éthique personnelle. Et il est évident que dans ces conditions, il est très difficile de faire campagne en ayant une telle épée de Damoclès au dessus de la tête. C’est difficile pour lui. C’est difficile aussi pour le parti. Parce qu’il est quasiment impossible aujourd’hui de faire campagne dans des conditions normales comme on le voit tous les jours ».
Et d’ajouter : « En ne se retirant pas, il met le parti dans une position extrêmement difficile. Parce que comme il n’y a rien dans les statuts ni de la primaire, ni des Républicains prévus pour ce sujet, tout repose sur la conscience du candidat en question. Et donc c’est à lui de prendre ses responsabilités. Et je pense que ce serait bien qu’il les prenne ».
François Grosdidier : "Ce n’est pas encore les juges qui font une élection présidentielle en France"
Autre son de cloche pour François Grosdidier, sénateur (LR) de la Moselle qui soutient le candidat Fillon coûte que coûte et voit la main de Bercy derrière les révélations du Canard enchaîné sur l’affaire des emplois présumés fictifs touchant François Fillon : « Il n’y a que l’administration fiscale qui possède la totalité des éléments qui ont pu être transmis au Canard enchaîné. Autrement, il aurait fallu des années d’investigation (…) Tout ça est clair et évident. On n’est pas paranos mais pas complètement naïfs non plus ».
Quant à l’annonce du Parquet financier, jeudi 16 février, pour dire qu’il n’y aura pas de classement sans suite de l’affaire Fillon, le sénateur (LR) de la Moselle la balaie du revers de la main : « Il n’y a aucun évènement aujourd’hui. Dès lors que Bercy, c'est-à-dire le pouvoir, avait transmis au Canard Enchaîné la totalité du dossier fiscal de Fillon entre la primaire et l’élection présidentielle et que le Parquet financier s’était auto-saisi dans les trois heures de la publication, il était évident qu’allait se dérouler ce qu’il se déroule. Donc il n’y a rien de neuf sous le soleil ».
Et François Grosdidier va même plus loin : « Jusqu’à présent, ce n’est pas encore les juges qui font une élection présidentielle en France. Cela relève du candidat et cela relève du peuple. Les juges, même s’ils veulent interférer dans le déroulement d’une élection, cela ne s’est encore jamais produit dans notre pays (…) Je pense que [François Fillon] doit continuer dès lors qu’il n’est pas condamné ».
Et même si François Fillon avait annoncé, il y a une quinzaine de jours, qu’il se retirerait s’il était mis en examen, cela n’émeut pas François Grosdier : « Il s’est mal défendu au départ et a été assez maladroit de le dire (…) Je suis de ceux qui disent que la présomption d’innocence doit toujours prévaloir ».