Les enjeux écologiques, une présence discrète dans la campagne

Les enjeux écologiques, une présence discrète dans la campagne

Aucun des principaux candidats n'a fait l'impasse sur l'environnement dans son programme et les impacts sur la santé et la...
Public Sénat

Par Catherine HOURS, Céline SERRAT

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Publié le

Aucun des principaux candidats n'a fait l'impasse sur l'environnement dans son programme et les impacts sur la santé et la raréfaction des ressources sont des thèmes mieux connus, mais les enjeux écologiques ont du mal à s'imposer dans la campagne.

"On ne peut plus faire campagne sans parler d'écologie, c'est nouveau et des candidats en ont même fait l'un des axes importants de leur programme", analyse Gérauld Guibert, président de la Fabrique écologique, un centre de réflexion transpartisan.

Mais "soit des propositions très techniques sont dans un long catalogue et elles ne seront pas forcément mises en œuvre, soit ce sont des lignes directrices fortes mais qui manquent de propositions crédibles", tempère-t-il.

Exemples: inscrire dans la Constitution une +règle verte+ interdisant de prélever dans la nature plus que ce qu'elle peut donner, vouloir sortir du nucléaire à moyen terme sans dire ce qui sera fait dans les cinq ans à venir ou prôner un plan massif de rénovation thermique des bâtiments sans proposition sur le financement qui achoppe depuis des années.

"Chaque candidat a ses écologistes, cela donne de la visibilité au sujet mais on peut se demander quel poids auront ces personnalités si leur candidat est élu", s'interroge Lucile Schmid, vice-présidente de la Fondation de l'écologie politique.

Dans la campagne, "l'écologie a une place à géométrie variable en fonction des lieux et des moments, ce qui n'est pas le cas des questions socio-économiques", constate-t-elle.

Présent dans les programmes, l'environnement été absent du second débat télévisé et avait été abordé lors du premier essentiellement sous l'angle du nucléaire et du diesel.

- 'Utopie techniciste' -

Mais quid de l'impact financier de la pollution de l'eau, de l'utilisation massive des pesticides, de la présence de perturbateurs endocriniens dans de nombreux produits de consommation courante, de la protection des pollinisateurs et du vivant en général, de la disparition des terres agricoles, du potentiel d'emplois de la rénovation thermique des bâtiments ou de la pertinence de certains projets d'aménagement?

Ces sujets émergent parfois dans le débat public à la faveur d'une étude scientifique choc ou de débats parlementaires, comme avec la loi sur la transition énergétique.

Mais les spécialistes estiment que le travail à accomplir pour intégrer les enjeux écologiques dans les politiques publiques et au sein des entreprises est encore énorme.

A un débat organisé à Sciences-Po cette semaine, Denis Couvet, professeur au Muséum national d'histoire naturelle, a affirmé: "défendre une vision écologique du monde, c'est une tache gigantesque car il faut revisiter des idées implicites majoritaires dans l'opinion". A savoir que "plus de science, plus de technologie, plus d'éducation vont résoudre les problèmes écologiques".

Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la biodiversité, a également évoqué lors de cette rencontre "l'utopie techniciste": "on croit encore trop que quelque soient nos besoins et nos erreurs, il y aura une solution technique".

La vétérinaire de formation trouve pourtant que "ça évolue dans la sphère politique et dans la société civile grâce à la circulation de l'information et la production de connaissances".

L'avocat spécialisé Arnaud Gossement estime aussi qu'il y un intérêt croissant dans l'opinion: "l'écologie, c'est l'alimentation, la santé, les transports, des sujets du quotidien". En plus, insiste-t-il, "on peut créer des emplois non délocalisables en verdissant les secteurs" comme l'énergie, l'agro-écologie, le bâtiment.

Pour Sandrine Bélier, directrice de l'association Humanité & Biodiversité, "il y a encore un gros travail de sensibilisation à faire car il y a une déconnexion entre le quotidien et le vivant: les gens ne font pas le lien avec le capital naturel et le contenu de leur assiette, la source de leur chauffage, leurs vêtements, les médicaments".

Les élus non plus, pense Laurence Tubiana, ex-négociatrice pour la France lors de la COP21. "Les politiques ont du mal à comprendre les enjeux liés aux écosystèmes", explique la présidente de la Fondation européenne pour le climat. "La mobilisation sur le climat est venue de la perception aiguë du risque, mais pour la biodiversité, cette perception n'est pas là", poursuit-elle, même si "pour l'agriculture, on est en train d'y arriver".

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