Les États-Unis ferment leurs frontières : « le coup politique » de Trump

Les États-Unis ferment leurs frontières : « le coup politique » de Trump

En annonçant la suspension de « tous les voyages en provenance d’Europe vers les États-Unis » pour une durée de 30 jours, Donald Trump porte un rude coup à l’économie mondiale. « Une décision unilatérale » désapprouvée par l’ensemble des responsables politiques.
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Changement de ton de l’autre côté de l’Atlantique. Le week-end dernier, le président des États-Unis affirmait encore que le virus du coronavirus n’était pas « pas si grave que ça ». Joignant le geste à la parole, Donald Trump avait multiplié les rencontres avec les donateurs pour sa campagne, serrant même les mains de ses partisans venus l’accueillir à l’aéroport d’Orlando.

Mercredi soir, depuis le bureau ovale, dans une allocution solennelle, le président américain a pris le monde entier de court en annonçant « des actions fortes mais nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de tous les Américains ». Et « pour empêcher de nouveaux cas de pénétrer » aux États-Unis, Donald Trump suspend à partir de vendredi soir et pour une durée de 30 jours « tous les voyages en provenance d’Europe vers les États-Unis ». Une mesure qui ne concernera pas les vols en provenance du Royaume-Uni a-t-il précisé.

Pour Donald Trump, « le coronavirus arrive à point nommé »

« Le coronavirus est une crise mondiale, qui n'est pas limitée à un continent et qui requiert de la coopération plutôt qu'une action unilatérale » ont désapprouvé dans un communiqué commun, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission Européenne et Charles Michel, président du Conseil européen.

« Ce n’est pas vraiment une surprise de la part de Donald Trump. Il cherchait un évènement pour pouvoir mettre l’Europe en difficulté. Le coronavirus arrive à point nommé. Ne nous y trompons pas, il s’agit d’un coup politique. Sa distinction entre l’Europe des 27 et le Royaume-Uni, le prouve » observe Jean Bizet, président LR de la commission des affaires européennes du Sénat.

Parmi les responsables politiques français, les déclarations de désapprobation ne se sont pas fait attendre. « Je ne crois pas beaucoup aux barrières des douaniers, c'est peut-être des souvenirs épidémiologiques d'il y a bien longtemps du vétérinaire que je suis » a réagi le président du Sénat, Gérard Larcher, sur Europe 1. « La décision du président américain est totalement politique, il en fait un virus étranger » a estimé sur France-info, l’eurodéputé Français, Yannick Jadot.

Une décision saluée par le RN

Il faut chercher du côté du Rassemblement National, pour trouver un soutien au président américain. « Il sanctionne l'UE qui n'a pas de frontière. Moi je crois que c'est une bonne décision, évidemment » a salué l’eurodéputé RN, Jean-Lin Lacapelle sur Public Sénat.

Donald Trump qui qualifiait, il y a encore quelques jours de « fake news », l’impact de l’épidémie sur les bourses mondiales, a, paradoxalement, participé à une nouvelle dégringolade du marché en annonçant que cette restriction concernerait aussi les échanges commerciaux. Une annonce qu’il a dû lui-même démentir sur Twitter, sans convaincre les acteurs du marché. Les échanges ont été suspendus à la Bourse de New York peu après l'ouverture, après la chute de 7% du S&P 500 en pleine panique autour de la pandémie de coronavirus. « Si Donald Trump est en position favorable pour sa réélection, c’est parce que les marchés se sont bien tenus pendant la durée de son mandat. Attendons de voir l’impact que pourra avoir de sa décision sur le marché américain et par voie de conséquence sur ses partisans » relève Jean Bizet.

Le gouvernement au chevet des compagnies aériennes

En France, ce sont bien sûr les voyagistes qui vont subirent de plein fouet la décision de Donald Trump. « C'est la pire des nouvelles pour les compagnies aériennes, et c'est la pire des dispositions pour nous » a déclaré à l'AFP René-Marc Chikli, président du Seto, la fédération des tour-opérateurs qui regroupe l'essentiel de la profession. 100.000 personnes pourraient être privées de voyage outre-Atlantique. « On peut penser que la décision de Donald Trump est la réponse du berger à la bergère dans la guerre commerciale qui oppose Boeing à Airbus. Il reste un homme d’affaires malicieux pour qui tous les coups sont permis » fait remarquer Jean Bizet.

« C’est une décision unilatérale et violente dont les compagnies aériennes subiront les conséquences les plus importantes et immédiates, déjà touchées après l’effondrement du trafic aérien entre l’Europe et la Chine » complète Sophie Primas, présidente LR de la commission des affaires économiques du Sénat.

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a reçu le directeur général d'Air France, Benjamin Smith. Il faut « nous assurer qu'air France passe ce moment difficile (...) dans les meilleures conditions possibles » a-t-il assuré.

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