« Les drones armés soulèvent un problème : nous ne savons plus mourir »
Invités de l’émission « On va plus loin », l’ancien ministre de la défense et sénateur  Gérard Longuet, François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’Iris et le général Dominique Trinquand, ont débattu de la pertinence de l’utilisation des drones armés par l’armée française.

« Les drones armés soulèvent un problème : nous ne savons plus mourir »

Invités de l’émission « On va plus loin », l’ancien ministre de la défense et sénateur  Gérard Longuet, François-Bernard Huyghe, directeur de recherche à l’Iris et le général Dominique Trinquand, ont débattu de la pertinence de l’utilisation des drones armés par l’armée française.
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Mardi dernier, Florence Parly, la ministre de la défense, a annoncé que la France allait se doter de drones armés. Les invités de Rebecca Fitoussi, sur le plateau d’ « On va plus loin » n’y voient rien à redire, estimant que cette dotation va dans le sens de ce qui se fait militairement aujourd’hui. Le général Trinquand, ancien chef de la mission militaire auprès des Nations Unies, souligne que « le drone a une permanence sur le théâtre [des opérations] que n’a pas l’avion. L’avion, il vient, il repart, il revient. Et d’avoir des avions en permanence, ça coûte extrêmement cher. Un drone vole pendant une très longue période, il identifie une cible, il l’accroche, et à ce moment-là, le tireur du drone peut la prendre en compte ».

Le militaire se réjouit également, que dans l’armée française, les pilotes de drone seront sur le terrain, contrairement à ce qui se fait dans l’armée américaine où « les pilotes sont à Miami et tirent en Afghanistan », faisant « les trois-huit » et « rejoignant leur famille le soir » : « Nous, nos pilotes de drone seront en opération…donc ils seront dans l’environnement complet, qui fait que dans leur tête, ils feront la guerre comme les autres ».

Les drones sont-ils la panacée ? Pas vraiment. Pour le directeur de recherche à l’Iris, François-Bernard Huyghe, l’essor de ces drones armés « soulève un problème » : « Nous ne savons plus mourir. Nous sommes en train d’entrer dans une logique, et on peut s’en féliciter d’un point de vue moral, où l’acceptabilité des pertes aux combats diminue. Et… où l’on traite de plus en plus la guerre comme un acte de surveillance, un acte quasiment policier de traque des criminels. »

Alors que le général Trinquand, est en complet désaccord avec cette idée : « On n’a pas peur de mourir plus », le sénateur Gérard Longuet, ancien ministre de la défense, a plutôt une analyse qui va dans le sens du chercheur : « La guerre, la mort et la société, c’est une sorte d’interaction. Nos sociétés ignorent la mort parce que la maladie a été vaincue dans nos sociétés occidentales. Et nous avons vu à vis de la mort, que l’on reçoit ou que l’on donne, une attitude extraordinairement équivoque. Or nous sommes confrontés à des adversaires qui n’ont pas nos technologies mais qui ont vis-à-vis de la mort…une attitude fondamentalement différente…Les combattants intègrent l’idée de mourir, ce qui n’est pas dans la culture des sociétés occidentales d’aujourd’hui ». Et d’ajouter, concernant la résistance des drones armés : « Les armes, c’est un système dialectique. Le drone aujourd’hui existe parce qu’il n’est pas combattu. Il s’attaque à des forces qui ne sont pas équipées pour le combattre. [Il] est parfaitement vulnérable et ce qui est à craindre c’est que le drone ne soit pas une arme absolue parce que tout simplement, il y aura une riposte au drone ».

Débat OVPL en intégral sur les questions de défense
27:31

Le débat d'OVPL en intégral

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