capture arbre
Extrait du documentaire « Le village qui voulait replanter des arbres » de Brigitte Chevet

Les « films de l’été » 6/8 : 50 ans après le remembrement, histoire d’une catastrophe écologique

Dans le sud de l'Ille-et-Vilaine, sur le territoire de la Roche aux fées, Léa Legentilhomme exerce un métier peu commun. Pour lutter contre la pollution de l'eau, elle replante des arbres et des haies qui ont été massivement arrachés il y a 50 ans, lors du remembrement, où 360 kilomètres de haies avaient été supprimés rien que sur la commune. Dans « Le village qui voulait replanter des arbres » diffusé cet été sur Public Sénat - et lauréat d'un label d'or du Film d'utilité publique - Brigitte Chevet raconte la nécessité actuelle de replanter, et les difficultés auxquelles Léa se confronte.
Rédaction Public Sénat

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Au lendemain de la guerre, il faut nourrir le pays, et pour produire plus il faut remembrer les parcelles. Les champs doivent être plus grands, les chemins plus larges pour laisser passer les machines. Avec son film Le village qui voulait replanter des arbres, Brigitte Chevet nous alerte sur l’ampleur du remembrement après-guerre et ses conséquences aujourd’hui. Décidé pour favoriser l’agriculture moderne, intensive et mécanisée, il a radicalement transformé la campagne française : trois arbres sur quatre ont été abattus, ainsi que 1,5 millions de haies ce qui équivaut à 37 tours de la terre.

Arracher les arbres, c’est appauvrir les sols

La commune de Léa Legentilhomme n’a pas été épargnée par le remembrement. En quarante ans, le nombre de ferme y a été divisé par dix. Pourtant, à l’époque déjà, certains alertaient déjà sur les conséquences néfastes d’un tel changement, comme cette agricultrice que l’on découvre dans les images d’archives du film et qui affirmait avant l’heure qu’« il y a énormément d’inconvénients : pour les abris, pour les bêtes, pour les oiseaux… il y aura beaucoup d’insectes dans les cultures, il faudra utiliser des insecticides, ce qui entrainera la pollution ».

Aujourd’hui Léa Legentilhomme est donc confrontée à un défi de taille. Désormais il faut replanter des arbres si on veut garder un sol vivant, et des eaux de bonnes qualités. Car si le remembrement a mis en péril la biodiversité, il a aussi dégradé la qualité de l’eau. Sans les haies les phosphores et les nitrates utilisés dans les cultures atteignent les rivières et les polluent durablement

Planter des arbres un investissement aux retombées futures

Mais la technicienne bocage, c’est le nom de son métier, se heurte aux réticences de certains agriculteurs, car planter sur des terres cultivables coûte et représente un manque à gagner. Comment leur faire accepter un projet dont ils ne verront les retombées positives que dans trente ans ? Un agriculteur témoigne : « Je le fais parce qu’il faut le faire ». Un autre refuse : « Je n’ai pas spécialement envie d’entretenir, il faut trouver de la main d’œuvre pour faire le travail, le bois c’est un travail à part entière, à la base on est là pour s’occuper de nos animaux et de nos cultures… et si après on n’a pas de débouchés, pour quoi faire ? ».

Les efforts de Léa rencontrent tout de même un certain succès dans la commune de Martigné-Ferchaud. De plus en plus d’agriculteurs ont compris qu’ils étaient face à un impératif et plantent d’eux-mêmes des arbres et des haies. Cependant, le chemin est encore long, 20.000 kilomètres de haies continuent de disparaitre chaque année en France.

Écrit par Sacha Ferrand.

Retrouvez le documentaire Le village qui voulait replanter des arbres de Brigitte Chevet mercredi 20 aout 12h30 puis en replay sur notre site internet ici.

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