Les enquêtes visant Mélenchon et la France insoumise confiées à des juges d’instruction
Des juges d'instruction vont poursuivre les enquêtes sur les comptes de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon et...

Les enquêtes visant Mélenchon et la France insoumise confiées à des juges d’instruction

Des juges d'instruction vont poursuivre les enquêtes sur les comptes de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon et...
Public Sénat

Par Mehdi CHERIFIA

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Des juges d'instruction vont poursuivre les enquêtes sur les comptes de la campagne présidentielle 2017 de Jean-Luc Mélenchon et sur les conditions d'emploi d'assistants d'eurodéputés de la France insoumise, au coeur d'un bras de fer entre LFI et le parquet de Paris.

Jusqu'ici, les deux enquêtes préliminaires, ouvertes à la suite de signalements, étaient menées sous l'égide du parquet. Mais, après des perquisitions houleuses réalisées mi-octobre au siège de LFI, chez M. Mélenchon et au domicile de collaborateurs parlementaires, la tension était montée de plusieurs crans.

Le leader du mouvement d'extrême gauche avait mis en cause le manque d'indépendance du parquet et dénoncé une "manoeuvre" du président de la République Emmanuel Macron. Ses avocats lui avaient emboîté le pas en réclamant la saisine de juges d'instruction, statutairement indépendants.

Vendredi, le parquet a ouvert deux informations judiciaires distinctes contre X, expliquant sa décision "au vu des éléments d'ores et déjà rassemblés et de la complexité des investigations qui restent à réaliser".

La première, relative au financement de la campagne, l'a principalement été pour "escroquerie et tentatives d'escroquerie au préjudice d'une personne publique ou d'un organisme chargé d'une mission de service public", "abus de confiance", "tenue non conforme par un candidat de son compte de campagne" et "opération illicite de prêt de main-d'oeuvre".

La seconde, qui concerne les assistants parlementaires, a été ouverte notamment pour "détournements de fonds publics" et "blanchiment de détournements de fonds publics".

- "Griffes de l'arbitraire" -

"Enfin, nous revenons à la normale judiciaire. Un juge d'instruction est désigné. Nous sortons des griffes de l'arbitraire", s'est réjoui le chef de file des Insoumis sur Twitter, peu après l'annonce du parquet.

Le dossier du financement de la présidentielle de 2017, où M. Mélenchon avait fini en quatrième position, avait démarré avec un signalement le 16 mars de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP).

La CNCCFP, qui a validé fin 2017 les comptes des onze candidats malgré certaines dépenses retranchées --434.939 euros sur 10,7 millions d'euros déclarés concernant M. Mélenchon-- avait justifié son signalement par des "interrogations", notamment sur les dépenses facturées par la société de conseil Mediascop, dirigée par Sophia Chikirou, une proche de Jean-Luc Mélenchon, et par l'association L'Ere du peuple.

Cette dernière avait d'ailleurs été visée le 8 août par un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier rattachée à Bercy, au procureur de la République de Paris.

La commission des comptes de campagne avait constaté que L'Ere du peuple, association sans activité commerciale déclarée, avait facturé à la campagne 440.027 euros correspondant à des locations de salles, de matériels informatiques et audiovisuels, et à des prestations de quatre de ses salariés, dont trois étaient également membres de l'équipe de campagne.

Quant à l'affaire des assistants d'eurodéputés, c'est une dénonciation d'une députée européenne -alors membre du Front national-, Sophie Montel, qui en est à l'origine.

Les investigations sur ces deux fronts, confiées jusqu'ici à l'Office de lutte contre la corruption financière (Oclciff), ont notamment donné lieu à 21 auditions. En outre, des perquisitions, autorisées par un juge des libertés et de la détention, ont été menées sur 15 sites le 16 octobre. C'est Jean-Luc Mélenchon lui-même qui avait révélé être visé par une perquisition, en la filmant pour la diffuser en direct sur Facebook.

Un peu plus tard, au siège de LFI dans le Xe arrondissement de Paris, le leader des Insoumis et des proches avaient pris à partie le représentant du parquet et les policiers.

Une autre enquête, pour "menaces ou actes d'intimidation contre l'autorité judiciaire" et "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique", avait dans la foulée été ouverte par le parquet de Paris et transférée à Bobigny.

En parallèle, le parti avait affirmé que quatre de ses sympathisants avaient porté plainte pour des violences des forces de l'ordre durant ces perquisitions.

Partager cet article

Dans la même thématique

Les enquêtes visant Mélenchon et la France insoumise confiées à des juges d’instruction
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

Les enquêtes visant Mélenchon et la France insoumise confiées à des juges d’instruction
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le