Les écologistes à la croisée des chemins

Les écologistes à la croisée des chemins

À plus d’un an des présidentielles, les appétits s’aiguisent déjà chez Europe Ecologie-Les Verts. Auréolé de sa victoire aux municipales, le parti se retrouve pris en tenaille par les deux chefs de file, Yannick Jadot et Eric Piolle, dont le duel n’enchante pas les élus, dont certains s'étaient retrouvés aux Journées d'été du parti, à Pantin.
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Par H. L. avec AFP

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Yannick Jadot ou Eric Piolle ? Tandis que les écologistes se réunissaient à l’occasion de leurs journées d’été pour élaborer un programme susceptible de fédérer les forces de gauche, les deux rivaux mettent en scène leurs divergences.

Après l’interview de Yannick Jadot, tentant d’imposer à son propre parti la nomination d’un candidat « avant janvier » 2021, c’est au tour d’Eric Piolle de faire entendre sa petite musique. Le maire de Grenoble est allé plaider pour un dialogue avec le parti de Jean-Luc Mélenchon, aux amphis d'été des Insoumis à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme).

Les deux hommes se sont entretenus en privé à l'arrivée de l'écologiste avant de traverser ensemble les stands de l'événement et de prendre la parole sur scène, devant les militants Insoumis.

Lune de miel entre Eric Piolle et Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon a salué en Eric Piolle un « ami » et « l'un des porte-parole les plus notoires » d'EELV, déclarant que « sa présence ici a une signification » : « Il faut aller à l'essentiel, certes discuter sur les désaccords mais aussi savourer ce sur quoi on est d'accord ».

« Je souhaite que ça pèse dans le débat à EELV, pour que nous nous voyions autrement que comme des concurrents », a ajouté le patron des députés Insoumis.

EELV a remporté plusieurs grandes villes aux élections municipales en juin, tandis que le poids de LFI, très discrète dans la campagne, a été faible. Jean-Luc Mélenchon a cependant envoyé plusieurs signaux, ces dernières semaines, sur une probable candidature à la présidentielle de 2022.

Un Yannick Jadot jugé trop libéral

Très applaudi à son arrivée, Eric Piolle, dont la majorité est composée d'Insoumis, a quant à lui rappelé : « Si nous avons gagné à Grenoble en 2014, c'est que nous avions la conviction que l'envie de faire ensemble dépassait tout. »

« Ce poids je veux aujourd'hui le mettre au service d'une ambition collective qui aille encore plus loin que ce que tu as fait en 2017 » (lorsque le leader Insoumis avait récolté 19,58 % des voix), a lancé l'édile grenoblois.

Celui-ci multiplie les apparitions médiatiques depuis quelques mois, apportant un contrepoids au sein d'EELV aux ambitions de l'eurodéputé Yannick Jadot, jugé trop libéral par LFI.

Eric Piolle a proposé qu'EELV et LFI « fassent la démonstration qu'ensemble on peut gagner » en s'alliant dans quatre régions pour les élections de 2021. « Piolle est la seule personne (à EELV) qui dit que c'est possible », s'est réjoui M. Mélenchon, qui veut cependant aller plus loin : « Il y a 13 régions, nous sommes pour que ce soit la même chose partout. »

« On a en partie gagner la bataille culturelle »

L’initiative fera-t-elle consensus au sein d’EELV ? « Il y a 98 % des propositions qui sont partagées par l’ensemble des organisations de gauche. C’est l’urgence écologique et sociale, estime le sénateur de l’Isère, Guillaume Gontard. Il n’y a pas à construire un parti hégémonique, il nous faut nous rassembler. »

Les écologistes espèrent que l’urgence climatique fera taire les divergences en matière de fiscalité, de rapport à l’État ou encore de construction européenne : « On a en partie gagné la bataille culturelle, affirme la maire de Poitiers, Léonore Moncond’huy. Nous ne gagnerons pas si nous ne faisons pas de la place aux personnes qui font du chemin vers l’écologie. »

Mais le parti reste tiraillé par les ambitions de Yannick Jadot, qui tente d’accélérer le calendrier : « L'écologie politique doit avoir sa candidature et lancer la construction de son projet avant le mois de janvier, pour prendre le temps de rassembler très largement », a-t-il affirmé.

« Je crois aujourd’hui que l’état d’esprit n’est pas à suivre quelqu’un mais à suivre les idées », rétorque la maire de Poitiers. « Yannick Jadot reflète une attente médiatique, qui veut nous enfermer dans une mise en scène de l’élection présidentielle sur la base d’un combat de personnes. »

Il faudra pourtant départager ces deux rivaux, piqués par le virus de la présidentielle. Yannick Jadot a d’ores et déjà écarté le principe d’une primaire, « une machine à diviser », estime-t-il.

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